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« La langue est façonnée par la culture et reflète les activités quotidiennes des individus » : voilà résumée en quelques mots la fameuse hypothèse dite « Sapir-Whorf », qui a priori a l’air d’une banalité, mais soulève de profondes questions et a suscité de houleux débats dans les sciences humaines depuis plus de cinquante ans.
Dans les années 1930, un ingénieur en assurances, Benjamin Lee Whorf (1897-1941), intéressé par les langues amérindiennes, suit les cours de l’anthropologue Edward Sapir (1884-1939) à l’université Yale. Rapidement, les deux hommes travaillent ensemble. À partir de l’étude comparée des langues hopi, maya et inuit, Whorf exemplifie les idées de Sapir sur la culture, ce qui donnera naissance à ce que les anthropologues appellent communément « l’hypothèse Sapir-Whorf ». L’idée que la langue et la culture déterminent la pensée des individus est déjà ancienne, et figure dans une conférence fameuse de Wilhelm von Humboldt (1820). Dans ce texte, le philosophe allemand expliquait que chaque langue construisait une « vision du monde » (Weltanschuung) particulière à ses locuteurs. Cette idée est ensuite reprise par les tenants berlinois de la psychologie des peuples (Heymann Steinthal, Moritz Lazarus) et marque durablement un de leurs jeunes élèves, le géographe Franz Boas. Ce dernier, émigré aux États-Unis et devenu un anthropologue de premier plan, développe une conception particulariste de la culture qui trouvera son prolongement le plus abouti chez son disciple Sapir et, donc, son collaborateur Whorf…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/02/2022
- https://doi.org/10.3917/sh.journ.2019.01.0055
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