ÉDITO - Ce que veut faire l'exécutif pour réformer la haute fonction publique
L'ENA va être réformée dans son mode de recrutement, comme d'autres institutions. 2:22
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Michaël Darmon
Critiqués par les Français lors de la crise des "gilets jaunes", les corps de la haute fonction publique vont être réformés en profondeur, comme le détaille notre éditorialiste politique Michaël Darmon.

C'est désormais officiel, après la fin du grand débat national et le deuxième anniversaire d'Emmanuel Macron à l'Élysée : l'acte II du quinquennat est lancé. Il portera en particulier sur un domaine symbolique : la haute fonction publique. Notre éditorialiste Michaël Darmon révèle mardi les premières pistes de cette réforme ultra sensible.

"On ne le voit pas encore, mais ce pourrait bien être la réforme la plus profonde du quinquennat : changer la culture des hauts fonctionnaires de manière à refonder toute la relation entre le peuple et ses élites. C’était l’aveu même du président de la République Emmanuel Macron, en novembre : sur TF1, il avait avoué avoir échoué à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants.

Une formation en tronc commun

Les grandes lignes de la réforme sont arrêtées et seront rendues publiques dans quelques jours. Ce qui va changer, c’est le mode de recrutement qui sera plus ouvert aux différentes strates de la société de manière à refléter la diversité française. Aujourd'hui, 80% des élèves de Polytechnique sont issus des catégories supérieures, par exemple.

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Ensuite, l'objectif de la réforme est de décloisonner : les futurs hauts fonctionnaires déjà affectés à leur corps auront une formation en tronc commun d’un an environ, avec des stages en alternance sur différents terrains. L'objectif est de mieux se connaître et créer ensuite des mobilités entre les différents secteurs de la haute fonction publique, qui comprend aussi les commissaires de police, les directeurs d’hôpitaux et de collectivités. Les parcours de carrière seront aussi réformés.

Thiriez missionné pour porter la réforme

Il y a une volonté politique et une urgence à réformer la haute fonction publique, qui n'a jamais été refondée : la crise des 'gilets jaunes' a symboliquement pointé les élites devenues repoussoir et le symbole d’un État accusé de vivre dans l'entre-soi. Pour mener à bien cette mission, le gouvernement a missionné Frédéric Thiriez, grand connaisseur de la machine de l'État et ancien président de la Ligue de football professionnel. Il a été chargé par le président et le Premier ministre de repenser la première division des fonctionnaires en phase avec le monde et notre époque.

Il n'est plus question de décider de manière pyramidale mais de favoriser le dialogue et la concertation. C’est à ce moment que l’on comprend que cette réforme est très ambitieuse, parce que c’est d’abord une réforme des mentalités au cœur de la monarchie institutionnelle de la Vème République, avec un appareil d'État habitué à centraliser depuis des siècles. Il faut au moins un Frédéric Thiriez expert en joueurs de haut niveau pour former les futurs Zidane de la fonction publique. Faute de quoi, les Français ressortiront les cartons et les 'gilets jaunes'."