Le vieux serpent de mer devient finalement réalité. Plus de 150 ans après l’élaboration des premiers plans, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a officialisé, lundi 29 avril 2024, le lancement du chantier de reconstruction de la flèche de sa basilique. Une étape majeure, au cours de laquelle le maire, Mathieu Hanotin (PS), n’a pas caché sa fierté. « On arrive à la fin de 150 ans de projets de remontage de la deuxième flèche », a souligné l’édile.
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Reconstruction à l’identique
Construite en 1219, la flèche de la basilique Saint-Denis, considérée en son temps comme un des ouvrages les plus spectaculaires de la région parisienne, culminait à 86 mètres. Déstabilisée par de multiples tornades, la flèche est démontée au printemps 1846 pour permettre la consolidation de la tour nord qui la portait.
Depuis, elle n’a jamais été remontée, mais a laissé derrière elle un héritage « sans équivalent ». « C’est un projet parfaitement documenté grâce au processus de démontage. On a des centaines de pierres conservées, des dizaines de dessins et une photo datant d’avant la démolition », a exposé Jacques Moulin, architecte des monuments historiques.
Cinq ans de travaux
Le chantier s’élancera à l’automne 2024, après trois ans de travaux de consolidation, pour s’achever en 2029. Pendant ce temps, un musée sera installé au pied de la basilique, afin de présenter l’histoire de la flèche, avec l’exposition des pierres historiques, trop détériorées pour être réutilisées, et le village des artisans, composé de tailleurs de pierre et de forgerons.
« On ne peut pas restaurer un monument si on ne connait pas le savoir-faire de l’époque. Ce chantier emblématique sera l’opportunité de faire revivre l’art de la taille de pierre, aidé par les techniques d’aujourd’hui », a présenté l’architecte. « Le Moyen Âge n’était pas un modèle pour tout », a abondé Mathieu Hanotin. Une démarche inédite, qui sera l’occasion de former des dizaines d’entreprises et d’artisans comme avait pu initier en son temps le chantier de Guédelon (Yonne).
Des pierres à parrainer pour boucler le budget
Et après plusieurs d’années d’errance, le budget de 37 millions d’euros est presque bouclé, notamment grâce aux Départements d’Île-de-France qui ont abondé 22 millions d’euros. Il a été complété par la Région (5 millions) et la Métropole du Grand Paris (4 millions) et des financeurs privés, dont Vinci, via sa fondation, qui a apporté 1 million d’euros au projet. Il reste désormais à trouver entre 3,5 et 5 millions d’euros, pour compléter le financement.
Pour ça, l’association Suivez la flèche et la Fondation du patrimoine ont mis en place une collecte « innovante » avec la mise en place d‘un programme numérique de parrainage des pierres de la reconstruction. Au total, les citoyens auront la possibilité de parrainer l’une des 15 228 pierres utilisées à la reconstruction.
« Ils auront acquis la version numérique et pourront suivre le parcours de la pierre de l’extraction à la pose », rapporte Julien de Saint Jores, directeur général de l’association Suivez la flèche. Leur mise à prix sera compris 15 euros pour les pierres de première catégorie et pourra aller jusqu’à 3 000 euros, pour les sculptures. Le chantier visitable devrait ouvrir au printemps 2025.
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