Jessie Inchauspé : sa méthode révolutionnaire contre l'abus de sucre
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Jessie Inchauspé : sa méthode révolutionnaire contre l'abus de sucre

Anne-Cécile Beaudoin Vidéo William Smith Photos Vincent Capman , Mis à jour le

Elle est en passe de conquérir le monde avec une méthode révolutionnaire et simple pour lutter contre le mal du siècle : l’abus de sucre. 

Pour cette instagrameuse à succès, pas question de prêcher un énième régime à base de privations. En s’appuyant sur la science, elle diffuse un message crucial : si le glucose est indispensable, il ne doit pas arriver trop vite dans le sang, d’où l’importance d’en ralentir la digestion en le plaçant en fin de repas. Une recette de santé que Jessie Inchauspé détaille dans son livre, « Faites votre glucose révolution ». Avec elle, la diététique , c’est du gâteau. 

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Combien sommes-nous à ne plus jamais nous réveiller en pleine forme le matin ? Pour tenir, certains carburent aux sucreries ; d’autres, aux boissons énergétiques. Un peu de sport, beaucoup de régimes aux noms improbables. On a beau prendre soin de soi, la fatigue s’accumule et les kilos débordent sans que le naufrage de la vieillesse puisse tout expliquer. Et puis Jessie Inchauspé a débarqué sur Instagram. Longue, mince, une présence solaire et une forme olympique, malgré les décalages horaires lorsqu’elle saute d’un avion à l’autre à New York ou Paris. Son secret ? À force de recherches scientifiques et de tests sur elle-même, cette biochimiste de 29 ans a fini par dénicher l’un des coupables qui nous bouffent la vie : le glucose ...

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Il n’y a pas que les diabétiques qui doivent surveiller leur glycémie

Son enquête a débuté après un grave accident. « J’avais 19 ans, raconte-t-elle, et j’étais en vacances à Hawaii avec des amis. Un après-midi, nous sommes partis randonner, et on a eu la mauvaise idée de sauter du haut d’une cascade. Résultat, mes vertèbres ont été compressées comme des dominos. » La jeune fille subit une lourde opération, mais son corps guérit en quelques mois. « Ensuite, c’est mon âme qui a eu besoin d’aide. Toute l’angoisse que j’avais ressentie avant l’opération s’était transformée en détresse mentale. Lorsque je me regardais dans un miroir, je me voyais comme une étrangère. Des crises de panique affluaient, j’avais envie de mourir. » Un diagnostic est posé : Jessie souffre d’un trouble dissociatif, qui se manifeste par un détachement de soi-même ou de la réalité. « Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à surmonter cet épisode, d’autant que j’ai toujours été bien dans mes baskets. Mes parents ont divorcé quand j’avais 6 ans, mais cela n’a pas été un traumatisme. J’ai grandi dans le XVIe arrondissement de Paris, entourée de la tendresse de ma mère, avec un beau-père fabuleux, Franklin Servan-Schreiber, qui m’a encouragée à poursuivre des études scientifiques. J’adorais nos longues discussions avec son frère, David Servan-Schreiber. Lui aussi m’a beaucoup guidée. Rien ne pouvait expliquer mon profond mal-être. »

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Après avoir obtenu une licence de mathématiques à Londres, puis un master de biochimie à Washington, Jessie met le cap sur la Silicon Valley. Objectif : travailler dans une entreprise à la pointe de la technologie de santé pour comprendre comment se réconcilier avec son corps. Elle décroche un poste de chef de produit chez 23andMe, la start-up de ses rêves, spécialisée dans la recherche génétique. Experte de la vulgarisation des sujets complexes, Jessie est chargée d’expliquer les travaux scientifiques à 10 millions de clients. En 2018, 23andMe décide de lancer un nouveau projet autour des capteurs de glucose. Il s’agit d’un petit appareil en forme de disque que l’on fixe en haut du bras et qui enregistre à intervalles réguliers notre glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang. Il suffit de le scanner avec son téléphone pour afficher sa courbe de glucose. « Quand l’équipe a annoncé le démarrage d’une étude sur les réactions de l’organisme des non-diabétiques à leur alimentation, j’ai tout de suite participé. Mais j’étais à mille lieues d’imaginer ce que j’allais découvrir ! »
Équipée de son capteur, Jessie joue les cobayes.

Shemas
©

La glycémie (concentration de glucose dans le sang) de Jessie deux heures après différents repas. Plus la courbe est basse et étalée dans le temps, mieux c’est. Plus elle est haute et concentrée, plus l’organisme se fatigue à fabriquer de l’insuline.

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« Chaque fois que j’avalais quelque chose, quand je me sentais bien ou quand je me sentais mal, lorsque je faisais du sport, etc. je vérifiais mon taux de glucose. Mon laboratoire, c’était ma cuisine. » Elle tient un journal de bord de son alimentation, crée un logiciel pour illustrer ses conclusions en jolis graphiques faciles à lire, parle de ses découvertes à ses amis, qui lui demandent de tester de plus en plus d’aliments. Et pour que tout le monde en profite, Jessie ouvre son compte Instagram, @glucosegoddess, en avril 2019. « À mesure que la communauté grandissait, réagissait à mes expériences et me communiquait ses résultats, j’allais de surprise en surprise. Je tenais enfin une piste : presque chaque problème physique ou mental est lié à la glycémie. Le brouillard cérébral dont je souffrais depuis mon accident correspondait souvent à une forte hausse de glucose, et la somnolence à un gros creux. Les fringales étaient associées à une glycémie en dents de scie. Lorsque je me levais fatiguée, mon taux de glucose avait été élevé toute la nuit. » Car cette molécule, qui pénètre dans notre organisme par les féculents et les aliments sucrés, ne perturbe pas seulement les diabétiques. Une étude menée aux États-Unis a en effet révélé que 90 % des non-diabétiques ont des pics de glycémie tous les jours, sans le savoir.

« Le glucose, poursuit Jessie, est la principale source d’énergie de notre corps. Le problème, c’est son dosage. Lors d’un pic, nos cellules n’arrivent pas à gérer l’afflux et ne produisent plus l’énergie correctement, d’où cette sensation de fatigue et d’envie de manger continuelle. Les cellules se mettent à créer des radicaux libres, qui déclenchent le processus inflammatoire avec, à la clé, les imperfections cutanées. L’accumulation des pics de glucose accélère le vieillissement. Pour combattre ces effets négatifs, le pancréas produit de l’insuline. Cette hormone répartit le glucose dans le foie, les muscles, puis stocke le surplus dans les réserves de graisses. Et c’est comme ça que l’on grossit ! » À long terme, une glycémie trop élevée contribue au développement de maladies chroniques comme le diabète de type 2, le syndrome des ovaires polykystiques, le cancer et les maladies cardiaques. Ces pics influent aussi sur notre santé mentale et engendrent davantage d’anxiété, de dépression et de troubles du sommeil. Alors, quelle stratégie adopter pour stabiliser sa glycémie de manière rapide et durable sans s’astreindre à un régime ?

Dès que le repas est terminé, marchez! Dix minutes suffisent pour éviter le coup de barre

Jessie décortique des centaines d’études sur la nutrition, confronte ses hypothèses, et finit par dénicher la solution dans un article publié en 2015 par l’université Cornell, aux États-Unis. « Il démontre que, si nous mangeons les éléments d’un repas dans un ordre précis, nous réduisons le pic de glucose global de 73 % et le pic d’insuline associé de 48 %. Cela est vrai pour chacun de nous, qu’on soit diabétique ou non. Le bon ordre, c’est donc : les fibres d’abord, les protéines et les graisses ensuite, les féculents et les sucres en dernier. D’après les chercheurs, l’impact de cet enchaînement est comparable aux effets des médicaments prescrits aux diabétiques pour limiter les pics de glucose. J’ai donc testé ce principe et, miracle, ma glycémie n’a plus joué au yoyo ! Quinze jours plus tard, je n’en revenais pas : j’avais réglé 75 % de ma détresse mentale. Le reste a guéri grâce à des thérapies. »

Ne pas modifier son alimentation est possible à condition de respecter un certain ordre. « Tous les aliments que nous mangeons atterrissent dans notre estomac puis s’évacuent par l’intestin grêle, où ils sont décomposés avant de passer dans le sang, détaille Jessie. Si les glucides sont les premiers à parvenir dans l’estomac, ils transitent très rapidement et provoquent un pic de glucose. En revanche, si nous commençons par les légumes, la situation change radicalement : leurs fibres tapissent l’intestin grêle d’un gel visqueux qui ralentit le passage du glucose et atténue son impact. » Exemple d’un déjeuner avec Jessie : asperge vinaigrette, puis ratatouille de légumes, puis poisson grillé avec frites… et mayonnaise ! Si elle avait eu encore faim, Jessie aurait ajouté du pain avec du fromage, et une pâtisserie en dessert. Ou un fruit, à consommer toujours en dernier, et pas en jus afin de conserver les fibres. « L’idée, c’est de ne pas sauter sur le sucre le ventre vide, sinon c’est le pic assuré. »

Jessie Inchauspé «Ne pas sauter sur le sucre le ventre vide, sinon c’est le pic assuré»

Grignotez plutôt des amandes ou des noix, et préférez un snack salé. Le petit déjeuner aussi doit être salé. Si l’on n’y arrive pas tout de suite, on ajoute de la protéine (omelette, poudre de pois sur un yaourt grec…), du bon gras (avocat), et l’on sucre avec de l’aspartame, de la stevia ou du fruit du moine. Envie d’un brownie en dehors des repas ? Jessie a trouvé l’astuce pour moduler la glycémie : « Juste avant, j’avale une cuillerée à soupe de vinaigre de cidre diluée dans un grand verre d’eau. Le vinaigre est un ingrédient magique, ses bienfaits sont connus depuis des siècles, mais les scientifiques n’en ont compris les mécanismes que récemment. Il permet de diminuer le pic de glucose de 8 % à 30 % et tempère l’insuline d’environ 20 %. » On peut l’utiliser à tout moment, mais le plus simple est de toujours débuter par un élément végétal arrosé de vinaigrette (2 cuillères à soupe d’huile, 1 cuillère à soupe de vinaigre). Dernier conseil : dès que le repas est terminé, marchez. Dix minutes suffisent pour éviter le coup de barre de la digestion.

Le compte Instagram de Jessie affiche aujourd’hui plus de 500 000 abonnés, et le livre dans lequel elle dévoile son histoire et ses conseils se vend comme des petits pains complets… aux États-Unis et en Angleterre. Elle sourit : « Les témoignages positifs ne cessent d’affluer. Ça me rend tellement heureuse de savoir que des gens se sentent mieux ! »

Alors, on a testé. Et il faut avouer que c’est bluffant. Peu contraignante, la méthode diminue la somnolence en journée, rassasie plus vite, atténue les envies compulsives de friandises. Le sucre devient un choix, il n’est plus une dépendance. Tout en savourant son succès, Jessie Inchauspé réfléchit déjà à mille autres projets : « Écrire un livre de recettes, monter des programmes de formation pour les nutritionnistes, les écoles, les entreprises et les restaurants, et permettre de visualiser le système nerveux, comme je l’ai fait pour le glucose, afin d’améliorer la santé mentale… » Et d’ajouter : « Mais le plus important, pour moi, c’est de consacrer du temps à ma famille et à mes amis. Ils sont la clé de mon bonheur. » 

«Faites votre glucose révolution», de Jessie Inchauspé, éd. Robert Laffont, 368 pages, 19 euros. Parution en France le 5 mai. 

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