En prévision des élections européennes du 9 juin, RTL Radio organisait lundi un premier débat entre deux candidats têtes de liste: Fernand Kartheiser pour l'ADR et Charles Goerens pour le DP.

"Si l'ADR obtient un siège aux élections européennes, le parti luxembourgeois aura affaire à des personnes très bizarres dans le groupe parlementaire des 'Conservateurs et Réformistes européens'. Des post-fascistes à la Meloni d'Italie, à la Orban de Hongrie ou des frères polonais Kaczynski. Sur le plan économique, il y aura moins de difficultés avec eux, mais sur le plan social, le respect de l'État de droit sera un sujet de discorde", a déclaré lundi sur RTL l'eurodéputé DP sortant, Charles Goerens. "L'ADR sera une autre voix", lui a répliqué Fernand Kartheiser. "Jusqu'à présent, nous avons quatre partis luxembourgeois au Parlement européen, mais ils suivent la même politique. Notre objectif est de représenter les intérêts du Luxembourg en Europe avec une voix différente."

Liberté de pensée versus censure

Il existe entre les deux politiciens des divergences en termes de valeurs. Charles Goerens et sa fraction placent très haut le respect de l'Etat de droit. Tout comme les quatre partis luxembourgeois (CSV, LSAP, DP et déi Gréng) qui représentent actuellement le Luxembourg au Parlement européen. Mais la fraction que rejoindrait l'ADR, le met en péril, selon Charles Goerens. Fernand Kartheiser trouve en revanche que ce sont précisément ces quatre partis qui ont mis ces valeurs en danger, notamment les libertés individuelles avec l'interdiction du moteur thermique. La tête de liste ADR a aussi cité comme exemple de restriction à la liberté de pensée le "Digital Services Act". Même s'il reconnaît que tout ne peut pas être permis dans le monde virtuel, Fernand Kartheiser considère la loi sur les services numériques comme une censure, car tout ne peut plus être partagé en ligne. Charles Goerens, pour sa part, se dit "fier" d'avoir voté le Digital Services Act. C'est la première tentative au monde pour faire en sorte qu'on ne puisse plus laisser circuler "n'importe quelle saloperie" sur les plateformes.

Migration

A propos de la migration, Charles Goerens critique le fait que des membres de la fraction des Conservateurs et Réformistes européens, que pourrait rejoindre un eurodéputé ADR en cas d'élection, ont carrément parlé de "remigration". "Rien qu'en Allemagne, il faudrait alors renvoyer chez eux 30 millions de personnes." Fernand Kartheiser réplique qu'il ne s'agit pas de "comparer [l'ADR] avec l'AfD". "Depuis 2015,... nous avons aussi une migration en Europe pour raisons économiques, et une grosse, et nous ne parvenons pas à la maîtriser." L'ADR souhaite trouver un système efficace pour faire cesser cette migration illégale dans le respect de la dignité.

Principe de l'unanimité 

La question de savoir si le principe de l'unanimité doit être maintenu, particulièrement sur les questions fiscales, a également été abordée lors du débat. Dans divers domaines de la politique européenne, l’unanimité est la règle. Cela signifie que chaque État dispose d’un droit de veto. Charles Goerens appelle à ce que cette règle soit en partie levée, car elle bloque de nombreuses décisions et freine ainsi l'Union européenne. Ce droit de veto n'est pas une "panacée". Il faut le compléter avec d'autres mesures. Le parti de Charles Goerens, le DP, n'est cependant pas du même avis et il a voté la semaine dernière, une motion de l'ADR qui demande que l'unanimité soit conservée en tant que principe.

Fernand Kartheiser donne raison au ministre des Affaires étrangères Xavier Bettel, qui a déclaré dans l'émission de RTL Background, qu'en cas de levée de ce principe,"un rouleau compresseur déferlerait sur la place financière luxembourgeoise." Il ne s'agit pas de bloquer l'Europe, "nous voulons aussi continuer à construire l'Europe, nous aimons aussi le marché intérieur, nous aimons aussi les Financial Services, Investment Acts etc, qui positionnent bien l'Europe au niveau mondial, mais nous n'abandonnerons pas les intérêts luxembourgeois."