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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Billet de blog 23 mars 2020

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Croire ou ne pas croire : l’horreur humaine

L’actrice Chris Macneil est dépassée par les souffrances de sa fille possédée par un mal inquiétant autodestructeur.

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Illustration 1
"L’Exorciste" (The Exorcist) de William Friedkin © Warner Bros.

Sortie Blu-ray : L’Exorciste de William Friedkin

Après French Connection, William Friedkin s’est attelé à un autre film culte de l’histoire du cinéma avec L’Exorciste. Et pourtant, il ne s’agissait pas d’un sujet personnel et le projet a été proposé à plusieurs autres cinéastes de renom avant de lui être échu. Le cinéaste se l’approprie totalement, se donnant corps et âme pour un film qui avait encore peu d’équivalents par ses choix de mise en scène et contribuait à donner la voix à une décennie fertile de cinéma d’horreur. Plus de 40 ans plus tard, le film n’a pris aucune ride et partage encore ses multiples lignes de lecture possible. Tout commence par le choix hyper réaliste du traitement comme s’il s’agissait de la triste réalité documentaire d’une société prise dans sa quotidienneté sans excès de fiction. William Friedkin a ainsi non seulement refusé de faire appel à des acteurs connus pour interpréter les rôles principaux mais a même demandé à de vrais prêtres de jouer leur rôle sur le thème quelque peu tabou pour le Vatican à l’époque de l’exorcisme. Ce choix de mise en scène s’inscrit dans une démarche métaphysique d’interroger la foi de chacun, pas seulement sur la croyance religieuse.

Au cœur du film se situent des scènes de violence extrême peu communes pour le grand public de l’époque qui conduisent peu à peu à faire accepter à une mère non croyante à faire appel à une pratique religieuse issue des temps les plus sombres des siècles passés où la religion avait le droit de vie ou de mort, essentiellement sur des femmes condamnées pour sorcellerie. C’est encore une histoire de femmes incomprises qui se retrouvent dès lors face à des hommes (médecins, psychiatres, prêtres) usant abusivement de leur posture de sachant pour justifier leurs propres violences physiques au nom de la discipline qu’ils servent. Il plane une potentielle condamnation d’une femme indépendante économiquement qui s’occupe seule de sa fille, de la part d’hommes aux rôles sociaux distincts. L’horreur réaliste s’affirme encore de manière d’autant plus pernicieuse que les forces du mal ne semblent avoir en face d’elles aucune contrepartie d’anges du bien pour lutter contre elles. Autrement dit, l’espèce humaine est entièrement entre les mains d’une puissance capable de détruire par l’humiliation la plus profonde l’innocence d’une jeune fille et le cinéaste assume pleinement son regard agnostique pessimiste de l’humanité.

Illustration 2

L’Exorciste
The Exorcist
de William Friedkin
Avec : Ellen Burstyn (Chris MacNeil), Max von Sydow (le père Lankester Merrin), Lee J. Cobb (le lieutenant William « Bill » Kinderman), Kitty Winn (Sharon Spencer), Jack MacGowran (Burke Dennings), Jason Miller (le père Damien Karras), Linda Blair (Regan Theresa MacNeil), Mercedes McCambridge (la voix de Pazuzu), Révérend William O'Malley (le père Joseph Dyer), Barton Heyman (le docteur Klein), Peter Masterson (le docteur Barringer), Robert Symonds (Taney), Arthur Storch (le psychiatre), Révérend Thomas Bermingham (Tom), Rudolf Schündler (Karl), Vasiliki Maliaros (la mère du père Karras), Títos Vandís (l'oncle du père Karras)
USA – 1974.
Durée : 133 min
Sortie en salles (France) : 11 septembre 1974
Sortie France du Blu-ray : 2 octobre 2019
Format : 1,78 – Couleur
Éditeur : Warner Bros. Entertainment France


Bonus :
Documentaire en 3 parties qui retrace la production du film et son héritage :

  • « Faire une scène : filmer l’Exorciste »
  • « Les extérieurs de l’Exorciste : Georgetown d’hier et d’aujourd’hui »
  • « Visages du démon : les différentes versions de l’Exorciste »

Commentaire audio de William Friedkin

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