De Toulouse à l’Aude en passant par l’Antarctique, la course effrénée de Stéphanie Gicquel

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«En Mouvement», le dernier ouvrage de la coureuse de fond est une ode à la persévérance, l’adaptation, la rigueur mais aussi la connaissance de soi. Il est enfin le récit d’un parcours hors du commun. Parce que, dit-elle, en sport comme en toute chose, le chemin est plus important que l’arrivée.

Entrepreneuse, exploratrice polaire, sportive de haut-niveau notamment en ultra-trail et championne de France d’ultra fond… De sa naissance à Carcassonne puis de son enfance en banlieue toulousaine jusqu’à aujourd’hui à travers le monde, l'athlète se raconte dans «En Mouvement» paru chez Ramsay.

On me demande souvent ce qui a été le plus difficile : courir un marathon au pôle Nord par -30°C, s’entraîner pour devenir championne de France d’athlétisme, courir 240,6 kilomètres en vingt-quatre heures non-stop lors des championnats du monde d’ultrafond et intégrer le top 8 mondial, réaliser une expédition en Antarctique à pied sur 2.045 kilomètres en 74 jours par -50°C, un record du monde, courir sept marathon en sept jours consécutifs sur chacun des continents.

Chacune de ses expériences est racontée dans « En mouvement », parfois kilomètre par kilomètre, ravitaillement par ravitaillement. Tous les coureurs, mêmes ceux du dimanche, y retrouveront une part de leur vérité. Mais pour les autres, y compris les nombreux qui n’ont pas la condition physique de la championne, l’intérêt de cet ouvrage est certainement ailleurs.

Si les premières lignes citées ci-dessus peuvent paraître prétentieuses, ce n’est pas comme cela qu’il faut interpréter la démarche de l’ancienne avocate d’affaire. Cécile Gicquel est quelqu’un de déterminé. Elle n’exige de personne de faire comme elle. Mais à l’image de ses interventions tout au long de l’année à travers des conférences, elle estime que son expérience peut profiter à d’autres.

L’ultra-trail, l’expression de la vie condensée sur les chemins et sentiers ; les hauts et les bas, les difficultés, les obstacles, les moments de joie, les moments de doutes, les chutes parfois, et l’accomplissement ressenti.

« En mouvement » est avant tout une ode au dépassement physique et à la course à pied, sous toutes ses formes. Mais l’allégorie du sort est aussi utilisée pour évoquer le parcours de vie : « En ultrafond, comme dans la vie en général, les difficultés passées et à venir, parce qu’elles viendront ou reviendront assurément tôt ou tard, dites-vous, ne devraient jamais occulter totalement la lumière vive de l’instant présent ».

Femme et athlète

Entre les lignes et les kilomètres, Stéphanie Gicquel met aussi en avant sa condition féminine. Les disciplines dans lesquelles elle concoure ne sont pas les plus machistes, mais elle les traverse aussi clairement en tant que femme. Comme cette épreuve racontée sans détour de courir des heures, diminuée par des règles douloureuses. Et l’athlète-auteur de citer Simone De Beauvoir : « J’accepte la grande aventure d’être moi ».

Monter à Paris, quand on a grandi en « banlieue toulousaine », y intégrer une profession âpre, celle d’avocate d’affaire, et puis décider de changer de « direction » « pour ne pas se laisser enfermer ». Voici une autre trajectoire que dessine la sportive de haut-niveau, exploratrice et entrepreneuse, avec un adage à la clé : « toujours tout questionner ».

Hugo et d'autres auteurs dans la foulée

Et puis comme sur une course balisée, il y a dans cet ouvrage des repères, notamment des références à des grands auteurs comme Victor Hugo :

«Rien n’est charmant à mon sens, comme cette façon de voyager – à pied !- On s’appartient, on est libre, on est joyeux ; on est tout entier et sans partage aux incidents de la route, à la ferme où l’on déjeune, à l’arbre où l’on s’abrite, à l’église où l’on se recueille. On part, on s’arrête, on repart ; rien ne gêne, rien ne retient. On va et on rêve devant soi».

«La manière dont une personne marche révèle un peu de sa manière de penser et de vivre»

« La manière dont une personne marche révèle un peu de sa manière de penser et de vivre » écrit Stéphanie Gicquel. Mais elle préfère courir. De ses courses originelles le long du Canal du Midi à des marathons sur les cinq continents en passant par le cercle polaire, elle en a fait du chemin…

La vitesse de la course à pied est aussi, au fil des pages, comparée à celle d’une société qui va de plus en vite, qui met les corps et les têtes à rude épreuve mais d’une autre façon que le sport. « En Mouvement » n’est-il pas aussi le récit d’une course effrénée contre le temps qui passe ?

Que deviendra l’athlète une fois qu’il ne pourra plus courir aussi vite ? Il se réinventera. Comme Stéphanie Gicquel a déjà su le faire plusieurs fois.

Je ne crains pas de ne plus courir un jour, car la liste de mes motivations est trop longue et je sais la vie trop courte pour les concrétiser toutes pleinement, mais je ne veux pas effleurer pour autant les sujets. Le jour où j’aurai la sensation de réaliser la course parfaite, le geste parfait, je passerai à autre chose. Cela prendra le temps qu’il faut, et ce temps-là ne sera pas perdu. 

« En Mouvement » de Stéphanie Gicquel, éditions Ramsay.

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