Arrigo Sacchi : quels sont les fondements du Grand Milan AC ?

Arrigo Sacchi : quels sont les fondements du Grand Milan AC ?

Crédit : Rossoneri Blog

Entraîneur légendaire, Arrigo Sacchi était à la tête d’une des équipes les plus dominatrices de l’histoire du football : le Grand Milan AC. Son équipe a remporté tous les trophées possibles et a exercé une domination totale sur l’Europe à la fin des années 80. Malgré une attaque flamboyante composée des Néerlandais Marco Van Basten, Ruud Gullit et Frank Rijkaard, c’est bel et bien l’arrière-garde lombarde qui était la fondation indispensable au bon fonctionnement de cette forteresse imprenable.

Arrigo Sacchi, surnommé le « mage de Fusignano », est né le 1er avril 1946 à Fusignano, dans la province de Ravenne, en Émilie-Romagne. Ancien entraîneur de football italien, il est considéré comme l’un des techniciens les plus importants de l’histoire du football. Durant la fin des années 1980, avec le Milan AC, il a façonné un nouveau style de jeu. Révolutionnant le style défensif de l’époque, son approche du jeu a permis au club lombard de remporter de nombreux trophées prestigieux. Parmi eux, la Coupe Intercontinentale (1989, 1990), la Supercoupe d’Europe (1989, 1990), la Coupe d’Europe des Clubs Champions (1989, 1990), la Serie A (1988) ou encore la Supercoupe d’Italie, remportée en 1988.

« Il vaut mieux avoir peu d’idées bien comprises que beaucoup, mais confuses »

Son approche mentale du football en fait de lui un manager complet, comprenant avant les autres managers que le football se joue sur le terrain, certes, mais avant tout dans l’esprit. Dans son autobiographie, il explique : « Il vaut mieux avoir peu d’idées bien comprises que beaucoup, mais confuses ». Il établit alors sept principes de jeu qu’il inculque dans la tête de ses joueurs. Et ce, au sein de tous les clubs dans lesquels il a exercé :

  • Améliorer le garçon et le joueur
  • Pratiquer un football collectif
  • Pratiquer le football total
  • Grandir à travers le protagonisme, car y arriver autrement est impossible
  • Être le dominus de la situation
  • Être maître du terrain et du ballon
  • Gagner avec respect, perdre avec dignité

Ces principes seront les fondements du football qu’il a pratiqué et qui a gouverné en maître sur l’Europe, à la fin des années 80. Toutefois, un autre aspect du jeu d’Arrigo Sacchi élèvera le Milan AC au statut de meilleur club du monde sous son management : sa vision de la défense.

Le marquage en zone

Crédit : FIFA

À une époque où la majorité des clubs pratiquaient le marquage individuel, le mage de Fusignano optait pour un marquage en zone. L’équipe, évoluant en 4-4-2, se divise en trois lignes de marquage. La première, constituée des deux attaquants Marco Van Basten et Ruud Gullit, est constamment au pressing des défenseurs adverses. Ainsi, la relance s’effectue obligatoirement sur les côtés, les solutions dans l’axe étant couvertes par le marquage des milieux et attaquants. Les deux lignes d’attaque et du milieu de terrain étaient compactes afin de laisser très peu d’espaces à l’adversaire. Le génie du tacticien italien va encore plus loin. Une fois le jeu évoluant vers l’axe, les milieux de terrain se précipitent sur le porteur du ballon. Et sous la pression exercée par les Milanais, leur rendaient le ballon car n’avaient aucune solution pour passer le cuire.
La forte présence de joueurs dans l’axe permettait également une relance très rapide pour débuter des contre-attaques. La première ligne défensive, composée de Marco Van Basten et Ruud Gullit exerçaient un pressing constant sur les défenseurs adverses. Celui-ci gênait fortement la relance, tout en bloquant le n°6 adverse et en obligeant le jeu à se diriger vers les latéraux. Arrigo Sacchi demandait à ses joueurs de resserrer la distance entre la ligne d’attaque et la ligne du milieu de terrain afin de créer une grosse densité dans la zone du ballon. Cette méthode permettait ainsi de réduire l’espace disponible pour faire circuler le ballon pour les adversaires. Tout en permettant d’avoir de nombreuses solutions de passes pour le porteur du ballon lorsque celui-ci était récupéré.

Le piège du hors-jeu

Le piège du hors-jeu était une particularité du jeu d’Arrigo Sacchi. Celui-ci souhaitait prendre au piège les adversaires en les mettant hors-jeu dès qu’ils approchaient les buts milanais. Derrière cette stratégie, un joueur était indispensable à son exécution : Franco Baresi, véritable légende milanaise. Le triple vainqueur de la Ligue des Champions avec le club lombard organisait la défense de manière remarquable. Lorsqu’un joueur adverse s’aventurait dans les derniers 30 mètres, l’arrière-garde, une fois le signale lancé par Baresi, s’alignait et remontait le plus vite possible vers le porteur du ballon afin de mettre hors-jeu toutes les solutions qui gravitaient autour de ce dernier. La technique fonctionna de nombreuses fois et permettait aux Milanais d’annihiler des actions dangereuses sans se mettre en difficulté.

Les transitions défensives dans le camp adverse

Un autre principe de base du jeu prôné par le mage de Fusignano sont les transitions défensives initiées dans le camp adverse. L’objectif était de récupérer le ballon le plus vite possible (Sacchi souhaitait que le ballon soit récupéré en cinq secondes maximum), avec une densité et une intensité incroyable mises par ses joueurs.
Une fois le ballon perdu, trois à quatre Rossoneri harcelaient son porteur, empêchant la relance pour éviter de subir une contre-attaque. Une fois le cuir de nouveau entre les crampons des hommes de Sacchi, un contre devait être effectué le plus rapidement possible. Van Basten et Gullit restaient aux avant-postes pour bénéficier des pertes de balles des joueurs adverses.
Des passes rapides, effectuées par des joueurs très fins techniquement, tels que Maldini, Ancelotti ou encore Rijkaard, permettaient de casser les lignes adverses. Ces passes prenaient de court tout le monde et trouvaient les attaquants hollandais, quasiment seuls devant. Ainsi, d’une potentielle contre-attaque dangereuse pour le club italien, le jeu passait en quelques secondes à une action favorable aux attaquants lombards. Un vrai casse-tête pour les défenseurs opposés à la formation milanaise.

Les transitions après un corner défensif

Crédit : GSP

Enfin, dernier principe de jeu mis en place par l’entraîneur de 77 ans, mais tout de même important : les transitions après un corner défensif. Marque de fabrique de l’entraîneur italien, celles-ci permettaient aux compères offensifs hollandais de filer au but adverse directement après une situation de corner en leur défaveur. Pour ce faire, trois joueurs défendaient en zone. C’est-à-dire qu’ils ne s’occupaient pas des adversaires, mais apportaient de la présence dans la surface. Trois autres défendaient au marquage individuel. Ils étaient donc directement au duel avec l’adversaire. Et enfin, trois autres joueurs, souvent Gullit et Rijkaard, se plaçaient à l’entrée de leur surface de réparation afin d’exploiter leur vitesse de pointe une fois le ballon récupéré par les pensionnaires du San Siro. Ceux-ci repartaient directement au but adverse et créaient une situation dangereuse pour leurs coéquipiers.

Un jeu révolutionnaire en son temps, très complexe et complet. Le football pratiqué par Arrigo Sacchi a notamment permis à l’AC Milan de devenir le Grand Milan AC. Cette équipe vainqueur de toutes les compétitions européennes en 1989 et 1990. Un jeu qui a notamment conduit la Squadra Azzurra en finale de la Coupe du Monde 1994, remportée par le Brésil aux tirs au but.

Hugo Cammilleri

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