Thierry Neuvic : « La timidité m’a beaucoup gêné pendant longtemps »
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Thierry Neuvic : « La timidité m’a beaucoup gêné pendant longtemps »

Thierry Neuvic, ici au festival de La Rochelle, l'an dernier.
Thierry Neuvic, ici au festival de La Rochelle, l'an dernier. © Castel Franck/ABACA
Emilie Cabot , Mis à jour le

L’acteur est à l’affiche de « La Recrue », une nouvelle série sur TF1 à voir à partir du 6 mai. Rencontre.

Dès lundi et pour six épisodes, Thierry Neuvic campe un capitaine de police, homme d’expérience quelque peu rigide, qui doit faire équipe avec un jeune à l’opposé de lui : imprévisible, hors de contrôle et arnaqueur rangé depuis peu. L’acteur nous raconte cette nouvelle expérience.

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Paris Match. Quel est le petit plus qui vous a séduit dans « La Recrue » ?
Thierry Neuvic. J’aimais bien retourner au polar en surfant sur le ton comédie, comme Le flic de Beverly Hills ou L’Arme fatale. J’ai aussi trouvé intéressants les thèmes abordés : les rapports entre générations, la deuxième chance, les a priori, le deuil… Ces choses me touchaient et me parlaient particulièrement.

Vous faites équipe avec Ethann Isidore, qui interprète Kevin, un jeune orphelin de banlieue parisienne, arnaqueur de haut vol et ingérable.
Ce rapport intergénérationnel me parlait beaucoup. J’aime bien la difficulté de la rencontre dans un premier temps pour finir par se rapprocher. J’y crois profondément. Les générations doivent se tenir la main. Chacun s’éduque. J’aimais bien aussi le thème de la deuxième chance et de la rédemption. Vincent, mon personnage, a un a priori sur ce jeune mec, à l’opposé de ses codes. L’un est rigide, l’autre en désordre. Il arrive dans sa vie alors qu’il a perdu son fils, disparu depuis deux ans. Il ne sait même pas s’il est vivant ou mort, le deuil n’est pas faisable. Kevin a à peu près le même âge que ce fils disparu. Il y a un effet miroir. Non seulement, il est à l’opposé de lui et en plus il prendrait la place de son fils ? Ce n’est pas possible ! Il a un double rejet.

Thierry Neuvic et Ethan Isidore se donnent la réplique dans la série «La recrue».
Thierry Neuvic et Ethann Isidore se donnent la réplique dans la série «La recrue». © Thierry Langro/ TF1

Le personnage de la commissaire Trinquant que joue Judith El Zein, a une importance particulière pour eux…
Elle apprend à l’un et à l’autre afin que la rencontre se fasse. J’ai aimé aussi le rapport que mon personnage a avec. Elle est sa supérieure hiérarchique et sa compagne. Il représente un type assez viril avec un gros 4X4 et il s’avère que c’est sa compagne qui a le pouvoir.

« Je tiens à faire le lien entre toutes les générations et le garder »

Dans la vie, vous ressentez ce décalage entre les générations ?
Je trouve que de plus en plus les générations ont du mal à se connecter. Les générations et les milieux sociaux aussi. Je le ressens ce décalage. J’essaye toujours de le combler. Je vais dans des clubs de foot où j’habite, il y a tous les âges. Je peux passer trois heures à jouer avec des mômes de 9 ans, à discuter de tout avec des ados de 15 ans. Pareil avec les anciens. Je tiens à faire le lien entre toutes les générations et le garder. C’est absurde et nuisible de ne pas l’entretenir. L’un sans l’autre ça ne marche pas.

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Vous êtes familier des rôles de policier ? Vous ne vous êtes pas dit « encore un flic » ?
Pas une seconde. Policier, c’est un métier, ce n’est pas un caractère. On peut jouer 12 000 flics, aucun ne sera le même. Là c’était sur le ton de la comédie, je n’ai pas spécialement joué de flic dans ce cadre.

Comment vous l’avez construit ce capitaine ?
J’ai demandé qu’il ait un gros 4X4 rouge pour marquer ce côté très masculin. Il a tous les attributs du chef, mais il ne l’est pas. J’ai aussi voulu accentuer le choc des générations en retravaillant un peu mes dialogues pour marquer encore plus la différence en employant de vieilles expressions comme « ils vont me rendre chèvre ».

Ici le capitaine et sa jeune recrue font équipe sur une scène de crime.
Ici le capitaine et sa jeune recrue font équipe sur une scène de crime. © Thierry Langro/ TF1

Quels flics à l’écran avez-vous aimés ?
Il y en a plein ! Ça part de Starsky et Hutch
, du
Flic de Beverly Hills, de ceux de L’Arme fatale et plus récemment, les flics dans The Wire. Coté français, Jean Gabin et Lino Ventura m’ont marqué. Depuis que je suis petit, j’ai toujours regardé beaucoup de polars, en film ou séries. Si jamais je pioche dans ces personnages, c’est malgré moi, ce n’est pas décidé.

« Plus jeune, je traînais, je faisais des conneries »

Vous préférez jouer les flics ou les mafieux ?
Ça dépend du personnage en lui-même. Les deux ont des vies intenses, j’aime les deux.

Vous êtes né en Seine-Saint-Denis. Vous auriez pu être ce petit Kevin, perdu et incontrôlable ?
Bien sûr ! Je traînais, je faisais des conneries.

Qu’est-ce qui vous a « sauvé » ?
De manière générale, c’est la culture, le théâtre, les cours de musique et de poésie… La culture a rouvert les vannes du jour où je me suis inscrit dans un cours de théâtre perdu dans le sud de la France, où il a fallu que je lise des pièces, que j’interprète des personnages… J’avais la passion des films. J’en bouffais des tonnes et des tonnes, mais je n’avais encore jamais formulé d’en faire un métier.

Vous vous décrivez comme très timide. C’est quelque chose qui vous a gêné dans la vie ou dans votre carrière ?
La timidité peut inhiber. Du coup, on ne présente pas de manière sereine ce qu’on est. On retient des choses. On est maladroit à les exprimer. On peut perdre ses moyens. Ça peut être handicapant quand c’est fort. Ça a pu l’être. Ça m’a beaucoup gêné pendant longtemps. Je connais plein d’acteurs ou d’actrices timides. Par essence, quand on joue, on se cache, ce n’est pas nous.

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