Football (Red Star). « Papa a beaucoup sacrifié sa vie de famille » - Le Parisien

Football (Red Star). « Papa a beaucoup sacrifié sa vie de famille »

Marina et Mateo, les enfants de l'entraîneur du Red Star Régis Brouard, racontent la relation avec leur père.

    Régis Brouard se définit, lui-même, comme un solitaire. Mais quand il s'agit de célébrer Noël, l'entraîneur du Red Star a besoin de retrouver ses proches. Dimanche soir, c'est à Toulouse, auprès de ses enfants Marina (29 ans) et Mateo (19 ans) qu'il a passé le réveillon avant de retrouver le lendemain sa maman. « Très récemment, ma fille m'a reproché mes absences du passé », confie le technicien de 50 ans, dont la carrière de sportif de haut niveau a souvent pris le pas sur le quotidien. « Papa n'est pas venu pour la naissance de sa petite-fille car il venait de signer en Belgique (NDLR : Tubize, L 2), révèle Marina, maman depuis quinze mois. Un sacrifice, entre guillemets, de plus par rapport à sa vie de famille. On n'est jamais partis tous les quatre, sauf une fois, trois jours en Espagne, j'avais 11 ans. L'école se finissait quand lui reprenait l'entraînement... »

    La famille a aussi vécu au rythme des changements de clubs du papa. Rodez, Montpellier, Niort, Bourges, Paris, Caen, Nîmes... « On déménageait tous les deux ans, mais grâce à lui, on a visité toute la France, sourit celle qui est née à Rodez. Ce n'est pas désagréable sur le fond, mais pas simple pour consolider des amitiés. »

    Mateo, lui, est né à Caen. Il a d'abord vécu avec sa mère Cathy après la séparation de ses parents, il y a douze ans, avant de rejoindre son père à Clermont. « Papa a toujours fait en sorte que je ne manque de rien. Il me préparait des petits plats, sa spécialité, ce sont les pâtes au saumon : pâtes et morceaux de saumon mélangés (Rires.) A la télé, il peut paraître hautain mais ce n'est pas lui. Dans la vraie vie, il rigole, il est quelqu'un de très cool. » « Il est d'une grande simplicité, et pas du tout prise de tête, confirme Marina. Pas je-m'en-foutiste, mais juste tranquille, sans stress. On rigole énormément. » Mais quand les résultats scolaires ne suivaient pas, le père avait sa méthode. « Il ne m'adressait plus la parole pendant quelques jours, et le pire, c'est que ça marchait », se souvient Mateo, étudiant en école d'arts appliqués (IPESAA) à Montpellier.

    Père et fils ont traversé l'épopée Quevilly en Coupe de France de façon fusionnelle. « Ils m'emmenaient partout, dans le vestiaire, sur le bord du terrain. Il m'a fait vivre des moments gravés dans ma tête à tout jamais. » Le maillot du Real Madrid, floqué à son nom et du n°8, est le plus beau cadeau qu'il a reçu de son père. « Il est hyper famille et gaga de sa petite fille, appuie Marina, auto-entrepreneuse après 9 ans comme formatrice. Quand il passe à la télé, elle le reconnaît. Après, il est très différent de l'image qu'il renvoie dans les médias. » Les enfants ont même parfois souffert de certains commentaires. « Il y a un mois, je me suis embrouillé sur twitter avec une personne qui disait qu'il n'y connaissait rien au foot. Je suis comme papa, impulsif... » Sa réponse lui a d'ailleurs valu un avertissement du modérateur de twitter. « Quand Mateo parle, on dirait papa, confie Marina. Pourtant, autant sur le caractère que sur le physique, je lui ressemble à 100 %. Avec nous, c'est blanc ou noir. On est très entier, râleur mais aussi généreux. » « Je n'ai jamais été très sportif mais je regarde tout, continue Mateo qui s'est essayé au foot à Nîmes. J'admire sa carrière. Par rapport à la vie « normale » des autres parents, le fait qu'il soit entraîneur de foot, c'est une fierté. Papa a beaucoup fait pour en y arriver là. Le message qu'il m'envoie d'ailleurs, c'est : faut se bouger le c... ! »

    « C'est un perfectionniste qui déteste la défaite, reprend Marina. Son humeur change en fonction des résultats. Joueur, il était toujours déçu de ses matchs, mais c'est maman qui subissait les choses à l'époque. Là-dessus, elle me protégeait pas mal. Aujourd'hui, c'est moi qui prend le relais car on échange beaucoup sur sa carrière d'entraîneur. Quand il est dans l'excès, je lui dis qu'il est ridicule. Mais il s'est beaucoup calmé. » Dans l'intimité, le foot reste parfois envahissant. « Il est toujours sur sa tablette, plongé dedans, assure Mateo. Mais c'est son métier, et je ne l'embête pas avec ça. » « A la maison, on a toujours un match en fond à la télé, appuie Marina. Le son est coupé, mais il a un oeil dessus... » Dimanche soir, l'écran est resté noir pour les Brouard et Régis dont le plus beau jour de sa vie d'homme reste « la naissance de (s)es enfants »