C'était dans Match - Diana, enfance d'une princesse
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C'était dans Match - Diana, enfance d'une princesse

Diana Spencer en 1974.
La jeune Diana âgée de 14 ans avec son poney Scuffle. Elle n'est encore qu'une timide adolescente, troisième fille de lord Edward Spencer, vicomte Althorp. © Hulton Archive / Getty Images
La Rédaction , Mis à jour le

Pour ses 30 ans, et les 10 ans de son mariage avec Charles, héritier au trône d'Angleterre, Paris Match a publié un hors-série, le 1er juillet 1991, qui retrace la vie de celle qui était encore la princesse de Galles et déjà la princesse des cœurs.

C’était un tout début juillet, il y a trente ans, au cœur d’un beau domaine de la campagne anglaise, et dans une famille qui ne comptait que des filles. Lord Spencer, descendant d’une vieille dynastie aristocratique, et sa femme Frances Fermoy, de non moins noble lignée, attendaient impatiemment la naissance du fils qui permettrait la transmission de leur illustre nom.

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Leur mariage avait été l’un des plus brillants des années 1950. La reine mère, la princesse Margaret, le prince Philip et la reine Elizabeth elle-même y avaient assisté. Les liens entre les Windsor et la famille de la mariée étaient ceux d’une très solide amitié. Park House, le manoir où s’était installé le couple, avait naguère été offert aux Fermoy par le roi George V, qui l’avait prélevé sur ses propres terres : l’immense domaine de Sandringham, où Sa Majesté aimait à chasser le faisan.

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Quant au futur père, lord Spencer, c’étaient les tiens d’une quasi-parenté qui l’attachaient à la reine Elizabeth, puisque son arbre généalogique mentionnait qu’un de ses ancêtres était le fruit d’une liaison entre une de ses aïeules et le roi Charles II. Huitième comte Althorp, pair du royaume et ancien écuyer de la reine, lord Spencer ne manquait que d’une seule chose, comme on dit dans les contes, pour que son bonheur fût complet : d’un fils. En ce début des années 1960, le prix qu’il attachait à la naissance d’un garçon pouvait paraître anachronique, ou relevant de l’obsession névrotique. Rien, cependant, ne pouvait l’y arracher.

À voir : Diana, en quatorze photos d’enfance et d’adolescence

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L’enfant qui voit le jour ce 1er juillet 1961 est une fille

Cette hantise prit un tour tragique en 1960, quand lady Spencer mit au monde un garçon si fragile qu’il ne vécut que quelques heures. Quelques mois plus tard, lady Spencer était à nouveau enceinte. Par défi ou superstition, on n’envisagea pour l’enfant que des prénoms de garçon. Mais, dans la réalité comme dans les contes de fées, le destin aime à prendre des chemins de traverse. L’enfant qui vint au monde ce 1er juillet 1961 vécut, mais ce fut une fille. Le sourire, la docilité, le charme, pour tout dire, de la petite Diana enchantèrent très vite sa famille et son entourage.

La sérénité revint d’autant plus vite dans le domaine que lady Spencer finit par donner le jour à ce Charles qu’on attendait tant. Les liens des Spencer avec la famille royale demeuraient toujours aussi étroits, si bien que la reine Elizabeth accepta sans l’ombre d’une hésitation d’être la marraine de ce petit garçon qui portait le même prénom que son fils aîné.

Diana Spencer en 1965.
Diana, âgée de 4 ans, vit à Park House, la maison familiale, sur le domaine royal de Sandringham, entourée de ses deux grandes sœurs, Sarah et Jane, de son petit frère, Charles, et de ses deux parents qui n’ont pas encore divorcé. © Hulton Archive / Getty Images

Park House était une très confortable maison de maître en brique et pierre de pays. De temps en temps, les enfants d’Elizabeth II venaient en vacances dans le domaine, voisin de Sandringham, et les cadets des deux familles se rencontraient lors de goûters ou de parties de cache-cache. Un seul événement notable marqua pour Diana cette prime enfance : fait assez extravagant à l’époque – et sous ces froides latitudes – son père décida de faire construire une piscine. Elle devint presque aussitôt l’attraction du pays. Lors de leurs vacances à Sandringham, les jeunes princes Andrew et Edward, qui étaient à peu près du même âge que Diana et son frère, demandèrent à en profiter. Seul un muret séparait Sandringham de Park House, et les enfants de la reine, dit-on, au lieu de faire un détour et de se présenter à la grille du domaine, préféraient l’escalader, dussent-ils y laisser quelques royaux fonds de culotte.

 Pour la reine mère, les filles Spencer sont des partis très intéressants

 «Kissing cousins» (des cousins qui se font la bise) : tels furent donc, à l’origine, les rapports de Diana avec la famille Windsor. Il y avait de quoi faire rêver les marieuses... Les grands-mères excellent à ce sport d’intérieur. Or les deux «grannies» de Diana, Rose Spencer et, surtout, Ruth Fermoy, dont les noms semblent droit sortis des romans d’Agatha Christie, étaient très liées avec la reine mère. Laquelle, on le sait, derrière ses sourires bienveillants et ses voilettes rose bonbon, fut toujours d’une vigilance extrême sur le sort de ses enfants et de ses petits-enfants.

Entre ses paris chez les bookmakers et ses pêches au saumon, elle avait appris depuis longtemps à voir venir son monde. Avant même la Seconde Guerre mondiale, son sens du devoir dynastique et son intelligence des rapports familiaux avaient été mis à l’épreuve par la romance du précédent prince de Galles, Edward, avec la roturière deux fois divorcée Wallis Simpson, qui le conduisit à l’abdication. Aussi, pour éviter à Charles les mêmes errements amoureux, elle médita très tôt pour lui des plans matrimoniaux, et il est assuré qu’elle vit très vite dans les filles des Spencer des partis intéressants.

 Les enfants Spencer, on s’en doute, étaient fort éloignés de ces considérations, Diana, la cadette, certainement plus que tout autre. Et c’est un événement inattendu qui vint brusquement l’arracher à cette tendre quiétude : en 1967, lady Spencer quitta le foyer conjugal et lord Spencer obtint la garde de ses quatre enfants. Les deux filles aînées crurent en saisir les raisons : un autre homme dans la vie de leur mère, un milliardaire écossais. Quant à Diana et son jeune frère, ils n’y comprirent, comme tous les jeunes enfants, que ce qu’ils voulurent entendre : leur maman allait faire un long voyage, elle ne reviendrait pas de sitôt.

En pension où elle est scolarisée, on la surnomme “la Duchesse”

 De cette époque, Diana avoue ne retenir que deux épisodes distrayants : un voyage à Londres, en train, pour visiter le nouvel appartement de sa mère, et l’anniversaire de ses 7 ans, le 1er juillet 1968, quand son père loua un chameau au zoo de Londres pour animer la fête. En réalité, il semble qu’elle ait assez mal supporté, sans le dire, le départ de lady Spencer. Son père était souvent retenu à Londres par ses activités. Par compensation, Diana reportait toute son affection sur son petit frère, Charles, et veillait sur lui comme une maman en herbe – d’où, sans doute, sa passion pour les jeunes enfants.

Un peu plus tard, on la confie à une pension. Elle se fait si bien à l’éducation hypertraditionnelle qu’elle reçoit et aux manières BCBG de l’aristocratie britannique qu’on la surnomme parfois, par malice, «la Duchesse». Pour le reste, il faut le confesser, elle ne brille pas par ses résultats scolaires.

Diana Spencer en 1971.
Pas encore une adolescente, plus tout à fait une enfant: Diana a presque 10 ans et, comme toutes les filles de bonne famille, elle parfait son éducation en pensionnat à la Riddlesworth Hall School, dans le Norfolk. © Hulton Archive / Getty Images

Comme il était aisé de le prévoir, les choses se compliquèrent aux abords de l’adolescence. Deux faits vinrent aggraver ce moment troublé. En 1975, alors qu’elle a 14 ans, son grand-père hérite d’une sorte de château-musée, bourré de toiles de maîtres, de porcelaines, de livres précieux, de tapisseries anciennes... Lord Spencer décide de s’y installer, ce qui ne plaît pas du tout à Diana, qui croit voir s’écrouler en un instant tout un pan de son enfance.

Un coup encore plus rude lui est porté l’année suivante, quand son père lui annonce son remariage avec la comtesse de Darmouth, Raine Cartland, fille de la célèbre romancière, et elle-même mère de quatre enfants. Comme son frère et ses sœurs aînées, Diana refuse d’assister au remariage de son père. Lord Spencer passe outre. Sitôt le mariage célébré, il installe sa seconde épouse dans son château, où elle prend tout en main.

Les relations s’enveniment presque aussitôt entre la nouvelle lady Spencer et les plus âgées de ses belles-filles. Diana, quant à elle, compose, mais se referme. Les photos de ces années-là montrent une adolescente pensive, voire butée. Bien sûr, la famille retourne de loin en loin dans la maison de Park House, et Diana revoit à cette occasion ses amis, les jeunes princes Andrew et Edward, mais l’heure des parties de cache-cache est passée.

Comme ses sœurs et son frère, ils s’intéressent de moins en moins à la piscine et de plus en plus au cheval. Or Diana déteste l’équitation depuis qu’elle a fait une chute et qu’elle s’est cassé le bras. Elle préfère la musique et rêve d’une carrière de danseuse étoile – ce dont sa famille la dissuade.

Les grands-mères manigancent pour que Charles d’Angleterre s’amourache de Sarah

 C’est l’époque où la reine mère s’inquiète de plus en plus ouvertement du célibat de Charles. Le prince approche de la trentaine et ne s’est toujours pas fixé. Elle décide alors de passer aux actes. Sarah, la sœur aînée de Diana, serait, juge-t-elle, le parti idéal : 22 ans, soit seulement sept ans de différence avec le prince de Galles, une excellente éducation, un teint de rose, enfin, ce qui parfait le tout, la même passion que lui pour tous les sports hippiques...

La reine mère est subtile et sensible. Elle fait tant et si bien que les rencontres se multiplient entre Sarah et Charles, et le tendre prince semble s’attacher à la jeune fille. Au point qu’un jour, à la suite de ses frères, il passe la grille de Park House. La pétulante Sarah le trouble beaucoup depuis quelques semaines.

Pourtant, le jour de sa visite, son regard s’attarde sur Diana. Il la trouve gaie, vivante, fraîche, naturelle. «C’était la plus superbe jeune fille de 16 ans que j’aie jamais vue», confessera-t-il plus tard. Charles poursuit néanmoins sa cour à Sarah. Mais il est gauche et finit par l’agacer. Sarah ne se sent pas du tout la vocation d’une princesse de Galles. Elle finit par déclarer tout net à Charles qu’elle ne l’épousera jamais. Le prince est si violemment traumatisé que la famille royale entre en émoi.

Seule la reine mère garde son sang-froid : la grand-mère de Sarah et de Diana lui a confié que Charles semble également très attiré par la plus jeune des filles Spencer. Est-ce à ce moment-là que germe dans l’esprit des deux vieilles dames l’idée de remplacer Sarah par Diana, en dépit des douze ans qui séparent la jouvencelle du prince le plus convoité de la planète? On ne le sait pas avec certitude.

Tout ce qu’on peut remarquer, c’est que, à peu près à la même époque, lord Spencer décide d’expédier Diana en Suisse, dans une pension spécialisée dans l’éducation des jeunes filles de la meilleure société internationale. A-t-on averti Diana des ambitions qu’on a pour elle? Tout le laisse à penser, car, à la différence des autres teenagers, on ne lui connaît strictement aucun flirt, pas le moindre début de commencement de fréquentation masculine – fait plutôt singulier, doit-on le souligner, en cette fin des années 1970...

Et le dispositif matrimonial ourdi si habilement par les deux grands-mères se referme lentement sur Diana et Charles. Derrière leurs voilettes roses ou vert pomme, elles continuent sans relâche à échafauder ce qu’elles considèrent comme l’aboutissement de leur propre existence : le premier mariage d’un prince de Galles qui laissât à l’intéressé et à sa promise la sincère impression d’être librement choisi...

“Entre eux, ça a fait tilt”, raconte Sarah, la sœur de Diana

 Tout fonctionne à merveille. En novembre 1978, Charles se rend à une chasse à Althorp. Celle-ci se conclut par un grand dîner dans la salle à manger d’apparat, aux murs tendus de soie damassée. Diana n’a que 17 ans, elle porte l’une de ses premières robes du soir. Sarah, sans doute elle-même du complot, rapproche l’un de l’autre Charles et Diana. «Entre eux, ça a fait tilt, raconta-t-elle plus tard. Il a rencontré la femme qui lui convenait. Et ma sœur a rencontré l’homme qui lui plaisait.» Ou du moins, sur le moment, tout le monde le crut, à commencer par les intéressés.

Diana se mit à rêvasser. Telle une héroïne des romans roses de sa parente Barbara Cartland, on la surprit souvent à danser toute seule devant son miroir, la tête manifestement ailleurs. Quant à Charles, son intérêt devint si vif qu’il fit inviter Diana à Sandringham, au plus beau de l’hiver, pour une chasse au faisan. Puis il lui téléphone, lui présente ses amis, lui envoie des fleurs, la convie à Balmoral, puis à nouveau à Sandringham.

Ces invitations répétées alertent l’attention de la presse, d’autant que Diana a maintenant définitivement quitté son pensionnat suisse. Elle travaille à Londres comme assistante dans une école maternelle tout ce qu’il y a de plus chic et y partage un appartement avec quelques amies.

Lady Diana Spencer en 1980.
En 1980, quelques mois avant ses fiançailles royales, Diana est employée en tant que nanny auprès d'une famille américaine installée à Londres. Elle travaille aussi comme enseignante dans un jardin d'enfants de Pimlico. © Hulton Archive / Getty Images

Pour que l’idylle se précise encore, la reine mère – encore elle! – prête aux deux tourtereaux son château de Birkhall, en Ecosse. Et c’est là, dit-on, au bord d’un torrent, que Charles fit sa déclaration à la rougissante Diana, qui laissa tomber un «oui» aussi attendu que parfaitement énamouré...

Plus le temps passe, plus Charles est certain d’avoir découvert la perle rare, une jeune fille d’une moralité sans tache, prête à affronter avec le sourire une existence partagée entre les voyages officiels et la reproduction de la rare race du pur Windsor. Elle est, de surcroît, d’une discrétion exemplaire : elle ne livre strictement aucune confidence à la presse, même au moment où les journalistes du monde entier se mettent à camper, téléobjectif à l’épaule, au pied de son immeuble.

Diana la Timide cache en fait une grande obstination

 En fait, à cette époque, personne ne sait vraiment qui elle est. Parce qu’elle rougit facilement et qu’elle baisse la tête en public, on l’appelle «Shy Di», Diana la Timide. Ce regard par en dessous cache en fait une grande obstination. Elle veut son prince, et elle l’aura. En dépit de tout.

A partir de décembre 1980, juste avant l’annonce publique des fiançailles, de premières épreuves l’attendent. Tout d’abord, un examen médical, pour déterminer qu’elle est bel et bien apte à avoir des enfants. Ensuite, la rumeur se répand que, pour rencontrer secrètement sa belle, Charles aurait fait arrêter un train en rase campagne. Petit scandale au terme duquel on renforce la sécurité de Diana.

Quant à Charles, il est expédié par sa famille à l’étranger, selon une coutume windsorienne qui veut qu’on sépare les amoureux pendant une assez longue période avant les fiançailles, pour qu’ils aient tout loisir de bien peser leur choix. Il part pour l’Inde et le Népal, d’où il revient plus convaincu que jamais qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Le lendemain même de son retour, le 24 février 1981, tombe l’annonce publique des fiançailles.

Les fiançailles de Diana Spencer et de Charles Windsor en 1981.
Le 24 février 1981, le prince Charles et Diana Spencer prennent la pose devant le palais de Buckingham, à Londres, après l'annonce de leur fiançailles. © Hulton Archive / Getty Images

Diana découvre alors que les rouages de Buckingham sont infiniment plus complexes que ce qu’elle avait cru en saisir lors de ses lointaines parties de cache-cache et de water-polo avec Edward et Andrew. Mais elle n’est pas effrayée. De cette charge nouvelle, elle est prête à faire, avec l’obstination et la personnalité qui la caractérisent, un personnage nouveau dans le feuilleton de Buckingham. Shy Di est prête à s’effacer devant lady Di, mais personne ne le sait encore dans la famille royale. Le fiancé se pique lui-même au jeu de Pygmalion que joue sa grand-mère, et le 29 juillet suivant, le jour des noces, c’est un Charles plus tendre et protecteur que jamais qui attend Diana au pied de l’autel.

Une heure plus tard, sur le perron de la cathédrale, la bague au doigt, Diana la Timide ne baissait déjà plus la tête. Elle avait, en effet, de quoi la redresser : elle venait de réussir le mariage du siècle.

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