Lot-et-Garonne : Dix ans plus tard, Jérôme Cahuzac revient dans l’arène politique
COME-BACKJérôme Cahuzac fait son come-back politique dans le Lot-et-Garonne

Lot-et-Garonne : Dix ans plus tard, Jérôme Cahuzac revient dans l’arène politique

COME-BACKAprès sa condamnation en 2018 pour fraude fiscale, notamment à cinq ans d’inéligibilité, l’ex-ministre socialiste tente de se relancer dans son fief du Lot-et-Garonne, ce qui agite la classe politique
Jérôme Cahuzac en déambulation ce jeudi sur le marché de Monsempron-Libos, près de Fumel (Lot-et-Garonne)
Jérôme Cahuzac en déambulation ce jeudi sur le marché de Monsempron-Libos, près de Fumel (Lot-et-Garonne) - PHILIPPE LOPEZ  / AFP
20 Minutes avec AFP

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Il aura suffi à ses « amis » de créer une association, et à l’ex-ministre de tenir une première réunion, pour porter à ébullition le landerneau politique du Lot-et-Garonne : dix ans après sa chute, Jérôme Cahuzac est de retour dans l’arène.

« Ici, il est chez lui. Les gens sont reconnaissants de tout ce qu’il a fait et on a créé une association pour regrouper ses amis », explique Monique Gruelles, ex-secrétaire de section du Parti socialiste à Pujols, une commune voisine de Villeneuve-sur-Lot dont Jérôme Cahuzac a été maire de 2001 à 2012.

Accueil plutôt bienveillant

C’est chez cette fidèle parmi les fidèles que l’association des amis de Jérôme Cahuzac a élu domicile, fin septembre. Deux semaines plus tard, l’ex-ministre du Budget condamné en 2018 pour fraude fiscale (après des révélations de Mediapart en 2013) à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et cinq ans d’inéligibilité, réunissait 400 personnes un vendredi soir dans la salle des fêtes de Pujols. Le lendemain matin, à 71 ans, il réalisait « un rêve », comme il l’a expliqué au journal Sud Ouest : revenir au marché de Villeneuve.

Ce jeudi à Monsempron-Libos, près de Fumel, il a reçu un accueil plutôt bienveillant, sans hostilité marquée ni effervescence majeure, sur un autre marché de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, dont il fut député durant dix ans.

« Il a fait beaucoup pour le Villeneuvois, donc qu’il revienne pourquoi pas », a déclaré Dany, retraitée de 73 ans. Daniel, 75 ans, se dit également « prêt à lui donner une seconde chance ». A l’inverse, Claude, 75 ans, « se demande ce qu’il vient foutre ici ». « Quand on a été un ministre menteur, dissimulateur et fraudeur du fisc, venir ici pour faire un retour en politique, ça me choque », ajoute-t-il. « Ce n’est pas normal qu’il ait menti à l’Assemblée, ça, ça ne passe pas », estime aussi Robert, 73 ans.

« Je ne pense pas qu’il fasse ça pour rien »

À trois ou quatre ans des prochaines échéances (municipales en 2026, législatives en 2027), les spéculations vont bon train sur ses intentions. « Tout est une question de circonstances, pour moi comme pour un autre », a-t-il esquivé dans Sud Ouest.

« Je ne pense pas qu’il fasse ça pour rien », estime l’ex-député (LREM) de la 3e circonscription Olivier Damaisin. « S’il se présentait à Villeneuve, il représenterait un danger pour l’actuel maire, Guillaume Lepers (LR). Il est Macron-compatible mais il est avant tout Cahuzien, hors des partis », ajoute celui qui fut battu en 2022 par Annick Cousin (RN).

L’édile LR de Villeneuve n’a pas souhaité commenter mais il a retiré la délégation d’une élue de sa majorité qui a déambulé sur le marché aux côtés de l’encombrant prédécesseur. « La directrice de cabinet m’a envoyé un SMS cinq minutes après pour me convoquer dans le bureau du maire dès le lundi », raconte Estelle Henault-Blineau (Renaissance), pour qui cette réaction trahit « une peur d’un retour » de l’ancien socialiste.

« Il n’aura pas l’étiquette d’un parti, c’est difficile de gagner sans… »

À Fumel, le maire LR, Jean-Louis Costes, fulmine. « Avec Cahuzac, l’indécence n’a pas de limite, fidèle à lui-même et à son ego surdimensionné, il pense que les Villeneuvois le désirent (…) Aujourd’hui Cahuzac a un droit : celui de se faire oublier », tacle l’ancien député de la 3e circonscription, élu en 2013 lors du scrutin partiel qui suivit le scandale.

« Après avoir été condamné pour fraude fiscale, il n’aura pas l’étiquette d’un parti, c’est difficile de gagner sans… et puis il n’aura plus sa réserve parlementaire pour asseoir son pouvoir », égratigne la députée de la circonscription voisine, Hélène Laporte (RN), dont le grand-père fut candidat aux législatives en 1997 contre… Jérôme Cahuzac.

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