Sophie et Edward d’Édimbourg, remplaçants de luxe pour Charles et Kate
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Sophie et Edward d’Édimbourg, remplaçants de luxe pour Charles et Kate

Ce 10 mars, le prince Edward fête célèbre son soixantième anniversaire. Portrait d’un travailleur acharné.
Pierrick Geais , Mis à jour le

Depuis l’annonce des maladies de Charles et de Kate, Sophie et Edward d’Édimbourg, habitués à vivre dans l’ombre des Windsor, jouent enfin un rôle de premier plan.

Certes, il n’a peut-être plus 20 ans, mais avec une raquette de badminton entre les mains, il retrouve son énergique jeunesse. Fringant sexagénaire, Edward vient d’atteindre l’âge où la plupart de ses compatriotes se mettent à rêver à leur retraite. Pas lui. Au contraire, il n’en serait qu’aux prémices d’une carrière que beaucoup jugent prometteuse. À commencer par le magazine « Tatler », bible du gotha en Angleterre, qui présage : « Le duc d’Édimbourg vit son grand moment, il va devenir l’homme le plus important de la famille royale. »

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Qui l’eût cru ? Ce 14 mars à Birmingham, Edward assiste donc à des championnats de ­badminton. Un engagement officiel – encore un – qu’il honore aux côtés de Sophie, son épouse et inséparable binôme. « Je pense que nous formons une assez bonne équipe », avait noté quelques jours plus tôt, dans un discours, la duchesse d’Édimbourg.

William, Kate, Sophie et Edward lors d’une garden-party à Buckingham le 9 mai 2023, trois jours après le couronnement de Charles.
William, Kate, Sophie et Edward lors d’une garden-party à Buckingham le 9 mai 2023, trois jours après le couronnement de Charles. Jonathan Brady/AP/SIPA / © Jonathan Brady/AP/SIPA


Ces dernières semaines, le couple est devenu indispensable à l’institution royale. À la suite de la princesse Anne – stakhanoviste de la monarchie, capable d’enchaîner cinq événements dans une journée sans ­souffler –, Edward et Sophie sont des travailleurs acharnés, qui ­remplacent au pied levé Charles et Kate, tous deux ­soignés pour un cancer, mais aussi Camilla et William, dont l’agenda a été allégé pour soutenir leur moitié.

Le duc et la duchesse essaient des vélos adaptés au handicap, à Manchester.
Le duc et la duchesse essaient des vélos adaptés au handicap, à Manchester. AGENCE / BESTIMAGE / © AGENCE / BESTIMAGE


Personne n’aurait parié sur Edward et Sophie, longtemps seconds rôles – si ce n’est figurants – de la Firme. Leur mariage, le 19 juin 1999, n’avait pas passionné les foules. Seulement 200 millions de téléspectateurs, loin des 750 millions rassemblés pour Charles et Diana. Edward n’avait pas eu droit aux honneurs de la splendide abbaye de Westminster ou de la grandiose cathédrale Saint-Paul – où s’étaient mariés ses frères et sœur –, et avait dû se contenter de la chapelle Saint-Georges de Windsor. Pas de chichis donc, pas plus que de chapeaux : les ­invités avaient eu pour consigne de venir tête nue. Une incongruité à laquelle seule la reine mère, 98 ans, n’avait pas voulu se conformer.

Un an plus tôt, le prince et la princesse de Galles promouvaient les vertus de l’exercice physique pour la santé mentale à Port Talbot.
Un an plus tôt, le prince et la princesse de Galles promouvaient les vertus de l’exercice physique pour la santé mentale à Port Talbot. King Jacob/PA Wire/ABACA / © King Jacob/PA Wire/ABACA


Jamais pressés, Edward et Sophie avaient attendu près de six ans avant de se dire « oui ». Elle, fille d’un vendeur de pneus et d’une secrétaire, enfance tranquille dans le Kent, était rétive à l’idée d’intégrer la famille que l’on désignait alors comme la plus dysfonctionnelle du royaume. Les journaux ont d’abord voulu la ­comparer à la regrettée Lady Di, disparue deux ans plus tôt. Même chevelure blonde, même traits doux. Mais la ressemblance ­s’arrête là. « Simple, joyeuse, ni névrosée comme Diana ni de passé comme Sarah Ferguson, Sophie Rhys-Jones symbolise ­l’Angleterre moyenne », titrait le « Daily Telegraph » à la veille des noces.

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Sophie piégée par un journaliste déguisé en cheikh


Pour épouser Edward, Sophie abandonne sa carrière dans les relations publiques mais refuse de porter le titre de princesse. Une question de principes. Du fait de son ancien métier, on l’imagine à l’aise avec la presse, pourtant ses premiers pas médiatiques s’avèrent catastrophiques. En 2001, elle accepte de prendre le thé dans un palace londonien avec un homme qu’elle croit être un cheikh. En réalité, un journaliste du tabloïd dominical « News of the World », habilement déguisé et qui saura lui tirer les vers du nez. De Tony Blair au prince Charles, Sophie donne son avis tranché sur tout le monde, et va même jusqu’à qualifier la reine de « chère petite vieille ». Pour Elizabeth II, qui pensait avoir enfin trouvé une belle-fille digne de ce nom, c’est la désillusion.

Edward lors du championnat de badminton All England Open, le 14 mars à Birmingham. En mai 2022, son neveu maniait la raquette dans la même ville mais avec Sports Key, un organisme qui favorise la cohésion sociale.
Edward lors du championnat de badminton All England Open, le 14 mars à Birmingham. En mai 2022, son neveu maniait la raquette dans la même ville mais avec Sports Key, un organisme qui favorise la cohésion sociale. Getty Images / © 2024 Getty Images


Edward a lui aussi souvent déçu. Pas sa mère, qui l’a dorloté comme s’il était le divin enfant, mais son père, qui ne s’est jamais privé de le traiter de mauviette, même publiquement. En 1987, Edward quitte avec fracas la Royal Navy, après seulement six mois de formation. L’armée, très peu pour lui, ses passions sont ailleurs : l’archéologie, l’anthropologie et surtout le théâtre, qu’il a pratiqué assidûment dans son pensionnat écossais. Il va frapper à la porte d’Andrew Lloyd Weber, le célèbre compositeur de comédies musicales, qui l’engage comme assistant de production. Mais sa tâche principale est de ­préparer le café de son patron. Pas très royal.

Pour la BBC, Edward adapte l’émission française « Intervilles »


À défaut de devenir lui-même acteur, ce grand dadais, à la calvitie précoce et à la timidité maladive, lance sa société de production. Pour la BBC, il adapte l’émission française « Intervilles » et propose une soirée spéciale avec des célébrités pour candidats, dont son frère Andrew, et sa sœur, Anne. Un succès d’audience et un désastre pour l’image de la famille royale, qui ne s’était jamais autant ridiculisée. « Le spectacle s’est révélé encore plus indigne que ne le craignaient les conseillers », explique la biographe Sally Bedell Smith.

Pâques à Windsor. En pleine forme et accompagné de Camilla, c’est la première apparition du roi après l’annonce de son cancer
Pâques à Windsor. En pleine forme et accompagné de Camilla, c’est la première apparition du roi après l’annonce de son cancer Hollie Adams/AP/SIPA / © Hollie Adams/AP/SIPA

Le lendemain de la diffusion, Edward aggrave la situation en organisant une conférence de presse au cours de laquelle il pense être acclamé, mais il ne reçoit pour seul compliment que l’hilarité générale des journalistes. La petite entreprise frôle le fiasco. Alors, pour éviter la faillite, Edward tente encore une fois de tirer profit de son auguste patronyme. En 2002, il réalise en catimini un documentaire sur la vie universitaire de son neveu William, en dépit de l’interdiction formelle du palais. Charles voit rouge. Elizabeth II siffle la fin de la récréation. Edward rentre fissa dans le rang. Et, comme toujours, la reine lui pardonnera rapidement.

Edward et Sophie avec leur fils, James, comte de Wessex. Ni William ni Kate ne sont présents. Dimanche 31 mars
Edward et Sophie avec leur fils, James, comte de Wessex. Ni William ni Kate ne sont présents. Dimanche 31 mars Adams Hollie/PA Photos/ABACA / © Adams Hollie/PA Photos/ABACA


Elle finira aussi par absoudre les erreurs de sa belle-fille. Sophie, en 2003, frôle la mort en accouchant de son premier enfant, Lady Louise, née prématurément. Une épreuve traumatisante que la comtesse de Wessex doit surmonter seule, puisqu’Edward est alors en déplacement à l’île Maurice. En 2007 naît un second enfant, un garçon : James, qui reçoit le titre de vicomte Severn.

 Si vous vous demandez qui est l’enfant préféré de Sa Majesté, ce n’est aucun des quatre, mais plutôt sa belle-fille 

 


La petite famille coule des jours paisibles dans le verdoyant Surrey, à Bagshot Park, un manoir en briques rouges de 120 pièces, offert par Elizabeth II. Dans ses dernières années, la souveraine y passait souvent, sans s’annoncer, à l’heure du thé ou pour promener ses chiens avec Sophie. « Si vous vous demandez qui est l’enfant préféré de Sa Majesté, ce n’est aucun des quatre, mais plutôt sa belle-fille », souffle un proche du palais au « Sun ». Alors que la santé ­d’Elizabeth II décline, la comtesse de Wessex lui téléphone chaque matin, passe ­l’embrasser chaque soir.

Complices. La princesse de Galles et la duchesse d’Édimbourg à la chapelle Saint-Georges de Windsor en juin 2023.
Complices. La princesse de Galles et la duchesse d’Édimbourg à la chapelle Saint-Georges de Windsor en juin 2023. Backgrid UK/ Bestimage / © Backgrid UK/ Bestimage


Contre toute attente, Sophie est le ciment de ce clan qu’un rien déchire. Confidente de Kate Middleton, elle était aussi l’oreille attentive de Meghan Markle, quand celle-ci souffrait du mal du pays. De son côté, Edward est l’un des seuls à ne pas avoir tourné le dos au prince Harry. Il aurait d’ailleurs tenté de convaincre Charles de ne pas confisquer à son cadet les clés de Frogmore Cottage, son pied-à-terre anglais.


Avec l’exil des Sussex et la mise en retrait du prince Andrew, Edward et Sophie ont hérité d’un grand nombre de patronages ­laissés vacants. Leur emploi du temps s’est alourdi, mais jamais ils ne s’en plaignent. « Edward a toujours été une force de la nature. Rien n’est trop pour lui », admet Sandy Masson, ancien garde-chasse au domaine de Balmoral, qui l’a fréquenté.

Le moindre de leurs déplacements est désormais suivi et commenté


En septembre 2022, après la mort d’Elizabeth II, Edward et Sophie ont été élevés aux titres de duc et duchesse d’Édimbourg. Pas une mince affaire. D’autant que la « monarchie resserrée » voulue par Charles III manque cruellement de jeunes représentants. Sur onze membres actifs de la Firme, sept ont plus de 70 ans. Edward, 60 printemps, et Sophie, 59, sont donc de jeunes espoirs. Encore plus depuis qu’ils doivent jouer les doublures de William et Kate.


Le moindre de leurs déplacements est désormais suivi et commenté. Une mise en lumière soudaine dont ils sont les premiers surpris : « Je ne sais pas ce que les gens imaginaient que nous faisions avant ? Mais s’ils s’intéressent plus à nous, ça ne peut être que bénéfique », observe, amusée, Sophie dans une rare interview accordée au « Telegraph ». De seconds couteaux à personnages principaux de la famille royale, il n’y avait qu’un pas.

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