De g. à dr. : Félix Moati, Jean-Hugues Anglade, Leila Bekhti, Gilles Lellouche, Guillaume Canet et Mathieu Amalric lors de la présentation du film "Le Grand Bain". Deux d'entre eux sont dans le classement de L'Express...

De g. à dr. : Félix Moati, Jean-Hugues Anglade, Leila Bekhti, Gilles Lellouche, Guillaume Canet et Mathieu Amalric lors de la présentation du film "Le Grand Bain". Deux d'entre eux sont dans le classement de L'Express...

(AFP/Yohan BONNET)

Etabli après consultation du box-office et de "professionnels de la profession" (producteurs, distributeurs, agents, banquiers, assureurs...), ce palmarès se base sur l'exercice compris entre mai 2018 et mai 2019. D'un festival de Cannes à l'autre. Les triomphes du Grand bain et de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?, ou les jolis plébiscites remportés par Le Jeu, Les Invisibles, Rebelles ou Pupille, ne doivent pas masquer la triste réalité : c'est une année économiquement pauvre, pavée de déceptions au box-office (All inclusive, Rémi sans famille), voire de fours (L'Empereur de Paris) à même de décourager l'audace d'investir dans des projets ambitieux.

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Mais ce serait sous-estimer la vitalité d'un secteur qui, après avoir été saisi comme le lapin dans les phares d'une voiture face aux bouleversements en cours (plateformes et consorts), se mobilise et repense en profondeur son fonctionnement. L'heure n'est donc pas aux lamentations, mais à la contre-attaque, à laquelle participeront, c'est sûr, les vingt qui suivent. Précision importante : le classement de ces gagnants n'est pas exclusivement basé sur les chiffres - sans quoi, ce ne serait qu'un concours de portefeuilles. Le talent, le flair et les risques (artistiques et financiers) ont été pris en compte.

L'idée est de balayer le spectre d'une industrie en pleine mutation. A ce jour et grâce à leur année remarquable (de mai 2018 à mai 2019, rappelons-le), en voici les vingt acteurs principaux.

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1. Gilles Lellouche, acteur et réalisateur

Gilles Lellouche

Gilles Lellouche.

© / (Anne-Christine POUJOULAT/AFP)

Atouts : Le Grand bain, évidemment. Dans ses rêves les plus fous, il espérait 2 millions d'entrées. Son long-métrage en a engrangé 4,2! Longtemps considéré comme le pote de (Guillaume Canet, Jean Dujardin...), c'est le coureur de fond qui a piqué un sprint, laissant tout le monde sur place, bouche bée. Il avait la sympathie de la profession. Il a désormais, en plus, tout son respect. Par ailleurs, il ne démérite pas comme acteur, rappelant les comédiens à la fois physiques et sensibles d'antan (Lino Ventura, par exemple) : dans Pupille, il est bouleversant, et dans Nous finirons ensemble (de son pote Guillaume Canet, justement), il bouffe littéralement l'écran. Le propre d'une star.

Handicaps : Son sincère enthousiasme peut lui jouer des tours. Deux projets sûrement excitants sur le papier se sont avérés décevants dans les salles (Jusqu'ici tout va bien) et au box-office (seulement 127 000 entrées pour L'Amour est une fête).

Tendance 2019 (-) : Aucun film à l'affiche cette année. Un gros tournage en revanche cet été : Bac Nord de Cédric Jimenez (qui l'avait déjà dirigé dans La French), un film policier. Et sans doute 2553 propositions à trier - le choix est l'apanage du vainqueur.

2. Alain Attal et Hugo Sélignac, producteurs

Le grand bain

L'acteur et comédien Gilles Lellouche entouré de ses producteurs: Alain Attal (a g.) et Hugo Sélignac.

© / Antoine Doyen pour L'Express

Atouts : Attal, ce sont Les Films du Trésor. Sélignac, c'est Chi-Fou-Mi Productions. Le premier a tout appris au second, lequel a mené à bien Le Monde est à toi de Romain Gavras, polar au succès mitigé mais très remarqué (positivement). Et puis le tandem a réussi trois strikes : Pupille (840 000 entrées), Nous finirons ensemble (qui devrait approcher les 3 millions d'entrées en fin de parcours) et évidemment Le Grand bain. Par ailleurs, ils savent s'acquitter de missions périlleuses comme Le Chant du loup, un budget estimé à 24 millions d'euros commandité par le patron de Pathé, Jerôme Seydoux.

Handicaps : On a cherché, on a demandé... Réponse unanime : après une année pareille, aucun !

Tendance 2019 (-) : Impossible pour les producteurs indépendants qu'ils sont de fournir autant de films (et de succès) deux années de suite. On va néanmoins très vite les retrouver avec des films à fort potentiel : Attal le 18 décembre avec la sortie des Traducteurs de Régis Roinsard (Populaire), thriller paranoïaque autour de neuf traducteurs enfermés pour s'occuper d'un best-seller ; Sélignac en 2020 pour Bac Nord (avec Gilles Lellouche - lire plus haut) et Mandibules de Quentin Dupieux avec Grégoire Ludig et David Marsais (le Palmashow), Adèle Exarchopoulos, Denis Ménochet et Anaïs Demoustier. Excusez du peu !

3. Guillaume Canet, acteur et réalisateur

Guillaume CAnet

Guillaume Canet sur le tournage de Nous finirons ensemble.

© / (Trésor Films - Canéo Films - Europacorp - M6 Films - Les Productions Productionsdu Trésor-Artémis)

Atouts : Il confirme sa popularité et son savoir-faire avec Nous finirons ensemble, la suite des Petits mouchoirs. Comme acteur, il a plongé dans Le Grand bain de son ami Gilles Lellouche.

Handicaps : Son nom sur l'affiche ne suffit plus à attirer les foules. Exemples Doubles vies d'Olivier Assayas et L'Amour est une fête de Cédric Anger, échecs cuisants au box-office.

Tendance 2019 (-) : Il est présent à Cannes pour l'excellent deuxième long-métrage de Nicolas Bedos, La Belle époque, où il est un entrepreneur capable de recréer la période préférée de ses clients (en l'occurrence, Daniel Auteuil, qui veut revivre un grand amour). Et il vient de finir l'ambitieux Au nom de la terre d'Edouard Bergeon, une fresque paysanne qui se déroule sur quarante ans. Beau programme.

4. Vincent Bolloré, président-directeur général du groupe Bolloré

Vincent Bolloré lors d'un conseil d'administration de Vivendi le 19 avril 2018 à Paris.

Vincent Bolloré.

© / afp.com/ERIC PIERMONT

Atouts : D'aucuns disent que le cinéma est le cadet de ses priorités, il n'en demeure pas moins le big boss de Canal +, de Studio Canal et de C8. Ses têtes pensantes sont Maxime Saada (président du directoire du groupe Canal + et président de Studio Canal) et Didier Lupfer (directeur général de Studio Canal). Malgré la baisse d'abonnements à la chaîne cryptée (et par conséquent de ses investissements indexés sur son chiffre d'affaires), Canal + demeure l'indispensable argentier du cinéma français - 114 millions injectés en 2018. De son côté, Studio Canal a financé trois succès : l'incontournable Grand bain, le magnifique Pupille de Jeanne Herry et le très performant Mia et le lion blanc de Gilles de Maistre (1,4 million d'entrées).

Handicaps : Entre la création gouvernementale d'un fonds d'investissement privé de 225 millions d'euros destiné à aider l'industrie du cinéma, et le CNC qui songe sérieusement à inclure les plateformes dans le système d'obligations (consacrer un pourcentage de leur CA pour financer des oeuvres françaises), Canal + pourrait perdre, à moyen terme, son monopole historique sur le cinéma français. Et attention aux projets validés envers et contre tous par le grand patron comme Holy Lands d'Amanda Sthers (à peine 30 000 entrées !) ou J'ai perdu Albert avec Stéphane Plaza (60 000 entrées), des bides qui coûtent cher en argent et en crédibilité.

Tendance 2019 (=) : La ratification en novembre dernier des accords liant la chaîne à l'industrie du cinéma assure une mainmise de poids sur le secteur jusqu'en 2022. Ses investissements annuels dans des productions françaises et européennes (12,5% du CA) seront plafonnés à 180 millions d'euros, et Studio Canal est autorisé, en plus de son activité de distributeur (à venir : Police avec Omar Sy et Virginie Efira, 10 jours sans maman avec Franck Dubosc et Aure Atika, Mon chien stupide de et avec Yvan Attal -et avec Charlotte Gainsbourg...), à produire quatre longs-métrages par an.

5. Philippe de Chauveron, réalisateur

Atouts : Mine de rien, ce réalisateur discret est à l'origine du plus gros carton de l'année, Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu !, moins phénoménal que Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ! et ses 12,3 millions d'entrées, mais tout de même : attirer 6,6 millions de spectateurs avec une suite, ça force le respect.

Handicaps : Ses comédies socioconceptuelles ne sont pas assurées de cartonner -Débarquement immédiat avec Ary Abittan a à peine fait 400 000 entrées. Et auprès du milieu, il n'a pas l'aura de champions du box-office comme Dany Boon ou Philippe Lachau.

Tendance 2019 (-) : Il ne signera pas le troisième épisode de L'élève Ducobu qui sera réalisé par Élie Semoun (tandis que Chauveron avait signé les deux premiers). En revanche, il tournera une nouvelle comédie en septembre, ça reste en famille, avec Laurence Arné et Ary Abittan.

6. Jérôme Seydoux, président-directeur général de Pathé

Le producteur français Jérome Seydoux qui fait partie de la délégation de professionnels se rendant en Chine, photographié à Paris le 18 mars 2009

Jérôme Seydoux, au centre.

© / afp.com/Jacques Demarthon

Atouts : Un CA de 872 millions d'euros en 2018... C'est beaucoup d'argent. Avec 460 écrans, le circuit Pathé Gaumont est le plus gros exploitant français. Dont Nous finirons ensemble, Alad'2 et Le Chant du loup, financés (entre autres) et distribués par Pathé ont bénéficié.

Handicaps : Sans Les Tuche ou le Ch'ti Dany Boon, valeurs maison, le rapport d'exercice est tout de suite moins bon. Et Le Chant du loup, voulu par Jérôme Seydoux en personne, coûte très cher (24 millions d'euros paraît-il, mais on murmure que c'est beaucoup plus !) rapport au 1,5 million d'entrées engrangées...

Tendance 2019 (+) : Après Douleur et gloire d'Almodovar qui s'annonce comme un beau succès, Pathé devrait alimenter le box-office avec Le Dindon de Jalil Lespert avec... Dany Boon justement (le 25 septembre), Le Prince oublié de Michel Hazanavicius avec Omar Sy, Mon cousin avec Vincent Lindon et François Damiens... Sans oublier La Belle époque de Nicolas Bedos, ovationné à Cannes, et Mektoub my love : Intermezzo d'Abdellatif Kechiche qui, s'il ne repart pas bredouille de Cannes encore, pourrait bien créer l'événement.

7. Thierry Desmichelle, directeur général de SND

Atouts : Un très gros succès avec Astérix - Le secret de la potion magique de Louis Clichy et Alexandre Astier (3,9 millions d'entrées), un joli 1,1 million de spectateurs pour Neuilly sa mère, sa mère ! de Gabriel Julien-Laferrière, et une performance épatante pour L'Incroyable histoire du facteur Cheval de Nils Tavernier (produit par Alexandra "Alibi.com" Fechner -à suivre de près !) : plus de 750 000 tickets vendus ! Desmichelle est réputé cinéphile, doublé d'un très bon businessman ayant une excellente connaissance du marché.

Handicaps : Dès lors que SND produit en interne (Break, Demi-soeurs...), le succès n'est pas au rendez-vous et les films pâtissent d'un formatage pour plaire au plus grand nombre -comme s'il y avait une demande, alors qu'on sait très bien désormais que seule l'offre prévaut.

Tendance 2019 (=) : La comédie Divorce Club avec Michaël Youn, Arnaud Ducret et François-Xavier Demaison, et le film familial Donne-moi des ailes de Nicolas Vanier avec Jean-Paul Rouve sentent également le formatage, mais ne sont pas à l'abri de briller au box-office (Vanier par exemple, étant abonné aux succès -Belle et Sébastien, L'école buissonnière, etc.).

8. Guy Verrechia, président-directeur général d'UGC

Atouts : Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon dieu ! permet à son groupe d'être en tête du classement des distributeurs français. En outre, il est entouré d'une équipe fidèle et efficace : Alain Sussfeld, DG et pilier du business de l'entreprise, Brigitte Maccioni, tête pensante de la production, Romain Rojtman, producteur maison.

Handicaps : Un gadin inattendu avec Convoi exceptionnel de Bertrand Blier (123 000 entrées). Mais surtout, côté exploitation, manne financière du groupe, UGC passe de la deuxième à la troisième place, dépassé par CGR.

Tendance 2019 (-) : Pas de tsunami ...bon Dieu ! en vue, mais Une vie cachée de Terrence Malick qui devrait figurer au palmarès cannois -c'est chic. Et la comédie C'est quoi cette mamie ?!, suite de C'est quoi cette famille ?!qui, en 2016, créa la surprise en pleine torpeur aoûtienne en engrangeant 750 000 entrées -c'est bien.

9. François Clerc, distributeur et producteur

Atouts : Ex-directeur de la distribution chez Gaumont où il a largement contribué au triomphe d'Intouchables (via l'utilisation des réseaux sociaux), il a fondé Apollo Films en s'associant avec le circuit d'exploitation CGR (lire plus bas). Un choix extrêmement malin car Clerc travaille en priorité la province en remettant au goût du jour un cinéma populaire snobé par le public parisien -peu ou prou à la manière d'un Jacques Leitienne dans les années 1970 (qui fit fortune en distribuant des comédies comme celles de Max Pécas, des films cultes comme Mon nom est Personne ou encore L'Innocent de Luchino Visconti !). Ainsi Les Deguns est-il une belle opération avec 474 000 entrées, ou Les Municipaux, ces héros avec les Chevaliers du Fiel qui obtient un coefficient record de 38,5% (15 500 entrées Paris pour 580 000-France !). En outre, Clerc est capable de s'investir dans de très beaux projets comme Les Invisibles.

Handicaps : Il sait faire mais n'a pas trouvé non plus la martingale. Beaucoup de revers dans l'année : la comédie teenage Interrail est passée totalement inaperçue (11 490 spectateurs), Victor et Célia de Pierre Jolivet n'a même pas fait 100 000 entrées, seulement 200 000 pour Qui m'aime me suive avec pourtant Daniel Auteuil et Catherine Frot, ou encore Guy de et avec Alex Lutz qui, malgré une presse dithyrambique, n'a vendu que 175 000 tickets.

Tendance 2019 (=) : Cet été, La Source avec le rappeur Sneazzy, Je promets d'être sage avec Pio Marmaï et Léa Drucker, puis L'Esprit de famille d'Eric Besnard avec Josiane Balasko et François Berléand, Docteur ? avec Michel Blanc, ou encore Lucky avec Alban Ivanov, Michael Youn et Florence Foresti. Essentiellement des comédies donc, parmi lesquelles forcément une, voire plusieurs pépites du box-office.

10. Philippe Lacheau, acteur et réalisateur

Nicky Larson

Philippe Lacheau (à droite), dans Nicky Larson et le parfum de Cupidon.

© / Sony

Atouts : Nicky Larson et le parfum de Cupidon, qu'il a interprété et mis en scène, confirme le solide potentiel populaire de sa bande (composée de Tarek Boudali, Elodie Fontan, Julien Arruti).

Handicaps : 1,6 million de spectateurs pour Nicky Larson..., c'est bien mais très en dessous d'Alibi.com (3,6 millions) ou d'Epouse-moi mon pote de son complice Tarek Boudali (2,4 millions). Comme si "la bande à Fifi" comme on l'appelle ne devait pas sortir de sa zone de confort : de la comédie mainstream bien à eux, et non fondée sur une licence comme Nicky Larson, trop vieille pour leur public.

Tendance 2019 (-) : Il vient de signer avec Cinéfrance Studio pour un nouveau long-métrage, et en a deux autres de prévus avec ses producteurs habituels Christophe Cervoni et Marc Fiszman (Babysitting, Babysitting 2, Nicky Larson...). En septembre, il jouera dans le deuxième film de et avec Tarek Boudali, 30 jours max, une comédie policière entre Inspecteur La Bavure et Y a-t-il un flic pour sauver la Reine (ou le président ?, Hollywood ?, etc.). Ça promet.

11. Thomas Lilti, réalisateur

Thomas Lilti, entouré par les acteurs Vincent Lacoste et William Lebghil, lors de la présentation de "Première année" au festival du film d'Angoulême, le 25 août 2018

Thomas Lilti, entouré par les acteurs Vincent Lacoste et William Lebghil, lors de la présentation de "Première année" au festival du film d'Angoulême en 2018.

© / afp.com/Yohan BONNET

Atouts : Epaulé par ses producteurs de toujours Agnès Vallée et Emmanuel Barraux, cet ancien médecin généraliste ne connaît pas l'échec. Première année a attiré plus d'un million de spectateurs, sa série Hippocrate sur Canal + a été plébiscitée... Son credo médical est une manne artistique et financière.

Handicap : Son credo, justement. La médecine, c'est formidable, mais saurait-il raconter autre chose ?

Tendance 2019 (-) : La deuxième saison d'Hippocrate se tournera à l'automne.

12. Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR

Atouts : Le Circuit Georges-Raymond (CGR), créé en 1966 et toujours implanté à La Rochelle, est repris en 2001 par cet exploitant agenais féru de modernité. En 2017, il développe les salles "Ice Lightvibes" (dans lesquelles les lumières et le son s'adaptent au film projeté). Il rachète également les complexes Cap'Cinéma, permettant à CGR de passer devant UGC et devenir le deuxième groupe d'exploitation avec 413 écrans. En outre, il s'est associé avec François Clerc (lire plus haut), lui permettant d'avoir un pied dans la distribution et la production.

Handicap : Il n'a aucune salle à Paris. Mais au su du résultat net du CA 2018, plus de 11 milliards d'euros, est-ce vraiment nécessaire ?

Tendance 2019 (=) : Il exporte son concept "Ice Lightvibes" aux Etats-Unis. Entre autres pays...

13. Mathieu Tarot, producteur

Atouts : Audacieux dans ses choix, il a financé Rebelles, comédie tarantinesque à Boulogne-sur-Mer ! 918 000 entrées prouvent qu'il a eu raison. Et il s'en sort honorablement avec Un homme pressé (avec Fabrice Luchini), 696 000 tickets vendus.

Handicap : L'audace ne paye pas toujours. 136 000 entrées pour Volontaire (avec son épouse Hélène Fillières), c'est bien trop peu.

Tendance 2019 (-) : Marc-Olivier Fogiel lui a confié le soin de produire l'adaptation en téléfilmde son livre, Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? (plus de 30 000 exemplaires vendus).

14. Liza Benguigui, productrice

Atouts : Fidèle au réalisateur Louis-Julien Petit (qui le lui rend bien depuis Discount et Carole Matthieu), elle a produit Les Invisibles, 1,3 million d'entrées.

Handicap : Elle ne produit que Louis-Julien Petit. Ce serait pas mal qu'elle élargisse son champ d'action.

Tendance 2019 (-) : Il suffisait de demander ! Elle élargit (enfin) son champ d'action : Un instinct violent, un premier long réalisé par Vincent Duquesne, et un autre premier de Gabriel Ohayon, Les Pieds sur terre, une comédie romantique avec Joséphine Japy (Mon inconnue). Sinon, elle développe le nouveau film de... Louis-Julien Petit. Etonnant, non ?

15. Christian Clavier, acteur

Convoi exceptionnel

Christian Clavier, Gérard Depardieu dans Convoi exceptionnel.

© / Copyright Nicolas Schul

Atouts : Il est la tête de gondole de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?, l'incontournable interprète d'Astérix (il lui a prêté sa voix dans le film d'animation Astérix -Le secret de la potion magique)... et une valeur rassurante pour les chaînes télé friandes d'acteur populaire.

Handicap : Son seul nom n'est plus synonyme de succès. Et c'est bien dommage quand il s'agit de Convoi exceptionnel de Bertrand Blier qui, malgré sa présence au côté de Gérard Depardieu, n'attire que 122 000 spectateurs.

Tendance 2019 (-) : Le 3 juillet, il sera à l'affiche d'Ibiza, une comédie avec Mathilde Seigner et Joey Starr. En attendant de tourner dans Le Chat du rabbin de Johann Sfar qui adapte sa fameuse BD. Il est également annoncé dans 100% Bio de Fabien Onteniente, avec Josiane Balasko. On parie que c'est une comédie.

16. François Ozon, réalisateur

Le réalisateur français François Ozon reçoit le Prix du jury du festival de Berlin pour son film "Grâce de Dieu", le 16 février 2019

En février 2019, François Ozon a reçu le Prix du jury du festival de Berlin pour Grâce de Dieu.

© / afp.com/Odd ANDERSEN

Atouts : Grâce à Dieu, 914 000 entrées, est son meilleur film, produit par Eric et Nicolas Altmayer qui le suivent depuis Potiche en 2010. Une fois n'est pas coutume, Ozon a fait l'unanimité et se retrouve à nouveau dans le peloton de tête des cinéastes français.

Handicaps : Plus aucun. L'engouement généré par Grâce à Dieu est tel que l'ardoise de l'inepte L'Amant double est effacée.

Tendance 2019 (-) : Aucun projet annoncé officiellement, mais il travaille sans doute sur un nouveau film (il en fait quasiment un par an) certainement produit par les frères Altmayer.

17. Sandrine Kiberlain, actrice

Mon bébé

Sandrine Kiberlain avec Thaïs Alessandrinn dans Mon bébé.

© / Copyright David Koskas

Atouts : Elle est épatante dans Mon bébé de Lisa Azuelos, excellente dans Pupille... C'est une des meilleures comédiennes françaises actuelles.

Handicap : Elle doit faire plus attention aux scénarios dans lesquels elle s'embarque, comme Amoureux de ma femme de Daniel Auteuil ou Fleuve noir d'Erick Zonca, cuisants échecs publics et critiques.

Tendance 2019 (-) : Elle fait gaffe, justement. Et attend d'être sûre pour annoncer un projet.

18. Stéphane Célérier, distributeur et producteur

Atouts : Sa fidélité à François Ozon lui permet de faire un beau succès avec Grâce à Dieu, il crée la surprise avec Le Jeu de Fred Cavayé (1,6 million de spectateurs) et il a raison contre tous avec Sauver ou périr (1 million d'entrées), l'histoire poignante et authentique d'un pompier à laquelle (presque) personne ne croyait. Passionné, il fonctionne au coup de coeur -parfois mal payé, comme dans le cas du magnifique C'est ça l'amour avec Bouli Lanners, seulement 102 000 entrées.

Handicaps : Des comédies décriées et boudées par le public comme Just a gigolo (276 000 entrées) ternissent l'exigence éditoriale de sa société. En outre, il paye très cher des films américains qui ne rapportent rien -comme Une femme d'exception, seulement 91 000 tickets vendus. Chic, mais pas rentable.

Tendance 2019 (+) : Il a comme toujours un line-up impressionnant, dans lequel quelques films pourraient se révéler de bonnes surprises au box-office : les comédies Ni une, ni deux avec Mathilde Seigner, Roxane avec Léa Drucker, Made in China avec Frédéric Chau, ou, dans un tout autre genre, le thriller énigmatique Les Traducteurs de Régis Roinsard.

19. Pascal Caucheteux, producteur

Atouts : sûrement déçu par les 843 000 entrées de Frères Sisters de Jacques Audiard, il peut s'enorgueillir d'avoir produit un des meilleurs films de l'année dernière (4 césars tout de même). Il est donc en baisse sur le marché, mais demeure très fort rapport aux auteurs. "Un bon producteur disait Georges de Beauregard (A bout de souffle), c'est un homme qui a la chance d'avoir croisé dans sa vie un bon réalisateur". Sous entendu : et capable de le garder. Dans le genre, Caucheteux est très, très bon : Jacques Audiard, Arnaud Desplechin, Ken Loach...

Handicap : Pas d'éclat au box-office depuis très longtemps. Trop longtemps.

Tendance 2019 (+) : Roubaix, une lumière d'Arnaud Desplechin ou Sorry, we missed you de Ken Loach, tous deux en compétition à Cannes, pourrait renverser la vapeur.

20. Didier Duverger et Anne Flamant, directeur général de Natixis Coficiné et directrice du département cinéma de Neuflize OBC

Atouts : Ce sont les banquiers du cinéma. Sans eux, pas d'escomptes, pas de crédits, pas de films. Natixis Coficiné, dont le trio de tête est composé de Didier Duverger, Isabelle Terrel (DG déléguée) et Silvia Laj (directrice), accorde un milliard d'euros de crédit chaque année (dans les films, séries, salles) et pas qu'en France ! Dans tous les pays européens, mais également aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. C'est le leader historique du marché, mais comme toute citadelle d'importance, elle est assiégée. Notamment par Neuflize OBC, 40 ans d'existence, dirigée par Anne Flamant sous le contrôle de son président Laurent Garret. Gestionnaire de 1500 comptes (autant dire que quasiment tous les producteurs et artistes sont leurs clients), l'organisme encourt 500 millions d'euros de crédit.

Handicap : Leur rôle est actif, mais pas créatif. Il leur manque un bras armé pour générer des projets, comme quand Neuflize OBC avait créé, en 2013, un fonds d'investissement avec Cinéfrance -rentable et productif la première année, beaucoup moins ensuite, d'où un désengagement de la banque. Renouveler l'expérience les ferait sortir de leur zone de confort, mais aiderait considérablement les productions plus modestes.

Tendance 2019 (=) : Comme ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse, leur rôle sera capital dans les bouleversements provoqués par les nouvelles lois de financement dues à l'importance croissante des plateformes.

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