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Il est 22 h 30, ce mardi 5 mai 1992, lorsque Philippe Séguin, député RPR des Vosges, monte à la tribune de l’Assemblée nationale. L’heure n’est pas faite pour retenir grand monde dans l’hémicycle. Quant à l’opinion, elle n’a pas l’œil rivé sur le Parlement, mais sur la Corse où une catastrophe se produit dans le stade de Furiani. Alors que le SC Bastia et l’Olympique de Marseille s’apprêtent à jouer la demi-finale de la Coupe de France de football, l’effondrement d’une tribune provoque la mort de 18 personnes et blesse 2 357 supporters. L’émotion et l’indignation suscitées par ce drame laissent peu de place au commentaire d’un discours de deux heures et demie défendant une exception d’irrecevabilité opposée à une révision constitutionnelle préalable à la ratification d’un traité européen signé trois mois plus tôt par les chefs d’État et de gouvernement dans la cité hollandaise de Maastricht, la ville où mourut d’Artagnan.
Exception d’irrecevabilité : une formule du jargon parlementaire signifiant qu’il n’y a pas lieu d’examiner un texte proposé en raison de dispositions contraires à la Constitution. Une discussion de spécialistes, effectivement. C’est pourtant ce moyen qu’utilise Philippe Séguin pour mettre spectaculairement la question européenne sur la table. Et empêcher l’adoption en catimini d’un traité qui, à ses yeux, conduirait la France à abandonner sa souveraineté économique et monétaire au profit d’une Europe de nature définitivement fédérale. De l’avis unanime, celui qui deviendra un an plus tard président de l’Assemblée nationale prononce son meilleur discours…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 19/10/2020
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