Vers l’été… – Les Jaseuses

Vers l’été…

Pour cet été, les Jaseuses vous proposent une petite liste de lectures, pêle-mêle, de romans, essais, poèmes et bandes dessinées qui nous ont marqué-es et que nous vous recommandons chaudement, des lectures « féministes » au sens large, sérieuses et/ou drôles, écrites par des mains diverses, anciennes et nouvelles. À lire sur la plage, dans un champ, sous un soleil qui a enfin décidé de pointer son nez rayonnant et qui nous espérons va rester, loin du quotidien impitoyable, à tête reposée.

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:game_die: Mireille Best, Les Mots de hasard, première parution en 1980, Gallimard, Collection L’Imaginaire, 2024. Préfaces d’Annie Ernaux et de Suzette Robichon.

« Tais-toi…tu empêches les choses dense dire… » « La traversée » Mireille Best.
Dans sa préface, Suzette Robichon se souvient des mots de Mireille Best lors d’un entretien pour la revue Masques : « l’outil privilégié de cette démarche, on pourrait croire que c’est le langage : s’approcher de quelqu’un, c’est d’abord lui parler. Mais les mots sont pleins de pièges et de leurres, et on ne DIT pas grand chose avec : loin d’éclaircir les choses, ils me semblent le plus souvent contribuer a masquer, a brouiller…il y a toujours une vraie question sous le fatras des mots inutiles, des mots « de hasard » précisément, qu’on projette comme une encre pour se dissimuler derrière… » Tandis qu’Annie Ernaux se souvient des lettres échangées avec Mireille Best et écrit dans sa préface : « je découvrirai que nous étions contemporaines et nées, comme elle l’écrivait, « au même endroit gerographique et social, du monde » : le pays de Caux et le milieu populaire. Son parcours était plus celui d’une « miraculée » que d’une transfuge ».

:cloud: Anne Carson, Norma Jeane Baker de Troie, Arche éditeur, 2021. Traduction d’Edouard Louis.

Certain-es (dont Hilda Doolittle) disent que Hélène ne serait jamais allée à Troie. D’autres (Anne Carson) assimilent Hélène de Troie et Marilyn Monroe (Norma Jeane Baker), icônes jumelles séparées par des millénaires mais partageant un même destin et vivant dans un même monde, une Troie-Sunset Boulevard impitoyable où les hommes règnent, violents, et se battent pour les récupérer. « Oh my darlings, / they tell you you’re born with a precious pearl. /Truth is, / it’s a disaster to be a girl »

:watermelon: Abdellatif Laâbi et Yassin Adnan (dir.), Anthologie de la poésie palestinienne d’aujourd’hui, Editions Points, 2022.

« Pour écrire une poésie / Qui ne soit pas politique / Je dois écouter les oiseaux / Et pour écouter les oiseaux / Il faut que le bruit du bombardier cesse », « Vers sans domicile » de Marwan Makhoul.
Dans l’introduction, Abdellatif Laâbi expose une des raisons de l’urgence de publier ce recueil en 2022 pour « apporter de nouveau la preuve que c’est lors des moments les plus difficiles de l’histoire d’un peuple que les poètes se présentent au rendez-vous et donnent le meilleur d’eux-mêmes ».

:haute_tension: Guerren°8 de Sœurs, revue de poésie, été 2022.

En ces temps troublés, deux recueils de textes forts et importants.

:hand: Lenaïg Cariou, À main levée, Lanskine, 2024.

C’est une poésie maline qui fait double-entendre les jeux sur (le bout de) la langue et qui propose, à travers sa chorégraphie linguistique, une danse érotique lesbienne.

:writing_hand: Alejandra PizarnikJournal I – Premiers cahiers 1954-1960 et Journal II – Années françaises 1960-1964, Ypsilon éditeur, 2021 et 2023. Traduction et postface de Clément Bondu.

1957 — « Possibilité de vivre ? Oui, il y en a une. C’est la page blanche, c’est me dépeindre sur le papier, c’est sortir hors de moi-même et voyager dans une page blanche. » Sortons hors de nous-mêmes et voyageons avec Pizarnik, dans sa (courte) vie de hauts et de bas, ses pages noircies de mots qui font écho à nos propres angoisses secrètes.

:mag_right: Adania Shibli, Un détail mineur, Actes Sud, 2020. Traduction par Stéphanie Dujols.

Un roman court, en deux parties distinctes : l’une se déroule en 1949, l’autre, soixante-dix ans plus tard. Une lecture difficile, mais qui semble essentielle.

:car: Tillie Walden, Sur la route de West, Gallimard Jeunesse, 2020.

:mage_femme: Kristen J. Sollée, Witches, Sluts, Feminists: Conjuring the Sex Positive, Threel Media, 2017.

Je n’ai pas lu Witches, Sluts, Feminists : Conjuring the Sex Positive, de Kristen J. Sollee, j’hésite parce qu’il n’est pas traduit en français, et que l’anglais n’est pas mon fort. J’appelle les sorcières, les salopes et les féministes qui liront ces lignes ! Rejoignons-nous pour un atelier lecture/arpentage/traduction instantanée bientôt ?!

:rage: Sara Ahmed, Manuel rabat-joie féministe, La Découverte, 2024. Traduction Mabeuko Oberty et Emma Bigé.

Pour donner souffle au mouvement des rabat-joies, pour panser et lutter ensemble.


⚡On jase aussi par ici

:micro: Le 28 mai a eu lieu la journée d’études « Beauvoir, Leduc et Cie : littératures lesbiennes et circulations internationales », organisée par Marine Rouch et Thérèse Courau, avec la participation d’Alexandre Antolin. L’enregistrement est disponible sur demande (marine.rouch@univ-tlse2.fr). Le soir même, Alexandre Antolin a été en conversation avec Adèle Cassigneul à la librairie Terra Nova de Toulouse, autour de la nouvelle édition de Ravages de Violette Leduc. L’enregistrement sera disponible en ligne dans les prochaines semaines.
:livre: Le 12 juin paraît aux éditions Flammarion un ouvrage hybride de Marine Rouch : « Chère Simone de Beauvoir ». Vies et voix de femmes « ordinaires ». Correspondances croisées (1958-1986)Cinq trajectoires de correspondantes « ordinaires » de l’écrivaine qui permettent de renouer avec la radicalité de la pensée beauvoirienne (sans pour autant faire fi de ses biais !).
:étoile2: Caroline Dejoie, Heka et Virginie Trachsler présenteront une performance-conférence-rituel autour des voix et pratiques sorcières dans le cadre du Salon littéraire féministe Sorcières ! organisé par Jeanne Coindeau, le 22 juin à 19h, à la librairie l’Arborescence (Massy 91). Retrouvez toute la programmation sur le compte Instagram du salon.
:caillou: Emilie Victor Ollivier signe « Meuble », un texte de théâtre, dans le dernier numéro de la revue Grands Espaces dont le lancement a eu lieu à Vices&Versa à Montréal le 30 avril dernier. La revue est disponible en ligne et en version papier.
:lèvres: Caroline Dejoie et Joyce Rivière ont présenté leur performance Je veux être ta Baubô et que tu sois la mienne dans l’exposition de Léna Fillet « Une douceur vient arrive comme un geste prêté » le dimanche 2 juin à Paris, pour un public en non-mixité sans hommes cis-het.
:léopard: Le nouveau numéro de Sœurs, revue de poésie, consacré aux animales, est sorti ! Virginie Trachsler y signe deux traductions, d’un poème qui donne à voir une hyène endeuillée arpentant la ville la nuit, de la poétesse Fran Lock, et l’autre, de Leland Bardwell, sur… une punaise de lit !

Ami-es des Jaseuses

:yeux: Lola Sinoimeri et Naïma Berkane ont coordonné le nouveau numéro de la revue Balkanologie, Créer et interpréter en féministes. Femmes et engagement dans les littératures et arts des Balkans (XXe et XXIe siècles). Consacré à la question de l’engagement féministe, ce numéro explore les champs littéraires et artistiques des XXe et XXIe siècles en Albanie et en (ex-)Yougoslavie. Les éditrices espèrent que ce numéro contribuera à susciter un intérêt plus large, dans le monde universitaire francophone, pour les études de genre dans dans les champs littéraires et artistiques des Balkans ainsi que pour les œuvres des autrices et artistes de la région. Tout le numéro est accessible en ligne ici.
:writing_hand::skin-tone-2: Camille Islert, Aurore Turbiau et Yannick Chevalier ont organisé le second volet du colloque « Analyser la réception au prisme du genre. Redécouvertes, réappropriations et relectures d’autrices aux XXe-XXIe siècles » à Lyon 2 et ENS Lyon le 6 et 7 juin. Cette journée d’étude propose d’établir un état des lieux des imbrications et des éventuels conflits entre enjeux politiques de la littérature et phénomènes de réception de l’histoire littéraire des femmes. Le programme est à retrouver en ligne ici.

On se retrouve en septembre !

Cette newsletter a été préparée par Virginie Trachsler, Marine Rouch et Abel Delattre

Conceptrices : Patrycja Toczek et Caroline Dejoie


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Les Jaseuses (8 septembre 2024). Vers l’été… Les Jaseuses. Consulté le 8 septembre 2024 à l’adresse https://lesjaseuses.hypotheses.org/15316


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