Analyse une vie de maupassant
Intérêt de l’action
Ce premier roman de Maupassant fut celui dont la maturation et la genèse furent les plus longues. Vraisemblablement entreprise au printemps 1878, la rédaction initiale prévoyait une intrigue plus complexe, des personnages plus nombreux. Mais il se rendit très vite compte de la difficulté à « mettre en place quelque chose » et à ménager « les transitions ». Peut-être était-il aussi gêné par le sujet qui touchait à de douloureux souvenirs d’enfance, le destin de Jeanne de Lamare étant similaire à celui de sa propre mère. Il ne pouvait du premier coup prendre le recul sans quoi il n’est pas de bonne création romanesque.
Aussi, après une phase d’abandon du projet (fin 1878-début 1881), concentra-t-il plus rigoureusement l’action autour du seul personnage de Jeanne, évinçant tout ce qui pouvait nuire à l’unité de son roman. À partir du printemps de 1881, la rédaction se fit en parallèle avec celles de nouvelles qu’il essaimait dans les journaux et dont les sujets, voire la forme même, apparaissent comme des « brouillons » de chapitres d’’’Une vie’’ : ‘’Par un soir de printemps’’ (7 mai 1881 dans ‘’Le Gaulois’’, repris dans ‘’Le père Milon’’, 1899) évoque la promenade de Jeanne et de Julien au chapitre 4 ; ‘’Histoire corse’’, (1er décembre 1881 dans ‘’Le Gaulois’’) contracte le récit de Paoli Palabretti au chapitre 5 ; ‘’Le saut du berger’’ (9 mars 1882 dans ‘’Gil Blas’’, repris dans ‘’Le père Milon’’) présente « un jeune prêtre austère et violent », véritable préfiguration de l’abbé Tolbiac, qui accomplit à la fois le meurtre des amants confié au comte de Fourville et le massacre de la chienne en gésine par l’ecclésiastique dans le roman (chapitre 10) ; ‘’Vieux objets’’ (29 mars 1882 dans ‘’Gil Blas’’) apparaît comme une esquisse de la rêverie de Jeanne au chapitre 12, de même que ‘’La veillée’’ (7 juin 1882 dans ‘’Gil Blas’’, repris dans ‘’Le père Milon’’) annonce celle du chapitre 10. Des nouvelles au roman (ou vice versa) l’échange