La Parure, Guy de Maupassant : résumé
Fiche de lecture
La Parure, Guy de Maupassant
Contexte

La Parure est une nouvelle réaliste publiée pour la première fois le 17 février 1884 dans Le Gaulois, un journal littéraire et politique avec lequel Maupassant collabora à de nombreuses reprises puisque plusieurs de ses nouvelles et chroniques furent publiées dans ce quotidien.
La Parure sera éditée l’année suivante dans le recueil de nouvelles intitulé Contes du jour et de la nuit.
Cette nouvelle compte parmi les quelques trois-cents nouvelles et six romans que Maupassant écrivit dans la décennie la plus prolifique de sa carrière littéraire, entre 1880 et 1890.

Personnages

Mathilde Loisel : Elle est l’épouse de M. Loisel. C’est une belle jeune femme qui a l’apparence et l’esprit d’une grande dame. Elle rêve d’une vie meilleure et luxueuse car elle se sent faite pour cela. Elle est condamnée à l’insatisfaction et au mépris de sa condition médiocre.
M. Loisel : Fonctionnaire au ministère de l’instruction publique, il est l’époux de Mathilde Loisel. Fidèle et très amoureux de sa femme, il fait tout pour la rendre plus heureuse.
Mme Forestier : Camarade de couvent de Mathilde, elle vit aisément après avoir épousé un homme riche. Une situation que Mathilde lui envie terriblement. C’est Mme Forestier qui prête la parure à Mathilde.
Autres personnages : * Le ministre de l’Instruction publique

  • Mme Georges Ramponneau (la femme du ministre)
  • Un joallier
Thèmes

L’insatisfaction : Mathilde souffre de sa condition sociale modeste parce qu’elle aspire à une vie raffinée et luxueuse. Plongée dans le rêve d’une vie meilleure et inaccessible, Mathilde méprise la réalité et ne peut s’en satisfaire. Cette contradiction qui torture Mathilde se manifeste sous la plume de Maupassant par une opposition entre le lexique du rêve et celui de la réalité. C’est précisément cette insatisfaction qui précipitera Mathilde et son mari dans une vie misérable. Le dénouement ironique et édifiant de la nouvelle amène le lecteur à penser qu’il est plus sage de chérir ce que l’on a plutôt que de tendre désespérément vers ce qui est inaccessible.
La pauvreté et la richesse : Tout au long de la nouvelle, le lexique de la pauvreté s’oppose à celui de la richesse. Cela symbolise les sentiments contradictoires de Mathilde, qui cherche à fuir la pauvreté et rêve de richesse.
L’apparence : Dans cette nouvelle, Maupassant dénonce l’importance du paraître dans la société de son temps. En effet, Mathilde met tout en œuvre pour avoir l’apparence d’une grande dame riche afin d’oublier sa condition modeste le temps d’une soirée au bal : « Il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir l’air pauvre au milieu de femmes riches. » Mathilde parvient justement à se faire passer pour quelqu’un qu’elle n’est pas, et à s’intégrer parfaitement à un milieu qui lui est étranger, grâce à son apparence soignée. Mais c’est aussi ce désir d’être quelqu’un d’autre qui la perdra et la réduira à la misère.
L’orgueil : C’est par orgueil que M. Loisel et Mathilde ont préféré cacher à Mme Forestier la perte de son collier, et s’endetter sur dix longues années pour racheter le bijou. Ce n’est qu’après avoir remboursé leurs dettes que Mathilde avouera la vérité à sa vieille amie. Le texte de Maupassant dénonce le péché d’orgueil, car si les Loisel avait tout avoué à Mme Forestier dès le début, ils n’auraient pas connu ces dix années de sacrifice pour rembourser une fausse parure.

Résumé

Présentation des personnages et de leur condition (situation initiale)

Mathilde Loisel était une très belle femme qui avait l’élégance, l’esprit et la finesse d’une grande dame de la haute bourgeoisie. Elle était pourtant née dans une famille d’employées et, à défaut de pouvoir se marier à un homme riche et distingué, elle avait consenti à épouser « un petit commis du ministère de l’Instruction publique ».
Elle souffrait beaucoup de sa situation de pauvreté car elle rêvait de vivre dans l’opulence et de posséder meubles, toilettes, bijoux, étoffes du meilleur goût, de faire des dîners fastueux et de recevoir du monde dans des salons coquets pour « la causerie de cinq heures ». En somme, Mathilde rêvait de vivre comme une grande dame car « elle se sentait faite pour cela ».

L’invitation au bal

Un soir, son mari espérait lui faire plaisir en lui donnant un carton d’invitation à une soirée que donnaient le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau à l’hôtel du ministère. Mais Mathilde fut au contraire très irritée puisque, n’ayant aucune robe à mettre pour se rendre à cette soirée, elle envisageait de décliner l’invitation que son mari avait eu tant de mal à obtenir. Pour consoler sa femme, Monsieur Loisel décida de sacrifier les 400 francs qu’il avait économisés pour s’offrir un fusil afin qu’elle puisse s’acheter une belle robe.
À quelques jours de la fête, Mathilde avait trouvé sa robe mais elle était très ennuyée de n’avoir aucun bijoux à porter. Son mari lui suggéra d’emprunter quelques bijoux à Mme Forestier, une amie riche que Mathilde ne voyait plus que rarement tant elle ne pouvait supporter de constater l’aisance dans laquelle elle vivait. Elle rendit donc visite à Mme Forestier, qui lui prêta un magnifique collier de diamants.

La soirée du bal et la perte du bijou (élément perturbateur)

Mathilde Loisel eut un grand succès au bal : « Elle était plus jolie que toutes, élégante, gracieuse, souriante et folle de joie. Tous les hommes la regardaient, demandaient son nom, cherchaient à être présentés. Tous les attachés du cabinet voulaient valser avec elle. Le ministre la remarqua. » Après cette exquise soirée, les époux Loisel finirent par rentrer chez eux en fiacre. Mathilde découvrit alors avec stupéfaction que la rivière de diamants de Mme Forestier n’était plus autour de son cou. Elle était forcément tombée dans la rue ou dans le fiacre. M. Loisel sortit alors pour refaire le trajet qu’ils avaient emprunté mais il ne trouva rien. Il se rendit aussi à la préfecture de police et aux journaux pour faire promettre une récompense. Pour gagner du temps, il conseilla à sa femme d’écrire à son amie que la fermeture de son collier s’était brisée et qu’elle l’avait donné à réparer. Une semaine plus tard, ayant perdu tout espoir de retrouver le collier, le couple se rendit chez plusieurs joailliers de la ville dans le but d’en racheter un. Ils trouvèrent un bijou semblable qui leur coûterait trente-six mille francs. M. Loisel réunit les dix-huit mille francs que son père leur avait laissés et dut emprunter le reste de la somme, compromettant ainsi leur avenir. Mathilde apporta le bijou à Mme Forestier, qui parut agacée que son amie ne lui ait pas ramené plus tôt.

Le travail de dix ans pour rembourser le bijou : ellipse temporelle

Pendant dix ans, M. et Mme Loisel durent travailler avec acharnement pour arriver à rembourser leurs dettes. Le couple s’était épuisé et Mathilde en avait perdu tout l’éclat de sa beauté.

L’aveu à Mme Forestier : conclusion édifiante

Un dimanche, aux Champs-Élysées, Mathilde rencontra par hasard Mme Forestier, qui eut bien du mal à la reconnaître tant elle avait vieilli. Pour répondre à sa réaction et en quelque sorte pour exprimer son soulagement et sa fierté d’avoir tenu bon pendant ces années de misère, Mathilde lui avoua qu’elle avait perdu sa rivière de diamants et qu’ils venaient à peine de terminer de payer le bijou qu’ils avaient acheté pour la remplacer.
Mme Forestier fut stupéfaite de cet aveu et répondit à Mathilde avec beaucoup de douleur que la rivière qu’elle lui avait alors prêtée était fausse :
« Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains.
- Oh ! ma pauvre Mathilde ! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs !… »

Citation

Présentation de Mathilde Loisel dans les premières lignes de la nouvelle :

« C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés. »
« […] les femmes n’ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. Leur finesse native, leur instinct d’élégance, leur souplesse d’esprit, sont leur seule hiérarchie, et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames. »
Ce paragraphe rend compte du ravissement de Mathilde Loisel à la soirée du bal :

« Elle dansait avec ivresse, avec emportement, grisée par le plaisir, ne pensant plus à rien, dans le triomphe de sa beauté, dans la gloire de son succès, dans une sorte de nuage de bonheur fait de tous ces hommages, de toutes ces admirations, de tous ces désirs éveillés, de cette victoire si complète et si douce au cœur des femmes. »
« Que serait-il arrivé si elle n’avait point perdu cette parure ? Qui sait ? qui sait ? Comme la vie est singulière, changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver ! »

  • En utilisant ces questions oratoires Maupassant transcrit les pensées de Mathilde qui, épuisée d’avoir travaillé durement pendant dix années pour rembourser leurs dettes, se remémore avec bonheur la merveilleuse soirée qu’elle a vécue, mais avec amertume le malheur qui en a découlé.