Les amines - Cours de chimie organique - G�rard Dupuis

Cours de chimie Organique - G. Dupuis - Lyc�e Faidherbe de Lille



Amines et compos�s apparent�s


Introduction

Classe
Les amines sont des composés azotés qui dérivent formellement de l'ammoniac NH3 par remplacement d'un ou plusieurs atomes d'hydrogène par des groupes carbonés. Le nombre n des atomes d�hydrogène li�s � l'azote, définit la classe de l�amine. Leur d�couverte est due au chimiste allemand Wurtz en 1849.

n

2

1

0

Classe

primaire

secondaire

tertiaire

On notera la diff�rence entre la d�finition de la classe des amines et celle des alcools pour lesquels on s�intéresse aux atomes d�hydrogène liés à l�atome de carbone fonctionnel. La fonction amine recouvre un ensemble très �tendu de compos�s. On distingue plusieurs séries :

pyridine

pip�ridine

Amines acycliques
Les amines acycliques forment des s�rie homologues appartenant aux trois classes. Les amines et des diamines simples qui sont assez volatiles possèdent une odeur souvent naus�abonde. Celle de la trim�thylamine rappelle le poisson pourri. La pentane-1,5-diamine qui se forme lors de la d�composition des prot�ines s'appelle vulgairement cadavérine.

Bases puriques et pyrimidiques
Les bases pyrimidiques et puriques, d�riv�es respectivement de la pyrimidine (I), de la purine (II), sont des constituants des acides nucl�iques. L'ad�nine (III), intervient dans la structure de l'
ATP.

La structure en double h�lice de l'ADN (h�lice de type B ci-dessous) est assur�e gr�ce � l'appariement de paires de bases par l'interm�diaire de liaisons hydrog�ne. Ad�nine-thymine d'une part guanine-cytosine d'autre part. Le sch�ma ci-dessous repr�sente l'appariement de "type Watson et Crick." La tautom�rie c�to-�nolique (thymine) ou la tautom�rie imine-�namine (ad�nine), jouent un r�le important. En effet, selon les tautom�res, les bases peuvent former des liaisons H diff�rentes.

James Watson, Francis Crick ont propos� la structure en double h�lice de l'ADN dans un c�l�bre article de la revue Nature en 1953 [47]. Leur argumentation s'appuyait notamment sur les travaux de diffraction aux rayons X de Maurice H. F. Wilkins et Rosalind Elsie Franklin (King's College , Londres.) [39]. Watson, Crick et Wilkins ont obtenu le prix Nobel de physiologie et m�decine en 1962. [30]. Compl�ments sur les propri�t�s physico-chimiques de l'ADN [22]. (photographie G. D. 2011.)

Alcalo�des
Les mol�cules h�t�rocycliques, azot�es, d'origine naturelle s'appellent alcalo�des en raison de leurs propri�t�s basiques. Ils poss�dent g�n�ralement une activit� biologique marqu�e. Donnons quelques exemples d'alcalo�des.

Coniine

La coniine est la 2-propylpip�ridine. A. Ladenburg a s�par� les deux �nantiom�res en 1886. La (S)-(-)-coniine est l'un des alcalo�des de Cicuta naculata une ombellif�re plus connue sous le nom de cig�e. On la trouve dans la nature le long des chemins. Ce poison �tait utilis� par les grecs pour ex�cuter les condamn�s � mort. C'est apr�s avoir absorb� une solution de cig�e que le philosophe Socrate, mourut en - 399 [17].

Quelques amines importantes industriellement

M�thylamine

M�thylamine

La m�thylamine est pr�par�e par alkylation de l'ammoniac.

La m�thylamine est utilis�e comme solvant et comme mati�re premi�re dans la synth�se de colorants et d'insecticides.

Ethylamine

Ethylamine

L'�thylamine est pr�par�e industriellement par amination r�ductive de l'�thanal.

On l'utilise comme solvant dans l'industrie du p�trole et en synth�se organique.

.

Aniline

Aniline

C'est l'amine aromatique la plus importante. On l'obtient par r�duction du nitrobenz�ne [6] par un m�tal en milieu acide.

C'est un produit de base de l'industrie des colorants.

Nomenclature
La m�thode qui consiste � consid�rer une amine comme un d�riv� substitu� du nitrure d'hydrog�ne correspondant, appel� azane (l'ammoniac NH3 est l'azane le plus simple), n'est presque jamais employ�e [40].

Nomenclature radico-fonctionnelle

On ajoute la terminaison amine au nom du groupe lié à l'atome d'azote. L'atome de carbone lié à l'azote porte le numéro 1.

propylamine

3-méthyl-1-butylamine

3-méthyl-1-phénylamine

  • Amines secondaires et tertiaires

On distingue les molécules symétriques et celles qui ne le sont pas. Les composés symétriques sont nommés en faisant précéder le nom du groupe par un préfixe di, tri etc.

diéthylamine

diphénylamine

Les composés non symétriques sont nommés comme des amines primaires substituées sur l'atome d'azote. Le groupe le plus long ou le plus complexe est choisi pour constituer le nom de l'amine primaire. Les autres, précédés de la lettre N, sont énoncés dans l'ordre alphabétique.

N-méthyl-2-méthylpropylamine

N, N-diméthylphénylamine

  • Amines hétérocycliques

La présence de l'atome d'azote est indiquée par le préfixe aza.

azacyclohexane

1-azacyclopenta-2,4-diène

Beaucoup d'amines, notamment les amines hétérocycliques possèdent des noms usuels consacrés par l'usage : la phénylamine est appel�e couramment aniline. Le 1-aza-cyclopenta-2,4-diène est appel� pyrrole.

Nomenclature substitutive

On ajoute la terminaison amine au nom de l'alcane apr�s avoir supprim� la lettre e.

hexan-3-amine

hexane-1,6-diamine

Lorsqu'il n'est pas prioritaire, le groupement NH2 est désigné par amino.

3-aminopentan-2-ol

acide 2-aminopropanoïque

La pyridine et le pyrrole sont des amines h�t�rocycliques aromatiques cit�es dans le chapitre sur les compos�s aromatiques.

Propriétés physiques

Température de changement d'état
Les propriétés physiques sont influencées par l'existence de liaisons hydrogène qui poss�dent toutefois une intensit� moindre que chez les alcools de masse molaire comparable car l'atome d'azote est moins �lectron�gatif que l'atome d'oxyg�ne. Les amines de faible masse molaire sont miscibles à l'eau.

Composé

M (g.mol-1)

TE (�C)

m (D)

(20 �C, 1 bar)

CH3CH2OH

46

78,5

1,71

liq

CH3CH2NH2

45

16,6

1,29

gaz

Structure

L'atome d'azote est au sommet d'une pyramide y compris dans l'aniline ce qui est conforme aux pr�visions de la m�thode VSEPR. L'angle a entre les liaisons est tel que a < 109� du fait de la présence du doublet non liant.

Dans la plupart des cas, la structure n'est pas rigide. La barrière énergétique séparant les configurations est généralement faible et la fréquence d'interconversion est très élevée.

Les valeurs suivantes sont approximatives :

E (kJ.mol-1)

n (MHz)

30

103

La hauteur de la barri�re d'interconversion peut �tre d�termin�e en utilisant la spectroscopie de RMN lorsque la mol�cule poss�de des atomes d'hydrog�ne diast�r�otopiques qui s'interconvertissent lors du ph�nom�ne d'inversion comme dans la dibenzylm�thylamine.

L'inversion de l'azote peut être impossible pour des raisons structurales. Lorsque la mol�cule est chirale, les deux �nantiom�res peuvent �tre s�par�s. Le premier exemple de ce type concerne la base de Tröger. Le m�lange rac�mique des deux �nantiom�res a �t� d�doubl� par Prelog et Williams en 1944. Dans cette mol�cule, la pr�sence d'un syst�me bicyclique interdit la rac�misation.
L'inversion peut quelquefois �tre assez lente pour que les deux énantiomères puissent �tre identifi�s, voire pi�g�s, � condition d'op�rer � une temp�rature suffisamment basse. On rencontre ce type de situation dans la famille des aziridines substitu�es � l'azote.

Les ions ammonium quaternaires peuvent �tre obtenus � partir des amines gr�ce � la r�action d'alkylation d'Hofmann. Les �nantiom�res peuvent �tre s�par�s et isol�s.

Il en est de m�me pour les oxydes d'amines chiraux.

En revanche, les sels d'amines tertiaires sont ind�doublables en raison de l'existence d'un �quilibre rapide entre l'amine et l'ion aminium.

  • Amines aromatiques
Le cas des amines aromatiques est plus complexe car des effets st�riques et �lectroniques coexistent. L'atome d'azote de l'aniline est au sommet d'une pyramide très aplatie. Le doublet non liant de l'atome d'azote de l'aniline est engag� dans la r�sonance avec le cycle aromatique comme en t�moigne le sens du moment dipolaire qui est dirigé du cycle vers l'atome d'azote et la valeur de l'�nergie de r�sonance de la mol�cule.

ER (kJ.mol-1)

m (D)

172

1,56

On peut rendre compte de la structure �lectronique de l'aniline à partir des formes m�som�res suivantes :

Spectroscopie

Spectroscopie infrarouge
La spectroscopie infrarouge constitue une m�thode de choix pour l'identification des structures azot�es. Les amines primaires et secondaires peuvent en g�n�ral �tre distingu�es car elles poss�dent des spectres assez caract�ristiques.

s (cm-1)

3500 - 3400

1650 - 1550

1350 - 1250

Vibration

�longation N-H (doublet)

d�formation N-H

�longation C-N

Rappelons que chez les alcools la vibration d'�longation de la liaison O-H est :
s (O-H) = 3600 cm
-1.
La fr�quence d'absorption de la liaison C-N de l'aniline appara�t vers s (C-N) = 1300 cm
-1 ce qui traduit un renforcement de la liaison d� � la participation � la r�sonance du doublet de l'azote.
On observe un doublet chez les amines primaires qui est dû au couplage entre les deux vibrateurs N-H. Les vibrations peuvent �tre sym�triques ou non sym�triques.

s (cm-1)

3400-3300

1600-1490

1350-1250

Vibration

�longation N-H (simple)

d�formation N-H

�longation C-N

On donne ci-dessous deux exemples de spectres.

Exemple 1 : spectre IR de la cyclohexylamine

Exemple 2 : spectre IR de la N-m�thylaniline

Spectroscopie de RMN
Voici un tableau pr�sentant les d�placements chimiques les plus importants du proton li� � l'azote. On a fait figurer les amides dans le tableau � titre de comparaison.

d (ppm)

0 - 2

2 - 5

5 - 9

Compos�

amines non aromatiques

amines aromatiques

amides

Comme chez les alcools, le proton li� � l'azote est mobile. L'ajout de quelques gouttes d'eau lourde entra�ne le d�placement du pic correspondant.
Un moyen d'identifier les protons li�s � l'azote consiste � enregistrer le spectre dans un solvant inerte puis en pr�sence d'acide trifluoroac�tique qui protone l'amine. Le pic du proton li� � l'azote poss�de un d�placement chimique plus grand dans le cation que dans l'amine.

Le spectre de RMN de l'isobutylamine est donn� ci-dessous � titre d'exemple. Les protons li�s � l'azote donnent un signal large pour un d�placement chimique moyen d = 1,2 ppm (ce d�placement chimique est sujet � variations et il d�pend beaucoup des conditions exp�rimentales car les protons li�s � l'azote sont mobiles.) Le signal large est d� aux associations entre les mol�cules d'amines qui entra�nent une multiplication du nombre de fr�quences pour lesquelles les protons du groupe amino r�sonnent. Notons que le couplage entre les protons du groupe amino et les protons du m�thyl�ne adjacent n'appara�t pas dans le spectre. Cela est d� au ph�nom�ne d'�change chimique.

Le spectre RMN de l'aniline pr�sente un singulet pour d = 3,2 ppm d� aux atomes d'hydrog�ne du groupe amino et un massif complexe centr� sur d = 6,5 ppm correspondant aux atomes d'hydrog�ne du cycle.

Spectroscopie dans l'ultraviolet et le visible
La spectroscopie dans l'ultraviolet et le visible est surtout utile pour les amines aromatiques. Le spectre ci-dessous est celui de l'aniline.

Il est int�ressant de comparer les spectres du benz�ne de l'aniline et de l'ion anilinium. Le tableau ci-dessous r�sume les valeurs des maximums d'absorption.

Composé

bande E

bande B

benz�ne

203 nm (e = 7400)

254 nm (e = 204)

aniline

235 nm (e = 8600)

285 nm (e = 1430)

ion anilinium

203 nm (e = 7500)

254 nm (e = 169)

Le groupe -NH2 d�place le maximum d'absorption des bandes B et E du cycle aromatique vers les grandes longueurs d'onde (effet bathochrome) tandis que leur intensit� est accrue (effet hyperchrome). Ces effets peuvent �tre attribu�s � la conjugaison entre le doublet de l'azote et le cycle. En revanche, l'ion anilinium dans lequel la r�sonance a disparu, poss�de un spectre tr�s comparable � celui du benz�ne.
Lorsque la conjugaison s'�tend sur un plus grand nombre d'atomes comme dans les compos�s diazo�ques, la longueur d'onde du maximum d'absorption peut se trouver dans le domaine visible. Le compos� est color�. L'h�lianthine est un compos� dont la couleur d�pend de l'extension du syst�me conjugu� avec le pH.

Propriétés acido-basiques

Basicit�
Elle est due au doublet non liant porté par l'atome d'azote. La plupart des amines manifestent des propriétés basiques en solution aqueuse. La r�action pr�pond�rante avec l'eau peu s'�crire :

Ainsi qu'on le constate sur le tableau ci-dessous, les valeurs num�riques de la constante d'acidit� Ka pour le couple ion aminium/amine varient beaucoup d'un couple � l'autre.

Composé

PhNH2

PyH

NH3

Me3N

MeNH2

Me2NH

pKa

4,6

5,6

9,2

9,8

10,6

10,7

Exp�rimentalement, en solution aqueuse, on constate que les amines acycliques sont plus basiques que l'ammoniac. Plus pr�cis�ment, on observe l'ordre suivant des basicités :

secondaires > primaires > tertiaires

Cet ordre n'est pas facile à rationaliser car les �carts observ�s ont une faible amplitude. Plusieurs effets poss�dant le même ordre de grandeur se superposent : électroniques, stériques, et surtout solvatation.

En s�rie cyclique, la situation est plus compliqu�e. Ainsi, l'aniline est 100 000 fois moins basique que la cyclohexylamine : pKa (CyNH3+/CyNH2) = 9,6 ; pKa (PhNH3+/PhNH2) = 4,6. On interprète habituellement ce r�sultat par le fait que le doublet non liant de l'aniline est moins disponible dans cette amine aromatique que dans la cyclohexylamine du fait de la délocalisation électronique dans le premier cas. Cependant, cet effet n'est pas isol� ; la solvatation joue aussi un rôle important.
Le cas des
amines h�t�rocycliques aromatiques est aussi un sujet d�licat.

La basicit� intrins�que, peut �tre d�termin�e en phase gazeuse en utilisant les techniques de r�sonance cyclotronique ionique. Elle peut �tre tr�s diff�rente de celle observ�e en pr�sence d'un solvant. J. I. Brauman a montr� dans les ann�es 70 que la basicit� intrins�que des amines croit r�guli�rement avec le degr� de substitution de l'azote. Il est amusant de constater que des mesures analogues faites sur l'acidit� des amines montrent qu'elle varie �galement dans le m�me sens !

Les amines tertiaires ci-dessous sont fr�quemment utilis�es pour promouvoir des r�actions d'�limination E2. Ce sont des bases encombr�es, non nucl�ophiles ce qui permet de limiter les r�actions de substitution. Dans DBN et DBU, l'un des atomes d'azote forme un syst�me conjugu� avec une c�timine ce qui renforce la basicit�.

Ces bases sont beaucoup moins fortes que les amidures.

1,5-diazabicyclo[4.3.0]non-5-�ne (DBN)

1,8-diazabicyclo[5.4.0]undec-7-�ne (DBU)

1,4-diazabicyclo[2.2.2]octane (DABCO)

La transformation suivante, utilis�e dans la synth�se de la cantharidine permet de passer d'un alc�ne � un di�ne. L'addition de dibrome sur la double liaison �thyl�nique est suivie d'une double r�action d'�limination E2.

Base de Hunig

L'image de gauche repr�sente la mol�cule de N, N-diisopropyl�thylamine en core appel�e base de Hunig. Elle peut remplacer la tri�thylamine comme capteur de protons dans de nombreuses applications. Elle pr�sente en outre plusieurs avantages par rapport � cette derni�re :
  • elle poss�de une nucl�ophilie tr�s faible ;
  • elle est difficilement alkylable ;
  • elle peut �tre facilement recycl�e par distillation az�otropique et peut �tre extraite sous forme de son acide conjugu� en phase aqueuse. Ce recyclage r�duit les co�ts de fabrication dans les synth�ses industrielles.

Les propri�t�s basiques des amines se manifestent par la formation de compos�s ioniques avec l'acide picrique. Ces compos�s, facilement cristallisables, peuvent �tre purifi�s ais�ment. Ils servent � identifier les amines par rep�rage de leur temp�rature de fusion.

Un mode op�ratoire est d�crit � la r�f�rence [2].
La basicit� des amines est mise � profit pour leur extraction d'un milieu r�actionnel.

Amidures
Les amines primaires et secondaires sont des acides de Br�nsted tr�s faibles pKa > 30. Contrairement aux alcools qu'on peut d�protoner, en quantit� certes tr�s faible, dans l'eau, la r�action n'est pas envisageable avec les amines. Les amines peuvent être déprotonées en milieu non aqueux par des bases très fortes telles que le butyllithium nBuLi. On pr�pare ainsi plusieurs bases lithi�es. Par exemple le diisopropylamidure de lithium (iPr)2N-Li+, noté traditionnellement LDA.

Les bases d�riv�es de l'hexam�thyldisiliazane sont fr�quemment utilis�es. Ce dernier peut �tre pr�par� en faisant r�agir l'ammoniac avec le chlorure de trim�thylsilyle.

L'aptitude du silicium � stabiliser une charge n�gative en a est bien connue. On pr�pare ainsi le LHMDS.

Le tableau ci-dessous regoupe quelques bases usuelles. Les bases analogues sodiques et potassiques de LHMDS sont �galement utilis�es lorsqu'on souhaite �viter la pr�sence du cation lithium. Un exemple est fourni par la r�action de Wittig st�r�os�lective Z en pr�sence d'ylures non stabilis�s.

LDA pK = 36 (solvant DMSO)

LTMP pK = 37 (DMSO)

LHMDS pK = 30 (DMSO)

On utilise g�n�ralement le LDA � basse temp�rature, typiquement - 78 �C. Cette base poss�de plusieurs atouts :

Les bases fortes pr�c�dentes sont utilis�es dans la pr�paration d'�nolates cin�tiques de compos�s carbonyl�s. Un exemple est fourni par la pr�paration de l'�nolate cin�tique d'une c�tone a-m�thyl�e avant son pi�geage sous forme d'�ther d'�nol silyl�.

Une autre m�thode pour d�protoner les amines consiste � coupler la r�action acide-base avec la r�duction de l'ion H+ gr�ce � un m�tal alcalin.

Signalons que le sodium se dissout dans l'�thylamine liquide pour donner des paires ions-�lectrons solvat�s comme dans l'ammoniac liquide.

Complexation

Formation de complexes
Les amines sont des
bases de Lewis et, � ce titre, forment de nombreux complexes avec les ions m�talliques des �l�ments de transition. Les amines simples sont des ligands comparables � l'ammoniac. Une diamine comme l'�thyl�ne diamine (diamino-1,2-�thane, symbolis�e par �n) poss�de deux points d'ancrage. C'est un ligand bidente (en anglais : bidentate.) L'augmentation tr�s importante de la constante de stabilit� observ�e quand on remplace l'ammoniac par l'�thyl�nediamine trouve son origine dans l'effet entropique. Dans la r�action de formation du premier complexe, le nombre de particules n'est pas modifi�.

En revanche on constate un accroissement du nombre de particules dans la r�action de formation du complexe avec l'�thyl�nediamine.

La constante de formation du second complexe est beaucoup plus grande dans le second cas. Ce ph�nom�ne porte le nom d'effet ch�late (du grec chele : pince, en r�f�rence aux ligands polydentes.)

Coen3


L'image de gauche repr�sente un complexe du cobalt (III) utilisant l'�thyl�nediamine comme ligand [Co(en)3]2+. Ce complexe, pr�par� pour la premi�re fois par A. Werner en 1912 pr�sente la particularit� d'�tre chiral.

On trouve un complexe azot� du cobalt dans la partie centrale de la mol�cule de vitamine B 12 dont la synth�se totale a �t� effectu�e par R. B. Woodward et A. Eschenmoser [48]

Le
m�lange rac�mique des �nantiom�res I et II peut �tre d�doubl� [32].

Le complexe entre le fer (II) et l'orthoph�nantroline est utilis� comme indicateur redox sous le nom de ferro�ne.

La myoglobine et l'h�moglobine comportent un complexe porphyrine-fer (II) appel� h�me dans lequel on trouve quatre unit�s pyrrole. La r�action suivante traduit la complexation d'un ion Fe (II) par une porphyrine.

Des complexes organom�talliques chiraux tels que Fe (S,S) PDP, ont �t� mis au point assez r�cemment (catalyseur de White et Chen).

Ils permettent l'oxydation en alcools de liaisons C-H non activ�es sur des atomes de carbone tertiaire.

Piv d�signe le groupe trim�thylac�tique (pivalique), un groupe protecteur de la fonction alcool (voir [17]).

Complexation des organom�talliques
Les amines primaires et secondaires sont d�proton�es quantitativement par les organomagn�siens et les organolithiens. Un exemple �voqu� plus haut est la pr�paration de la base lithi�e
LDA. Les amines tertiaires sont compatibles avec les organom�talliques et sont parfois utilis�es comme solvant de ces compos�s. La t�tram�thyl�thyl�nediamine (TMEDA) forme des complexes stables, solubles en milieu organique avec les organolithiens. La complexation du lithium accroit fortement la polarit� de la liaison organom�tallique et exalte le caract�re de carbanion du lithien.

Le butyllithium complex� par la TMEDA est un agent basique particuli�rement puissant.

Ce type d'organom�tallique est capable de d�protoner le ferroc�ne.

Les organom�talliques forment des complexes color�s avec l'orthoph�nantroline et la bisquinol�ine ce qui permet d'effectuer leur dosage par la m�thode de Watson et Eastham.

Les organolithiens ch�lat�s par des ligands chiraux comme la spart�ine permettent des r�actions de d�protonation �nantios�lectives.

Cryptands
Les cryptands sont des macroh�t�robicycles. On peut les consid�rer comme des structures prolongeant � trois dimensions celles des poly�thers macrocycliques de type
couronne synth�tis�s par C. J. Pedersen en 1967. Ils sont capables de former des complexes stables et s�lectifs avec un certain nombre de cations durs tels que les alcalins et alcalino-terreux. Ces complexes sont appel�s cryptates.

Cryptand [2,2,2]

L'image de gauche repr�sente le cryptand [2,2,2] synth�tis� par J.-M. Lehn et son �quipe en 1969. Il forme des complexes 1-1 avec des cations m�talliques que J.-M. Lehn a appel� cryptates du grec cryptos cach�. La stabilit� du complexe d�pend de la nature du cation.
Elle varie dans l'ordre : K+ > Rb+ > Na+ > Li+ > Cs+.
Li+ et Cs+ sont respectivement trop petit et trop gros pour �tre complex�s de fa�on efficace. J.-M. Lehn a obtenu le prix Nobel de chimie conjointement avec les Am�ricains D. J. Cram et C. J. Pedersen en 1987.

Citons quelques propri�t�s remarquables des cryptands :

L'�tude des propri�t�s des complexes macrocycliques constitue un domaine en plein d�veloppement et ouvre la voie � une chimie dans laquelle la notion de reconnaissance joue un r�le d�terminant et qu'on appelle chimie supramol�culaire [18].

Alkylation

Bilan de l'alkylation d'Hofmann
La méthode a priori la plus simple pour alkyler l'atome d'azote d'une amine consiste à la faire réagir avec un dérivé halogéné. Avec une amine primaire ou secondaire il y a substitution d'un atome H par un groupe alkyle. On obtient donc en principe l'amine appartenant � la classe imm�diatement supérieure. Avec une amine primaire, le bilan th�orique s'�crit :

Cependant HX étant un acide fort, il est dissocié en solution :

Il faut donc tenir compte des équilibres acido-basiques suivants :


Ces équilibres diminuent le rendement de la réaction en privant l'amine de son caractère nucléophile.

On peut s'affranchir de cette difficulté en utilisant une base peu nucléophile comme l'ion carbonate qui réagit avec les ions H+ formés.

Avec une amine tertiaire on obtient un halogénure d'ammonium quaternaire.

Mécanisme
Il s'agit d'une réaction de substitution utilisant comme substrat le dérivé halogéné et l'amine comme réactif nucléophile. Avec un substrat primaire ou secondaire la réaction est de type SN2. Les substrats tertiaires sont peu exploitables en raison de la réaction concurrente d'élimination. L'amine peut en effet jouer le r�le de base.

Intérêt et limitations de la réaction
L'alkylation directe des amines avec un dérivé halogéné ne constitue g�n�ralement pas une tr�s bonne méthode synthétique car l'amine alkylée réagit à son tour avec le réactif. On obtient donc un mélange de produits qu'il faut ensuite séparer. Une m�thode simple et douce d'alkylation des amines est l'amination r�ductive des ald�hydes et des c�tones.

La perméthylation d'Hofmann ou méthylation exhaustive, consiste � m�thyler tous les sites possibles de l'amine. On utilise l'iodom�thane comme agent alkylant. Avec ce substrat, la r�action est facilit�e par le caract�re d'excellent nucl�oguge de l'ion iodure et il ne peut y avoir d'�limination. De plus, l'iodom�thane est liquide � la temp�rature ordinaire. En pr�sence d'un exc�s d'iodom�thane, on obtient l'ion ammonium quaternaire.

La quantit� de mati�re n d'iodom�thane n�cessaire pour atteindre l'ion ammonium permet de d�terminer la classe de l'amine.

n (mol)

3

2

1

Classe d'amine

primaire

secondaire

tertiaire

Par exemple, dans le cas ci-dessous, la r�action n�cessite trois �quivalents d'iodom�thane. On en d�duit que l'amine est primaire.

Remarque : la dim�thylaniline peut �tre pr�par�e en utilisant deux moles d'iodom�thane pour une mole d'aniline.

D'un point de vue exp�rimental, il faut se rappeler que l'iodom�thane est un agent alkylant tr�s puissant et de ce fait, il est extr�mement toxique pour l'organisme.

La r�action ci-dessous est extraite de la synth�se de l'acide lysergique (Woodward, 1956 [45]). Elle permet l'introduction d'une cha�ne lat�rale en a du groupe carbonyle apr�s bromation r�gios�lective dans cette position.

Alkylation de l'ammoniac
L'alkylation de l'ammoniac constitue une m�thode de synth�se des amines primaires. Puisque l'ammoniac est tr�s soluble dans l'eau, on peut utiliser des solutions aqueuses tr�s concentr�es. Le r�actif est alors en grand exc�s par rapport � l'halog�nure et la polyalkylation devient n�gligeable. La synth�se de la 1-m�thyl-2-ph�nyl�thylamine illustre cette mani�re de proc�der.

Amph�tamine


Le terme amph�tamine est le nom donn� au m�lange rac�mique de deux �nantiom�res de la 1-m�thyl-2-ph�nyl�thylamine. Ils ont une structure voisine d'un neurotransmetteur : l'adr�naline. Ce type de compos� agit comme stimulant du syst�me nerveux central. Les compos�s de la famille des amph�tamines ont �t� utilis� par certains sportifs dans le but d'am�liorer leurs performances. Il sont sans doute � l'origine de la mort dramatique du champion du monde cycliste Tom Simpson dans l'ascension du mont Ventoux lors du Tour de France 1967.

Substitution nucl�ophile aromatique
L'atome d'azote d'une amine primaire ou secondaire peut substituer un halog�ne port� par un cycle aromatique fortement d�sactiv� selon un m�canisme
d'addition-�limination.
Le 1-chloro-2,4-dinitrobenz�ne forme des d�riv�s facilement cristallisables permettant d'identifier les amines [6].

L'atome d'azote d'un amino-acide est suffisamment nucl�ophile pour d�placer le fluor du dinitrofluorobenz�ne ou r�actif de Sanger. On peut ainsi d�terminer la position de l'amino-acide N-terminal d'une prot�ine.

R�actions des ions ammonium quaternaires

Réactions d'élimination à partir des ions ammonium quaternaires
Les ions ammonium quaternaire possèdent un groupe -NR3+ lié à une chaine carbonée. Si l'atome de carbone en b possède un atome d'hydrogène, une élimination conduisant à un composé éthylénique est possible.

Les amines étant d'assez mauvais nucléofuges (à corréler empiriquement à une basicité élevée) la réaction doit être effectuée en présence d'une base forte à chaud.

L'oxyde d'argent en suspension dans l'eau ou oxyde d'argent "humide", est très utilisé. Son rôle est double :

La régiosélectivité de l'élimination suit la règle d'Hofmann. Si deux composés éthyléniques peuvent se former, le composé majoritaire est celui qui possède la double liaison la moins substituée. Les résultats suivants concernent l�élimination d�Hofmann sur l�iodure de (1-méthylpropyl)-triméthylammonium. Les diast�r�o-isom�res Z et E du but-2-�ne sont tr�s minoritaires par rapport au but-1-�ne.

Composé

but-2-ène (Z et E)

but-1-ène

%

5

95

Plusieurs explications ont �t� avanc�es pour expliquer la r�gios�lectivit� de l'�limination d'Hofmann. Dans la th�orie de l'�tat de transition variable d�velopp�e par J. F. Bunnett, la formation du compos� le moins substitu� est � mettre en relation avec le fait que -NR3 n'est pas un bon nucléofuge. Rappelons � cet �gard la r�gle empirique corr�lant l'aptitude nucl�ofuge et la basicit�. Les amines ne sont pas des bases tr�s faibles ce sont donc de mauvais nucl�ofuges.

Etats de transition


Le sch�ma de gauche repr�sente une illustration de la th�orie de l'�tat de transition variable.
Dans le complexe activ� (1) d'une �limination bimol�culaire E2 l'arrachage de l'atome d'hydrog�ne par la base B et le d�part du nucl�ofuge X sont synchronis�s.
En pr�sence d'un mauvais nucl�ofuge X, l'arrachage de l'atome d'hydrog�ne pr�c�de le d�part de X. Il en r�sulte pour le complexe activ� (2) l'apparition d'une charge n�gative sur l'atome de carbone en b qui lui conf�re un caract�re de carbanion.

Le mécanisme de l'élimination est de type bimol�culaire E2 mais se rapproche du m�canisme E1cB dans lequel on observe la formation d'un carbanion. La régiosélectivité est alors déterminée par l'acidité cinétique de l'atome d'hydrogène porté par l'atome de carbone en b. C'est l'hydrogène le plus dégagé qui est arraché le plus rapidement par la base conduisant au compos� �thyl�nique le moins substitu�. Mis � part le cas de certaines �liminations sur les d�riv�s halog�n�s, la crotonisation des aldols en milieu basique proc�de �galement de ce m�canisme.

Application de la r�action d'Hofmann � la d�termination des structures
A l'�poque o� l'on ne disposait pas du puissant moyen d'analyse que constituent les m�thodes spectrales, la d�termination de la structure des mol�cules s'effectuait par voie chimique. L'élimination d'Hofmann a été mise à profit pour déterminer la structure de molécules complexes notamment des
alcalo�des. La nature des compos�s �thyl�niques issus de l'�limination d'Hofmann peut �tre d�duite de l'analyse des produits de coupure par ozonolyse. Examinons un exemple. Soit � d�terminer la position du groupe m�thyle dans l'amine cyclique ci-dessous qui est un d�riv� de la pip�ridine.

Par une suite de m�thylations et d'�liminations d'Hofmann on obtient un compos� �thyl�nique (A) dont l'ozonolyse en milieu r�ducteur fournit du m�thanal et du butanedial. On peut remonter � la structure de l'amine en consid�rant successivement les r�actions ci-dessous :

Application de la r�action d'Hofmann en synth�se
La r�action d'Hofmann est utilis�e dans la synth�se de doubles liaisons �thyl�niques.

Le m�thyl�necyclohexane peut aussi �tre obtenu par r�action de Wittig.

L'exemple suivant concerne les deux derni�res �tapes de la synth�se du barrel�ne par H. E. Zimmerman (1960).

La r�action a permis, � A. C. Cope en 1953 la pr�paration du (E)-cyclooct�ne [23].

Utilisation des ions ammonium quaternaires dans les r�actions par transfert de phase
Les ions ammonium quaternaires sont des amphiphiles. Ils comportent une partie apolaire et une partie ionique. Cette structure originale leur permet d'�tre solubles en milieu aqueux sous forme ionique et d'exister en milieu organique engag�s dans des paires d'ions faiblement li�s. Lorsqu'une r�action implique des esp�ces anioniques, l'une des difficult�s est de disposer d'anions suffisamment r�actifs dans la phase organique. Une solution � ce probl�me consiste � v�hiculer les anions dans cette phase gr�ce � un contre-ion positif qui partage son affinit� entre la phase aqueuse et la phase organique. Ces ions transporteurs sont recycl�s au fur et � mesure de la r�action, c'est pourquoi on parle de catalyse par transfert de phase. Le sch�ma ci-dessous r�sume les principaux �quilibres dans le cas d'une r�action de substitution :

Bu4N+

La catalyse par transfert de phase a �t� d�couverte par le chimiste polonais M. Makosza en 1965. Elle consiste � r�aliser une r�action dans un milieu diphas� organique / aqueux en pr�sence d'un catalyseur pouvant se partager entre les deux milieux, comme un ion ammonium quaternaire R4N+ un �ther couronne ou un cryptand. Cet ion peut v�hiculer les anions en phase organique o� ils acqui�rent une plus grande r�activit�. La r�action peut �tre r�alis�e � temp�rature assez basse sans utiliser de solvant dipolaire aprotique.
Un site [14] est sp�cialement consacr� � ce type de catalyse.

L'exemple suivant concerne l'alkylation d'un compos� carbonyl� en a du carbonyle.

Un autre exemple d'utilisation de ce type de catalyse est l'oxydation de l'ac�tate d'isoeug�nol en vaniline.

On peut aussi synth�tiser des �thers en milieu biphas� organique/aqueux en utilisant les ions OH- comme base en pr�sence d'un ammonium quaternaire comme agent de transfert de phase.

Il est possible de r�aliser des synth�ses �nantios�lectives en utilisant des ions ammonium quaternaires chiraux comme le sel de cinchonidinium suivant obtenu � partir de l'alcalo�de cinchonidine

Dans l'exemple suivant, ce catalyseur est utilis� dans une r�action d'�poxydation d'un d�riv� de la benzoquinone.

Il s'agit d'une �tape d'une synth�se r�cente d'un antibiotique, la manumycine C. L'exc�s �nantiom�rique est sup�rieur � 99,5 %.

Acylation

Bilan
Il s'agit de la réaction entre une amine primaire ou secondaire et un agent acylant : halog�nure d'acyle, anhydride d'acide, acide carboxylique. Elle fournit un amide. On observe une réaction du même type avec l'ammoniac. La présence d'au moins un atome d'hydrogène sur l'azote est essentielle. C'est la raison pour laquelle les amines tertiaires ne peuvent être acylées.

Acides carboxyliques
La réaction entre une amine et un
acide carboxylique engage l'essentiel des réactifs sous forme de sel d'aminium inerte vis à vis de la réaction d'acylation puisque cet ion a perdu tout caractère nucléophile.

La réaction n'est donc généralement pas utilis�e sauf dans quelques cas particuliers. La synthèse du phtalimide s'apparente à la réaction précédente mais le composé azoté est l'ammoniac.

Ce compos� est utilis� dans la synth�se de Gabriel des amines primaires.

Chlorures d'acyles et anhydrides
La r�action entre une amine primaire ou secondaire et un chlorure d'acyle ou un anhydride permet la pr�paration des amides. La m�thode la plus ancienne est celle de Schotten-Baumann. La r�action est effectu�e en milieu aqueux avec une solution dilu�e d'ions hydroxyde OH- dont le r�le est de neutraliser l'acide form�. L'amine est suffisamment nucléophile pour que la r�action concurrente des ions hydroxyde vis à vis de l'halogénure d'acyle soit n�gligeable.

Au d�but du si�cle, A. Einhorn a modifi� le protocole initial en rempla�ant les ions hydroxyde par la pyridine.

Les amines aromatiques subissent la même réaction :

l'acétanilide est un solide incolore de point de fusion 114 �C, [4].

Plus r�cemment W. Steglich et L. M. Litvinenko ont introduit la dim�thylaminopyridine (DMAP) qui s'est r�v�l� un catalyseur extr�mement efficace dans ce genre de r�actions.

Mécanisme dans le cas des halog�nures d'acyles
Il s'agit d'un mécanisme par addition-fragmentation. La réaction ressemble à celle vue avec les
alcools. L'étape cinétiquement déterminante est la formation de l'intermédiaire tétraédrique. Ce dernier subit une fragmentation quasiment irr�versible avec départ de l'ion halogénure.

Le r�le de la pyridine est double :

Notons que l'acylation des amines tertiaires s'arrête au stade de l'ion acylaminium intermédiaire car il n'y a pas d�atome d�hydrogène sur l'azote. Les deux étapes sont alors équilibrées. En présence d'un excès d'eau, l'ion redonne l'amine et l'acide carboxylique parent du chlorure d'acyle.

Catalyse par la DMAP
La N, N-dim�thylaminopyridine (DMAP), est utilis�e pour acc�l�rer les r�actions d'acylation des alcools et des ph�nols ainsi que dans certaines hydrolyses. Il s'agit d'un catalyseur tr�s efficace m�me dans les r�actions intramol�culaires difficiles comme les macrolactonisations et les macrolactamisations. La DMAP est �galement utilis�e comme catalyseur de la r�action de Baylis-Hillman.

DMAP


A la temp�rature ordinaire la DMAP se pr�sente sous la forme d'un solide blanc, fondant � 111,6 �C. Il s'agit d'un compos� toxique, � manipuler avec pr�cautions. La DMAP est largement utilis�e au laboratoire et en synth�se comme catalyseur nucl�ophile.

Il s'agit d'une catalyse nucl�ophile dont le principe est le m�me qu'avec la pyridine. La plus grande efficacit� de la DMAP par rapport � cette derni�re, peut �tre interpr�t�e par le fait que l'azote pyridinique poss�de une charge n�gative �lev�e comme en t�moignent les formes m�som�res suivantes :

Le m�canisme de catalyse par la DMAP est donn� ci-dessous.

D�riv�s chiraux de la DMAP


Des d�riv�s chiraux de la DMAP utilisant un groupement ferroc�nique ont �t� pr�par�s tr�s r�cemment [31]. Ils servent de catalyseurs dans diff�rents types de transformations :

Protection régénération
Les amides peuvent être hydrolys�s en milieu acide ou en milieu basique dans des conditions assez dures. La transformation d'un groupe amino en groupe acétamido constitue un moyen de protection du groupe amino.

Exemple : la synthèse de l'acide amino-3-benzoïque peut être effectuée par oxydation du groupe méthyle de la 3-méthylaniline mais les amines aromatiques étant très sensibles à l'oxydation, la r�action directe est impraticable. Il faut au préalable effectuer la protection du groupe amino :

Le groupement N-t-butoxycarbonyle introduit � partir du chlorure de t-butoxycarbonyle, un chlorure d'acyle, ou de l'anhydride correspondant, est utilis� comme groupe protecteur des fonctions amines primaires et secondaires. La r�action sert couramment � prot�ger un aminoacide dans une synth�se peptidique.

Le groupe est stable vis � vis des bases. La fonction amine est r�g�n�r�e par hydrolyse acide.

Synth�se du Nylon 6-6
Le Nylon 6-6 est un polyamide artificiel. Sa synth�se a �t� r�alis�e par le chimiste am�ricain W. H. Carothers (du Pont de Nemours). Dans l'industrie, on le pr�pare par r�action entre l'acide hexanedio�que (acide adipique) et le diamino-1,6-hexane (hexam�thyl�ne diamine) � 280 �C.

Une pr�paration plus commode au laboratoire consiste � remplacer l'acide adipique par le chlorure d'acyle correspondant [2]. Un polyamide voisin est appel� Nylon 6. Il est pr�par� par polym�risation du caprolactame.

Nylon


Le nylon est utilis� comme fibre textile ainsi que dans la fabrication de pi�ces m�caniques (paliers, engrenages etc.) Parmi les nombreuses anecdotes concernant l'origine du nom choisi par Carothers, l'une d'elles probablement apocryphe, est � mettre en relation avec le fait qu'� l'�poque une bonne partie de la soie provenait du Japon. Nylon serait constitu� des premi�res lettres de la phrase : Now You're Lost Old Nippons.

D'autres polyamides ont acquis une grande importance ces derni�res ann�es : les polyaramides dont le repr�sentant le plus connu est le kevlar. Ce dernier allie une grande r�sistance m�canique et une masse volumique faible. On l'utilise dans la fabrication des gilets pare-balles.

Synth�se de Bischler-Napieralski
L'acylation de la b-ph�nyl�thylamine par un
chlorure d'acyle est la premi�re �tape d'une r�action permettant de pr�parer les quinolidines substitu�es connue sous le nom de r�action de Bischler-Napieralski. Il s'agit d'une synth�se mettant en jeu plusieurs �tapes qui poss�de plusieurs points communs avec la r�action de Vilsmeier-Haack.

La r�action de Bischler-Napieralski a �t� appliqu�e avec succ�s � la synth�se de la papav�rine alcalo�de quinolidinique extrait du pavot (papaver somniferum). Ce compos� est utilis�e en m�decine comme antispasmodique.

Papaver Somniferum

Papaver Somniferum


Lorsqu'on incise les capsules de pavot somnif�re (papaver somniferum), celles-ci exsudent un liquide laiteux. Apr�s s�chage, il conduit � une r�sine brune qui constitue l'opium. L'opium contient de nombreux alcalo�des : cod�ine, papav�rine, laudanosine, morphine. La morphine (du grec Morph�e : Dieu du sommeil) est l'alcalo�de le plus important de l'opium qui en contient jusqu'� 23 %. Isol�e par F. Sert�ner, sa structure a �t� �tablie en 1925 par J. M. Gulland, R. Robinson et C. Sch�pf. La premi�re synth�se de la morphine (rac�mique) a �t� r�alis�e en 1953 par J. M. Gates. Il s'agissait d'une synth�se lin�aire comportant 29 �tapes pour un rendement total de 0.0014 % ! [20].

Le sch�ma de la synth�se est donn� ci-dessous.

Sulfonylation

Bilan
La réaction entre un halogénure d'acide sulfonique et une amine primaire ou secondaire fournit une sulfonamide.

Les sulfonamides issus d'amines primaires possèdent un atome d'hydrogène mobile. Elles réagissent en milieu basique pour donner un composé ionique soluble en milieu aqueux.

Cette réaction est à la base du test de qui permet la distinction des trois classes d'amines.

Test de Hinsberg
Ce test est bas� sur la solubilit� de la sulfonamide quand elle existe en milieu basique. Un mode op�ratoire pour la r�alisation de ce test est d�taill� � la r�f�rence
[3]. Les r�sultats sont r�sum�s dans le tableau ci-dessous.


Classe de l�amine

primaire

secondaire

tertiaire

Solubilité sulfonamide

oui

non

pas de sulfonamide

Réactions avec les composés carbonylés

Imines

Synth�se des imines et des ions iminium
L'addition d'une amine primaire sur un compos� carbonyl� conduit, par une r�action �quilibr�e, à un amino-alcool peu stable. La r�action est catalys�e en milieu acide. Cependant le pH ne doit pas �tre trop bas sinon l'amine est proton�e et l'addition nucl�ophile ne se produit plus.

Les amino-alcools se déshydratent facilement en milieu acide pour donner des imines encore appelées bases de Schiff en souvenir du chimiste d'origine allemande Ugo Schiff qui les a �tudi�es [64].

Une autre voie d'acc�s aux imines est la r�action de Staudinger (aza-Wittig.)

Les imines peuvent �tre regard�es comme les analogues azot�s des compos�s carbonyl�s. Elles poss�dent comme ces derniers une liaison double polaris�e. On peut donc pr�voir qu'elles donneront lieu � des r�actions d'addition.

Les imines d�rivant de l'ammoniac sont instables. Si l'on fait r�agir le m�thanal avec l'ammoniac on obtient un compos� cristallin de couleur blanche : l'hexam�thyl�net�tramine (HMTA). Au cours de cette r�action, l'aldimine interm�diaire, instable, ne peut pas �tre isol�e.

HMTA


Le T�traazatricyclo[1,1,3,3,7,7]d�cane ou hexam�thyl�net�tramine(HMTA) est un compos� curieux rappelant la mol�cule d'adamentane. A la temp�rature ordinaire, il se pr�sente sous la forme de cristaux blancs, solubles dans l'eau, qui fondent � 280 �C.
L'HMTA est utilis� en m�decine comme antiseptique sous le nom d'urotropine (�tym : qui fait bouger l'ur�e) en raison de ses propri�t�s diur�tiques.
Il s'agit d'une source de cation iminium qui est utilis�e dans la formylation de compos�s aromatiques activ�s (r�action de Duff) [46]

La réaction de déshydratation est favorisée lorsque le composé obtenu est fortement conjugué comme dans la synthèse de la diphénylquinoxaline D [6].

Les amines secondaires donnent des ions iminium.

Benzodiaz�pines
Les benzodiaz�pines sont des compos�s psychoactifs, anxiolytiques et hypnotiques. Elles sont utilis�s notamment en anesth�sie. L'analyse r�trosynth�tique des benzodiaz�pines [1,4] montre qu'on peut les obtenir en cr�ant une imine et un
amide.

L'amidification est souvent r�alis�e en utilisant l'aminolyse d'un ester comme le glycinate de m�thyle. L'�tape de cyclisation est la formation de l'imine. L'exemple ci-dessous constitue une �tape de la synth�se du diazepam.

Les autres benzodiaz�pines [1,4] sont obtenues � partir d'amino-benzoph�none judicieusement substitu�es.

Ligand salen, complexes de Jacobsen
La synth�se du compos� salen-H2 � partir de
l'ald�hyde salicylique et de l'�thyl�nediamine, constitue un autre exemple de r�action de ce type. Cette imine joue le r�le de ligand vis � vis du cobalt (II) dans un complexe capable de fixer le dioxyg�ne de fa�on r�versible.

Ce type de complexes fait, � l'heure actuelle, l'objet de recherches approfondies car on pense qu'ils pourraient servir de compos�s mod�les pour la pr�paration de sang artificiel. Une synth�se du compos� salen-H2 est d�crite dans [11].

Des complexes m�talliques utilisant des ligands salen diversement substitu�s, ont �t� synth�tis�s assez r�cemment par E. Jacobsen � Harvard. Ce sont des catalyseurs efficaces de plusieurs r�actions int�ressantes en synth�se asym�trique :

R�duction des imines
La formation d'une imine � partir d'un
compos� carbonyl�, suivie de son hydrogénation in situ, constitue une méthode d'alkylation douce des amines appelée amination réductive.

Lorsque la réaction est effectuée en utilisant l'ammoniac comme composé azoté, il s'agit d'une synthèse d'amine primaire � partir d'un composé carbonyl�.

Le t�trahydroborate de sodium NaBH4 peut �tre utilis� comme agent r�ducteur mais se pose le probl�me de la r�duction du compos� carbonyl�. Un excellent r�actif permettant la r�duction des imines est NaCNBH3. Utilis� � pH 6-7, il ne r�duit pas le groupe carbonyle des ald�hydes et des c�tones, ce qui permet l'amination r�ductive [40]. En revanche, ce r�actif r�duit les carbonyl�s � pH 3-4. Le contr�le du pH est donc important dans cette r�action.

Addition des organom�talliques
L'addition d'un
organomagn�sien sur une imine substitu�e suivie d'une hydrolyse de l'adduit constitue une m�thode de synth�se d'amines secondaires.

R�action d'Eischweiler-Clark
Il s'agit d'une m�thylation des amines primaires et secondaires au moyen du m�lange m�thanal-acide m�thano�que (
acide formique). La r�action proc�de en deux �tapes. Raisonnons dans le cas d'une amine secondaire.

R�action de Mannich
La r�action de Mannich consiste en l'addition d'un atome de carbone nucl�ophile sur un ion
ion iminium form� in situ. Le r�actif nucl�ophile est l'�nol d'un compos� carbonyl� ou d'un ph�nol. La r�action est facilit�e lorsque l'ion iminium est issu de la condensation entre le m�thanal et une amine primaire ou secondaire car dans ce cas l'atome de carbone du r�actif est tr�s �lectrophile.

Le sch�ma r�trosynth�tique est le suivant :

Examinons un exemple : la suite des r�actions est la suivante :

Les compos�s obtenus, appel�s bases de Mannich, peuvent subir par chauffage une �limination conduisant � une a-�none.

La r�action pr�c�dente est donc particuli�rement utile pour la pr�paration de ce type de compos�s qui constituent des substrats de d�part dans plusieurs synth�ses.
La r�action de Mannich a �t� utilis�e dans de nombreuses synth�ses de compos�s appartenant � la famille des alcalo�des. L'exemple suivant est une �tape de la synth�se de la strychnine par R. B. Woodward [38]

Application de la r�action de Mannich � la synth�se de la tropinone
La tropinone est une mol�cule bicyclique dont on retrouve le squelette dans de nombreux
alcalo�des. On peut l'obtenir par d�gradation de l'atropine pr�sente � l'�tat naturel dans la belladone.

Tropanone

L'hyosciamine est l'un des principaux alcalo�des d'une plante herbac�e appel�e atropa belladonna (Belladone). Ses d�coctions poss�dent la propri�t� de dilater la pupille de l'oeil. Elles �taient utilis�es au XVIII �me si�cle par les femmes italiennes pour augmenter la profondeur de leur regard. Le nom de Belladone vient de bella donna qui signifie jolie femme en italien. Le m�lange rac�mique de l'hyosciamine et de son �nantiom�re est appel� atropine. Il est utilis� comme antidote de certains gaz de combat car il agit comme inhibiteur des r�cepteurs parasympathiques. Son m�canisme d'action s'explique par sa fixation sur les r�cepteurs de l'ac�tylcholine dans le syst�me nerveux central et p�riph�rique. C'est le m�dicament de r�f�rence contre le malaise vagal.

La synth�se de la tropinone fut r�alis�e par le chimiste allemand R. Willst�ter en 1901 (prix Nobel de chimie 1915, [27]). On la consid�re g�n�ralement comme l'une des premi�res synth�ses d'une mol�cule complexe. Elle comportait 15 �tapes et le rendement global �tait inf�rieur � 1 %.
Au cours de son �tude remarquable des alcalo�des qui devait le rendre mondialement c�l�bre et lui valoir le prix Nobel de chimie en 1947, le chimiste britannique R. Robinson (Universit� d'Oxford, [28]) en a donn� une synth�se en 1917 qui est devenue un classique. Elle est bas�e sur une double r�action de Mannich. Il s'agit d'un exemple de r�action domino (ou r�action en cascade) car les �v�nements se d�roulent les uns � la suite des autres sans qu'il soit n�cessaire d'isoler un compos� interm�diaire [43].

Le m�canisme de la r�action est donn� ci-desssous :
La r�action entre le succinald�hyde et la m�thylamine fournit un aminoalcool qui se cyclise spontan�ment.

Le compos� obtenu perd de l'eau en milieu acide pour conduire � un ion iminium.

L'�nol du diacide r�agit sur l'ion iminium.

Formation � nouveau d'un ion iminium.

Suivi d'une deuxi�me r�action de Mannich.

Le b-c�to acide form� subit une d�carboxylation thermique.

En milieu biologique les alcalo�des de la famille de la tropinone comme la coca�ne ou la scopolamine sont synth�tis�s selon une voie comparable. On donne le nom de synth�se biomim�tique � l'ensemble de proc�d�s synth�tiques dont l'objectif est de reproduire en laboratoire les r�actions observ�es dans le domaine vivant.

Enamines

Origine
Les �namines peuvent �tre consid�r�es comme les analogues azot�s des
�nols et des �thers d'�nols. Les �namines poss�dant un atome d'hydrog�ne sur l'azote (�namines primaires et secondaires) sont peu stables et se r�arrangent en imines.

L'équilibre entre �namine (I) et imine (II) constitue un exemple de tautomérie dont le m�canisme est comparable à celui de la tautom�rie c�to-�nolique.

L'exemple ci-dessous concerne une �namine primaire.

Un autre exemple est celui de l'ad�nine qui pr�sente deux formes tautom�res : �namine (I) et imine (II). Dans la mol�cule d'ADN, l'appariement avec la thymine s'effectue par des liaisons hydrog�ne impliquant la forme (I).

Les �namines tertiaires ne poss�dent pas d'atome d'hydrog�ne li� � l'azote et ne peuvent pas donner lieu � l'�quilibre de tautom�rie.

Synth�se des �namines
On pr�pare les �namines par r�action entre une amine secondaire et un compos� carbonyl� poss�dant un atome d'hydrog�ne sur l'atome de carbone en a du carbonyle en pr�sence d'un catalyseur comme l'
APTS. Le m�canisme suivant concerne la synth�se d'une �namine tertiaire en pr�sence d'un catalyseur not� BH+.

L'�quilibre n'est pas favorable au produit. Une m�thode couramment utilis�e pour d�placer l'�quilibre, consiste � �liminer l'eau du milieu r�actionnel par distillation az�otropique en utilisant un d�canteur de Dean-Stark. On trouvera des protocoles op�ratoires aux r�f�rences [7] et [29].
Les �namines sont stables en milieu basique et peuvent �tre utilis�es dans certains cas comme groupement protecteur de la fonction carbonyle. Le traitement de l'�namine par un exc�s d'eau en pr�sence d'une quantit� catalytique d'acide fournit l'amine et le compos� carbonyl� parents. L'exemple ci-dessous concerne la r�action entre la cyclohexanone et la pyrrolidine.

Les énamines sont des intermédiaires très utilisés en synthèse organique. Comme le montrent les formes m�som�res ci-dessous, une charge n�gative peut se d�velopper sur l'atome de carbone situ� en b de l'azote.

Les �namines sont des nucl�ophiles qui peuvent r�agir avec des substrats �lectrophiles acylant ou alkylant.

Acylation des �namines
La r�action entre une �namine et un agent acylant assez r�actif comme un
chlorure d'acyle permet la synth�se de syst�mes dicarbonyl�s 1, 3. Un mode op�ratoire de la r�action suivante se trouve � la r�f�rence [12].

La r�action ci-dessous est la premi�re �tape de la synth�se de Oppolzer du longifol�ne.

Alkylation des cétones
L'alkylation des compos�s carbonyl�s, (notamment celle des c�tones qui est la plus pratiqu�e), sur l'atome de carbone en a du carbonyle pose un problème de régiosélectivité. La réaction par union directe de la cétone et d'un réactif alkylant comme l'iodométhane fournit un mélange de cétone mono et polysubstituée. Pour pallier cette difficult� plusieurs m�thodes ont �t� propos�es. L'une d'elles, mise au point par le chimiste am�ricain d'origine belge G. Stork, consiste � utiliser une �namine comme interm�diaire.

L'�namine r�agit avec un �quivalent de d�riv� halog�n� pour fournir un ion iminium.

Ce dernier, trait� par l'eau, conduit � la c�tone alkyl�e.

L'ion iminium (I) ne poss�de pas d'atome de carbone nucl�ophile. Le probl�me de la suralkylation ne se pose pas. La technique est �galement applicable avec des agents alkylants suffisamment r�actifs comme les halog�nures allyliques ou benziliques. Avec des agents alkylants de moyenne r�activit� comme l'iodure d'�thyle c'est surtout la N-alkylation qui pr�domine.
Une autre m�thode d'alkylation r�gios�lective des c�tones consiste � mettre � profit les propri�t�s des �thers de silyle.

R�gios�lectivit�
La r�action entre la m�thylcyclohexanone et la pyrrolidine fournit l'�namine poss�dant la liaison double la moins substitu�e (A) � l'exclusion de son isom�re (B). La r�gios�lectivit� de l'�limination est donc oppos�e � celle qu'on aurait si la r�gle de Zaytsev �tait suivie.

L'examen des mol�cule (A) et (B) fournit l'explication de la r�gios�lectivit� observ�e. La conjugaison entre le doublet de l'atome d'azote et la double liaison impose que les atomes impliqu�s soient dans un m�me plan. Cette condition n'est pas r�alis�e dans (B) du fait de la forte r�pulsion entre le groupe m�thyle orient� de fa�on pseudo-axiale et un groupe m�thyl�ne du cycle [41].

R�duction des �namines
Les �namines peuvent �tre r�duites par hydrog�nation catalytique. Le t�trahydroborate de sodium NaBH4 ne r�agit pas directement avec elles. En revanche ce r�actif r�duit rapidement les ions iminium obtenus en traitant l'�namine en milieu acide.

Nitrosation

Formation de l'électrophile
La nitrosation est la réaction entre une amine et l'acide nitreux HNO2. Ce dernier est un compos� instable vis à vis de sa dismutation en NO3- et NO. Il est préparé dans le milieu réactionnel en acidifiant une solution de nitrite de sodium par l'acide chlorhydrique. La v�ritable entité électrophile est le cation nitrosonium NO+ qui est impliqu� dans les �quilibres suivants :

On peut donner une description de l'ion NO+ en utilisant la m�thode de la m�som�rie. Elle met en évidence l�azote électrophile.

La nature du produit de r�action entre un cation NO+ et une amine, d�pend de la classe de l'amine.

Amines secondaires
On obtient une N-nitrosoamine.

Les N-nitrosoamines sont des composés cancérigènes. Un exemple de synth�se est celui de la diphénylnitrosamine [6].

Amines primaires
Il se forme un ion diazonium.

Substitution électrophile sur les amines aromatiques

Activation, régiosélectivité
L'aniline réagit beaucoup plus vite que le benzène dans les réactions de
substitutions �lectrophiles. Le groupe -NH2 est activant et oriente en ortho-para.

Bromation
La bromation de l'aniline peut s'effectuer tr�s facilement sans catalyseur. Le groupe amino est tellement activant qu'il suffit de m�langer l'aniline et une solution aqueuse de brome, pour obtenir imm�diatement un pr�cipit� blanc de tribromoaniline.

On peut réaliser une monobromation en proc�dant de fa�on indirecte. On commence par pr�parer un amide : le N-ph�nyl�thanamide (acétanilide). En ce qui concerne le rapport ortho/para, le groupe ac�tamido est moins activant et aussi plus encombrant que le groupe amino, on obtient le parabromoacétanilide (pF = 167 �C) dont l'hydrolyse fournit le compos� recherch�.

Nitration
La nitration directe de l'aniline est impossible car l'acide nitrique oxyde le groupe amino. Pour s'affranchir de cette difficulté, on utilise un groupe protecteur.

R�action des amines tertiaires aromatiques avec l'acide nitreux
Avec les amines tertiaires aromatiques, l'acide nitreux en milieu acide conduit � une
substitution �lectrophile sur le cycle. L'entit� �lectrophile est l'ion nitrosonium :


le m�canisme est le suivant :

Comme on l'a vu plus haut, la structure de l'ion NO+ peut �tre d�crite par m�thode de la m�som�rie. Elle met en évidence l�azote électrophile.



Rappelons qu'avec les amines primaires, l'action de l'acide nitreux conduit � union diazonium. Avec les amines secondaires, on obtient des N-nitrosoamines.

Un mode op�ratoire est d�crit � la r�f�rence [6].

Formylation de Vilsmeier-Haack
La r�action de Vilsmeier-Haack constitue une m�thode de formylation des amines aromatiques N, N-disubstitu�es et de certains h�t�rocycles comme le pyrrole. On peut la regarder comme une extension de la r�action de Mannich. La pr�paration du r�actif de Vilsmeier est donn�e ci-dessous.

La force motrice de la r�action est la formation d'une liaison P-O de grande �nergie de liaison.

L'ion iminium n'est pas un �lectrophile tr�s puissant. La r�action a lieu essentiellement avec les compos�s aromatiques activ�s.

Oxydation des amines

Oxydation des amines tertiaires
Les amines sont des composés assez sensibles à l'oxydation. Les produits de réaction dépendent de la classe de l'amine et de la nature de l'oxydant utilisé. La réaction la plus importante concerne les amines tertiaires. Les oxydants utilis�s sont le mCPBA, peroxyde d'hydrog�ne ou encore l'acide peroxymonosulfurique (acide de Caro).

Notons que certains oxydes d'amines sont utilis�s comme agents d'oxydation. Le N-oxyde de N-m�thylmorpholine (NMO) est utilis� comme cooxydant dans la
syn-dihydroxylation vicinale des compos�s �thyl�niques par le t�troxyde d'osmium.

Propri�t�s des oxydes d'amines

Les r�actions importantes des oxydes d'amines sont �tudi�es dans un chapitre particulier :

Oxydation de l'aniline
L'oxydation de l'aniline dépend de l'agent oxydant utilisé :

Bibliographie

Ouvrages expérimentaux

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[2] P. Rendle, M. V. Vokins, P. Davis, Experimental Chemistry (Edward Arnold).
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Liens

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Ne pas manquer l'introduction de D. Dolphin au cours de laquelle sont �num�r�s les principaux travaux de R.B.W. (ainsi que la pr�paration du cocktail qui lui est destin�.)
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Robert Burns Woodward, Architect and artist in the World of molecules. Ed. by Otto Theodor Benfrey and Peter J. T. Morris
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Articles

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Texte, dessins, photographies : G�rard Dupuis - Lycée Faidherbe de LILLE
mai 2014