Interview Adel Mahamoud | Comores | FC Nantes | Coupe du Monde 2026

Adel Mahamoud (Comores) : "J’ai une grande chance et il faut la saisir"

L’attaquant de 21 ans du FC Nantes a l’intention de saisir toutes les opportunités qui se présentent à lui pour emmagasiner le plus d’expérience possible et disputer le Mondial 2026.

FIFA
  • Joueur de l’équipe réserve du FC Nantes, Adel Mahamoud a déjà connu de belles expériences

  • Avant de disputer son premier match de Ligue 1, le Comorien avait déjà quelques minutes au compteur en qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA 26™

  • L’attaquant de 21 ans, qui a aussi joué la Youth League de l’UEFA, se livre au micro de la FIFA

"La connaissance s’acquiert par l'expérience. Tout le reste n'est qu’information."

Albert Einstein, peu connu pour son amour du sport, ne parlait pas forcément de football quand il a prononcé ces célèbres paroles. Pourtant, celles-ci peuvent parfaitement s’appliquer à ce que vivent les jeunes qui se lancent dans l’aventure du football professionnel.

Certains cumulent en effet les expériences – et donc les connaissances – à une vitesse fulgurante. C’est le cas par exemple d’Adel Mahamoud qui est en train de poursuivre son petit bonhomme de chemin dans le football de haut niveau.

L’attaquant du FC Nantes, en France, a beau n’avoir que 21 ans, il possède déjà un joli vécu au plus haut niveau. Arrivé sur les bords de l’Erdre chez les U-13 en provenance de Viry-Châtillon, il a fait ses classes au prestigieux centre de formation des Canaris jusqu’à porter le maillot jaune et vert avec les U-19 puis aujourd’hui avec l’équipe réserve.

Des expériences nationales et internationales Des expériences nationales et internationales

Au moment de faire ses premiers pas en équipe A nantaise, en Coupe de France contre le Stade Lavallois le 20 janvier 2024 (défaite 1-0) puis en Ligue 1 contre le Stade de Reims huit jours plus tard (0-0), Adel Mahamoud avait déjà goûté à une compétition européenne – la Youth League de l’UEFA – et avait surtout déjà porté le maillot de son pays, les Comores. En plus d’avoir été convoqué chez les U-20, il avait en effet disputé les cinq dernières minutes d’un amical avec les A face à la Tunisie (défaite 1-0) à Radès le 22 septembre 2022, à seulement 19 ans.

"Jouer la Youth League, mais aussi être en U-20 avec son pays et le représenter avec la sélection A, ça ajoute beaucoup de lignes à ton CV", se réjouit Adel Mahamoud, en exclusivité au micro de la FIFA. "La Youth League, c'est incroyable parce que c'est la Ligue des champions des jeunes !", ajoute celui qui a disputé la compétition européenne en 2022/23 en tant que champion national U-19. Cette saison, la génération suivante des jeunes Nantais s’est d’ailleurs hissée jusqu’en demi-finales du tournoi où elle affrontera les Grecs de l’Olympiacos le 19 avril, sans Adel Mahamoud toutefois, qui évolue désormais au niveau au-dessus.

Un apprentissage sur le tard Un apprentissage sur le tard

Si ces lignes ne sont pas arrivées par hasard sur le CV d’Adel Mahamoud, son apprentissage a en revanche été réalisé dans la douleur. À l’adolescence, le FC Nantes a en effet décidé de le renvoyer chez lui en région parisienne pendant un peu plus d’un an en raison de "problèmes de comportements".

"Je suis quelqu'un qui est beaucoup dans la rigolade et je ne prenais pas le foot au sérieux", avoue tout simplement Adel Mahamoud. "Pour moi, le foot était encore un loisir. Par exemple, quand je voulais dribbler, je dribblais, même si ça ne menait à rien. J'en faisais trop. Et je ne me rendais pas compte où le foot pouvait m'emmener. Je l'ai appris tard, ça ne fait pas longtemps que j'ai pris conscience de ça."

Des moments qui changent tout Des moments qui changent tout

Plusieurs éléments ont mené à cette prise de conscience, comme le soutien de sa famille – notamment celui de sa sœur Hamida, de 12 ans son aînée – mais surtout un voyage qui a permis au natif de Juvisy-sur-Orge de retrouver ses racines.

"J’ai passé deux semaines de vacances aux Comores. C’est un pays magnifique. Ce séjour a eu un impact sur moi. J’ai vu un mode de vie différent. J'ai aussi vu d'où venaient mes parents, ça m'a ouvert l’esprit et ça m'a encore plus motivé à vouloir rendre fier tout le monde. Ce voyage est venu au bon moment."

Les résultats sur le terrain ont aussi eu leur effet. "Ce qui a créé le déclic ? C'est le fait aussi d'avoir gagné un trophée avec le FC Nantes en U-19. Et d'avoir connu la sélection des Comores. Ça m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. J'ai vu ce qu’était un monde d'adultes, j'ai vu ce qu’était le ‘vrai’ football, le football d'adultes. C'est là que je me suis dit que j'avais une grande chance et qu’il fallait que je la saisisse."

Aucun risque désormais de voir l’attaquant laisser cette chance lui échapper. Celui que son entraîneur au FC Nantes Stéphane Ziani décrit comme possédant "une première touche incroyable, l’art du contre-pied et une aisance technique au-dessus de la moyenne" a ainsi eu l’opportunité de retourner aux Comores et son monde mature à l’occasion des qualifications à la Coupe du Monde de la FIFA 26™, en novembre dernier.

Il est entré en jeu à deux minutes de la fin de la victoire 4-2 contre la République centrafricaine et est resté sur le banc lors de l’étonnant succès 1-0 contre le Ghana. Il avait déjà disputé un quart d’heure d’un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 2023 face aux futurs champions de la Côte d’Ivoire (revers 2-0) en mars 2023.

Apprendre, apprendre, apprendre Apprendre, apprendre, apprendre

Il s’attèle désormais à garder les yeux ouverts et à intégrer toutes les connaissances possibles auprès des cadres de l’équipe des Comores.

"Quand je les vois sur le terrain, j'aimerais jouer avec eux, combiner avec eux, mais peut-être que ce n'est pas le moment", patiente Adel Mahamoud. "Je regarde, j'apprends et peut-être ce que sera mon tour bientôt."

"Je regarde les autres, comme Rafiki Saïd puisqu’on joue au même poste. [Youssouf] M’Changama aussi. C'est vraiment le joueur type qu'il faut dans une équipe, le joueur exemplaire en tout : en dehors, sur le terrain, dans sa façon de parler. J'ai beaucoup à apprendre de lui et ses conseils pourront beaucoup m'aider. Il y a Faïz Selemani qui est incroyable aussi. Pendant ce rassemblement [de mars], j'étais sur le banc et j'ai pris du plaisir à les regarder. C'était magnifique."

Outre ses grands frères qui garnissent les rangs de l’équipe actuelle, l’attaquant estime que le sélectionneur Stefano Cusin a aussi trouvé la bonne approche. "Stefano est quelqu'un qui adore le football. Je pense qu'il dort sur des livres de foot ou des vidéos de foot (rires). Il nous aime aussi, nous les joueurs. Il met tout en œuvre pour qu'on arrive à nos objectifs. Et d’un point de vue personnel, comme il montre qu'il a beaucoup confiance en moi, en retour ça me donne confiance en moi."

L’Italien a aussi su insuffler un vent d’assurance au sein de l’équipe tout entière. Ainsi, avant les éliminatoires du mois de juin, les Comores pointent en tête du Groupe I après deux succès. De quoi déjà visualiser les Cœlacanthes au Mexique, aux États-Unis et au Canada ?

"Imaginez-vous, on est là-bas" "Imaginez-vous, on est là-bas"

"Franchement moi j'y crois 'de ouf' !", s’enthousiasme Adel Mahamoud. "On y croit tous. Qui ne rêverait pas d'une Coupe du Monde, vraiment ? Avec les jeunes Adel Anzimati et Aymeric [Ahmed], on en a parlé et on rêvait ! On se disait : 'Imaginez-vous, on est là-bas'. Ça paraît loin, mais plus les matches passent, plus on y croit. Et c’est possible avec l'effectif qu'on a. Ça va être dur, mais on peut. On va juste procéder étape par étape."

Procéder petit à petit, et apprendre, toujours apprendre. Par l’observation et l’expérience, ce que ne renierait certainement pas Einstein.


Photos (FC Nantes) : Arnaud Duret @FC Nantes