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Portrait

Sept choses à savoir sur Xavier Niel, milliardaire autodidacte

A 55 ans, le fondateur de Free est à la tête d'un empire des télécoms et des médias. Passionné de nouvelles technologies depuis l'adolescence, il s'est lancé dans l'entrepreneuriat en autodidacte. Zoom sur le parcours de la huitième fortune française.

D'après le magazine « Forbes », Xavier Niel est aujourd'hui la huitième fortune de France, avec 8,9 milliards d'euros de patrimoine personnel.
D'après le magazine « Forbes », Xavier Niel est aujourd'hui la huitième fortune de France, avec 8,9 milliards d'euros de patrimoine personnel. (Alice Lagarde pour 'Les Echos' d'après ROMUALD MEIGNEUX/SIPA)

Par Mathieu Viviani

Publié le 24 janv. 2023 à 10:44Mis à jour le 24 janv. 2023 à 17:03

A 55 ans, Xavier Niel est ce qu'on appelle un « serial entrepreneur ». Né dans le Val-de-Marne en 1967 au sein d'une famille de la classe moyenne, à l'adolescence, il se passionne très vite pour le monde naissant de l'informatique des années 1980.

Selon le dernier classement du magazine économique « Forbes », il est aujourd'hui la huitième fortune de France avec 8,9 milliards de dollars de patrimoine personnel. Patron d'Iliad, maison mère de l'opérateur télécoms Free, Xavier Niel est impliqué de près ou de loin dans une cinquantaine d'entreprises, que ce soit en tant que gestionnaire, actionnaire (minoritaire, majoritaire), investisseur ou simple conseiller. Ce, dans deux secteurs clefs de l'économie d'aujourd'hui : les télécoms et internet.

Tour d'horizon de ce qui fait la singularité de l'homme d'affaires chez les grands entrepreneurs français.

1. Des premiers pas d'entrepreneur dans… le Minitel rose

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« Je n'ai qu'un seul métier dans la vie, c'est Free, le reste ce sont des activités connexes. ». Telle est la phrase qu'aime répéter à la presse Xavier Niel. Le monde des télécoms est en effet celui où tout a démarré pour lui. Ses premiers pas y furent d'ailleurs insolites : à partir de 1984, le lycéen d'alors se lance en autodidacte dans le « Minitel rose », en y créant plusieurs services de contenus érotiques.

Le bac en poche, à partir de 1987, il rachète avec Fernand Develter, un ancien cadre de la Société Générale, Fermic Multimedia, une entreprise spécialisée dans la production de ce type de contenus pour le Minitel . Les deux associés la rebaptisent « Iliad », devenue depuis la maison mère de l'opérateur internet et mobile à succès, Free.

Parallèlement à cette activité, les deux entrepreneurs investissent dans des sex-shops et des « peep show ». Ces deux activités lucratives permettent à Xavier Niel de devenir un millionnaire à seulement 24 ans. Avec un revers de la médaille quelques années après : en 2006, le patron de Free est condamné en justice à deux ans de prison avec sursis et 250.000 euros d'amende pour recel d'abus de bien sociaux dans ses affaires de sex-shops.

2. Pionnier du web en France

Son goût pour l'informatique et l'innovation technologique en général amènent naturellement le futur grand patron à s'intéresser à l'avènement d'internet en France.

Une intuition qui l'amène, en 1995, à investir dans Worldnet, premier fournisseur d'accès à Internet grand public français, revendu pour 40 millions d'euros en 2000 à l'ancien groupe de télécoms Neuf Cegetel (lui-même fusionné à SFR en 2009). Cette expérience permet à Xavier Niel d'acquérir un savoir-faire dans le fonctionnement technique et économique du web.

3. Inventeur de la « box internet »

En 1999, l'entrepreneur décide de lancer sa propre offre d'accès à la toile en créant la filiale Free. Avec ses deux plus proches collaborateurs d'alors, Rani Assaf, son directeur technique, et Michaël Golan, son bras droit, ils ont l'idée pionnière de créer une « box » permettant de coupler via une même ligne, le téléphone, la télévision et internet.

Un concept technique qu'il a fallu inventer de A à Z car la technologie n'existait pas. Le pari est gagné avec le lancement officiel de la première « Freebox » le 1er novembre 2002, assortie de la première offre « triple play » française.

4. Free, sa poule aux oeufs d'or

Trente-cinq ans après sa création, le groupe Iliad reste l'entreprise principale de Xavier Niel, dont il détient la majorité du capital (96,40 %). L'entité Free est un de ses principaux moteurs économiques, en tant que quatrième opérateur de téléphone mobile français et deuxième dans l'internet via la fibre.

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Le 10 janvier 2012, Free lance, pour seulement 19,99 euros, un forfait mobile d'appel et SMS illimité avec 3 Go de données internet par mois. Le tout sans engagement. Offre à l'époque inédite par son rapport qualité/prix, elle bouleverse le marché. Les opérateurs français historiques (Orange, Bouygues Telecom, SFR) s'aligneront, faisant baisser le coût de leurs forfaits au fil des années.

Après plusieurs décennies, fin 2021, Xavier Niel décide, contre toute attente, de retirer Iliad de la Bourse afin d'être moins soumis à la pression des marchés financiers. La décision s'est pour l'instant révélée positive, avec une progression de 29,2 % du chiffre d'affaires du groupe entre mars 2021 et mars 2022, à 7,6 milliards d'euros.

5. L'un des investisseurs français les plus prolifiques

A titre individuel ou via ses fonds d'investissement, Xavier Niel est à la fois l'un des investisseurs les plus prolifiques de l'Hexagone et l'imprésario numéro 1 des start-up françaises. Avec son fonds d'investissement Kima Ventures, lancé en 2010 avec l'entrepreneur franco-israélien Jérémie Berrebi, il aurait investi dans plus de 800 jeunes pousses.

Parmi ses investissements à succès dans la French Tech, on peut citer la plateforme de streaming musical Deezer, ou encore Devialet, le fabricant français de systèmes audio haut de gamme. Plus récemment, on trouve dans son portefeuille Sorare , la start-up d'échange de cartes sportives virtuelles utilisant la blockchain, l'assureur en ligne Alan ou encore Zenly, start-up parisienne de géolocalisation de particuliers, rachetée depuis par le réseau social américain Snapchat pour 300 millions d'euros.

Dans le rang des pépites internationales pour lesquelles Xavier Niel a eu du flair, on trouve le leader de la location touristique entre particuliers Airbnb, le géant du VTC Uber, ou Nestlabs (devenue Google Nest), qui fabrique des équipements permettant de connecter des objets électroniques du quotidien via le réseau Wi-fi.

6. Patron de presse actif

Si son coeur de métier reste axé autour des télécoms et des nouvelles technologiques du numérique, l'homme joue aussi un rôle actif dans le secteur de la presse. Son fait d'armes le plus important est son entrée en juin 2010 comme actionnaire de référence au sein du groupe « Le Monde », éditeur du quotidien du soir, ainsi que d'autres titres importants comme les magazines « Télérama », « Courrier international » ou « L'Obs ».

Dans cette opération de recapitalisation du groupe, mal en point financièrement à l'époque, il s'est allié à l'homme d'affaires Matthieu Pigasse. Les deux patrons auraient depuis investi une cinquantaine de millions d'euros.

Xavier Niel est aussi présent au capital d'autres médias, pour certains naissant, d'autres en difficulté. Il a par exemple été, en 2010, l'un des premiers investisseurs du journal d'investigation en ligne « Mediapart ». En février 2020, il reprend le groupe de presse local des quotidiens « Nice-Matin », « Monaco-Matin » et « Var-Matin ». Il rafle en mars 2020 le quotidien régional « France-Antilles » et le journal hippique « Paris-Turf ».

En 2016, le chef d'entreprise s'associe de nouveau avec Matthieu Pigasse, et avec Pierre-Antoine Capton afin de lancer Mediawan, un groupe audiovisuel européen qu'il finance via un véhicule boursier de type « SPAC ». Aujourd'hui, la société de production est valorisée 1 milliard d'euros et a produit des fictions à succès comme la série « HPI » ou le long-métrage « Novembre ».

Aujourd'hui, il est candidat aux fréquences TNT. Avec, face à lui, M6.

7. Créateur d'écoles dans le numérique

Convaincu par la capacité du secteur numérique à créer des emplois en France, l'entrepreneur est à l'origine de la création de plusieurs incubateurs de start-up et établissements français de l'enseignement supérieur. En juin 2017 est inauguré à Paris « Station F », considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands incubateurs de start-up au monde. Xavier Niel a financé l'essentiel du projet, à hauteur de 250 millions d'euros.

Le patron de Free lance en septembre 2011 l'Ecole européenne des métiers de l'Internet. Accessible post-bac, cette école privée forme en trois ou cinq ans à des fonctions opérationnelles du monde digital (web designer, data scientist, web trafic manager, infographistes, etc.).

Deux ans après, il lance l'école 42 , orientée sur l'apprentissage du code informatique et internet pur. Cette autre structure éducative est gratuite et accessible sans condition de diplôme, moyennant un test d'entrée réputé difficile. L'établissement possède aujourd'hui 47 campus dans 26 pays à travers le monde, notamment dans l'ensemble de l'Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud.

Début 2021, le magnat des télécoms récidive en lançant la « ferme-école » Hectar, qui dispense des formations entrepreneuriales sur l'agriculture biologique. Et, l'année suivante, il fonde une école de commerce centrée sur la data, Albert School.

Mathieu Viviani

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