"On m’a déjà demandé de gommer mon accent": Youssef Hajdi, acteur caméléon aux mille sensibilités - Nice-Matin

"On m’a déjà demandé de gommer mon accent": Youssef Hajdi, acteur caméléon aux mille sensibilités

L’acteur sera à l’affiche du prochain Jeunet, BigBug, attendu pour la fin de l’année sur Netflix. Il figure aussi dans le casting 5 étoiles du C’est la vie de Rambaldi et dans la deuxième saison de la série Validé. Et, à chaque fois, il surprend. Fait mouche. À l’écran. Mais aussi à la ville. Scènes de ses sentiments généreux.

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raphaël coiffier Publié le 01/04/2021 à 09:00, mis à jour le 01/04/2021 à 09:00
L'acteur Youssef Hajdi. (Photo Fred Malahieude)

Youssef Hajdi, comme on dit, a la gueule de l’emploi. Des emplois. Tant, depuis ses débuts dans 13m2, le comédien a tout joué. Tout et son contraire. Dealer fragile dans Engrenages. Directeur d’hôtel déjanté dans Platane. Agent de la DGSE dans Le Bureau des légendes. Vercingétorix dans le péplum parodique Brutus VS César. Tout récemment Orchidée, jeune candidate de téléréalité dans La Flamme. Rien ne résiste à ce caméléon...

Même pas les songes comme celui de fouler les planches, d’illuminer l’écran blanc, nés au lycée puis enfouis dans un coin de sa conscience. Jusqu’au jour où Françoise a franchi la porte de sa boutique de téléphonie mobile. Où sa professeure a eu la surprise de le voir là. Où, sans détour, elle lui a dit: " C’est bizarre, je pensais que tu aurais poursuivi tes rêves... "

Ni une ni deux, la vingtaine consommée, il raccroche. Quitte son Gard natal pour Paris. Y fait ses premiers pas sur scène au café-théâtre Le Bout et au Théâtre de l’avancée. Il suit une formation d’acteur avant, enfin, de se lancer dans le cinéma.

Depuis vingt ans, l’aventure se poursuit, grandit au fil des rencontres. Des scénarios. Des succès. Des longs-métrages. Des Big-Bang télévisuels. Sans que l’enfant de Beaucaire ne perde ses repères, les pédales, ni même son accent radieux.

"Que j’ai parfois camouflé. Qu’on m’a aussi demandé de gommer Mais j’ai quand même réussi à le faire voyager dans plein de personnages..."

Jusqu’au clap de fin. Imposé par la pandémie. " Ah oui, là je suis à l’arrêt. Mais pour moi, c’est plutôt agréable. J’articule mes journées autour de la famille, des proches. Je prends le temps et je digère ce qui se passe. Je regarde comment on traverse tous cette crise hors du commun... "

Youssef prend le temps. La pause. Après avoir marné d’août à mi-décembre, avec le tournage de deux séries (La Flamme et Validé 2) et un long-métrage.

En l’occurrence le prochain Jean-Pierre Jeunet, BigBug, attendu comme le soleil au printemps. " Le pitch de ce film d’anticipation? a se passe en 2050. Un virus informatique a pris possession des robots et ils se révoltent. Les habitants d’une maison se retrouvent alors coincés chez eux et cherchent à sauver leur peau. On est entre fantastique et comédie. C’est du pur Jeunet, avec un message d’espoir. Qui prend tout son sens en cette période de Covid..."

Silence. L’enfant de Beaucaire n’en dévoilera pas davantage. L’univers de Jeunet – avec qui il a déjà collaboré dans Micmacs à tire-larigot – ne se raconte pas. Il se pénètre. À la façon d’un pionnier. En quête d’inconnu doré.

"Pour moi, il fait partie des vingt plus grands metteurs en scène du monde. C’était un honneur. Une fierté d’être du casting avec Elsa Zylberstein, Isabelle Nanty, Stéphane De Groodt, André Dussollier et tant d’autres", avoue-t-il comme un petit garçon comblé d’avoir poussé délicatement la porte de la chocolaterie. Poursuivant ainsi son fabuleux destin...

Ancré dans son époque

En dépit des écueils. Des moments de découragement. Quand, à ses débuts, le téléphone dormait sur ses dix numéros. Sauf qu’il a toujours cru en lui. Et davantage en l’autre. Une croyance en odyssée au fond de son regard noir. Rieur et généreux...

" Bien sûr que l’humain est important! À la vie. Au cinéma. Une fois qu’on a trouvé une partie de soi, c’est ensuite le ‘‘nous’’ qui intervient. Ces regards différents sur le monde qui nous entoure nous nourrissent. Ce qui me fait vibrer, ce sont les sentiments."

Les liens sensibles, jamais en poste restante. Quelle que soit la langue. Quelle que soit la couleur. L’a priori n’a aucune grâce à ses yeux. Seul compte l’espérance. La beauté à récolter chez chacun. À fleur de peau.

Comme dans le C’est la vie de Julien Rambaldi, tout juste tombé du nid. " Sa sortie a été repoussée à plusieurs reprises. J’ai envie de vous dire: ‘‘C’est la vie!’’ Mais il est formidable d’humanité avec ces cinq portraits de femmes sur le point d’accoucher. C’est très touchant et très drôle! "

Il y tient le rôle du mari de Léa Drucker, " une actrice formidable. Une femme formidable ". Visiblement, l’homme aux mille visages s’est bien amusé aux côtés de toutes ces dames que sont Josiane Balasko, Alice Pol, Sarah Stern, Florence Loiret-Caille ou encore Julia Piaton.

Une corde de plus à son arc en tout cas, à retrouver en salle. Alors que le Jeunet sera visible uniquement sur Netflix à la fin de cette année.

Encore Netflix! " Tout simplement parce que Jeunet a eu du mal à financer ce projet par les circuits classiques. Alors que Netflix lui en a donné les moyens. Moi, vous savez, je vis dans mon époque. Je ne suis pas opposé aux plateformes. Elles sont parfois une alternative au cinéma et permettent, aussi, de révéler des talents, de donner naissance à des films plus compliqués. "

Une passerelle entre deux mondes qui lui ressemble. Lui qui regarde la lune comme s’il pouvait la toucher du doigt. Car rien n’est impossible à la force des croyances. Et du travail. Du salon au plateau. Peut-être, demain, en solo. Paroles au vent.

" On m’a proposé, à mes débuts, un seul en scène. Aujourd’hui, je me dis pourquoi pas. C’est une piste à explorer."

En revanche, pour la chanson, "c’est non. Même si j’ai toujours chanté, dansé. "

Dommage car ce fan de Michael Jackson a son petit grain de voix. Réservé à son seul pommeau de douche. Le caméléon a droit lui aussi à sa minute de gloire personnelle...

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