Equateur: la sécurité, axe majeur du référendum voulu par le président Noboa
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Equateur: la sécurité, axe majeur du référendum voulu par le président Noboa

C’est en pleine crise sécuritaire et énergétique que plus de 13 millions d’électeurs se rendent aux urnes ce dimanche 21 avril en Équateur. Le président Daniel Noboa a en effet convoqué un référendum sur la sécurité, la justice et l’emploi.

Équateur: des soldats acheminent le matériel électoral dans une école de Quito en prévision du référendum du 21 avril 2024.
Équateur: des soldats acheminent le matériel électoral dans une école de Quito en prévision du référendum du 21 avril 2024. AFP - RODRIGO BUENDIA
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Permettre l’intervention des Forces armées dans la lutte contre le crime organisé, autoriser l’extradition de ressortissants équatoriens, aggraver les peines en cas de crimes graves... les questions liées à la sécurité (sur un total de onze) sont au cœur du vote de ce dimanche en Équateur.

Après l’assassinat de trois maires ces dernières semaines, et plusieurs massacres de civils à Guayaquil, Manta ou Ayampé, les Équatoriens ont compris que la guerre actuelle contre les gangs n’était qu’un demi-succès, selon l’analyste en sécurité Mario Pazmiño, interrogé par notre correspondant à Quito, Eric Samson : « Il n’y a pas de présence dissuasive permanente en territoire et les gangs en profitent pour continuer leurs activités illicites. C’est pour cela qu’ont augmenté les indices d’enlèvements et d’extorsion ». L'un des maires assassinés, José Sanchez, a été tué dans une localité minière où sévit l'un des groupes criminels les plus féroces du pays, Los lobos, qui fait partie de la liste des groupes ciblés par le gouvernement dans sa guerre contre les narco-terroristes.

L’an dernier, près de 8 000 morts violentes ont été enregistrées en Équateur, soit le taux d’homicides le plus élevé d’Amérique latine. Cela a provoqué un désir pour plus d’autorité, selon l’analyste politique Santiago Basabé : « Il est fort possible que la population souhaite un homme fort, notamment pour lutter contre la délinquance. Je crois que la crise diplomatique avec le Mexique a été bien assumée par la population ». Au début du mois, des policiers équatoriens ont fait irruption dans l'ambassade mexicaine à Quito pour y arrêter l'ancien vice-président Jorge Glas qui s'y était réfugié.

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Donner plus de force à l'armée au risque d'une «bukélisation»

Un coup de force risqué pour le président Noboa, élu en novembre dernier, et une violation du principe d'inviolabilité des représentations diplomatiques. Mais, en raison de l'insécurité, la militarisation du pays trouve un certain écho auprès d'une population apeurée. En organisant ce vote, Daniel Noboa cherche notamment à obtenir les moyens de légiférer pour donner plus de force à l'armée afin qu'elle intervienne.

Il s'agit de « donner plus de force à l'armée, militariser la lutte contre le trafic de drogue, même si ça n'a pas vraiment marché au Mexique, par exemple… Il s'agit de régler le problème par une approche vraiment punitiviste du point de vue du droit pénal, donc renforcer les peines, remplir les prisons, etc., sans vraiment s'attaquer aux racines du problème », alerte Alexis Medina, historien à l'Université de Franche-Comte, joint au téléphone par Aabla Jounaidi de la rédaction internationale de RFI.

Existe-t-il en Équateur une tentation de « bukélisation » (du nom du président du Salvador, Nayib Bukele) du président Noboa ? Le risque est important, estime Pamela Torres-Castillo, doctorante en sciences politiques à Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL) : « On parle beaucoup de la " bukélisation " du président Noboa. Effectivement, il est en train de prendre quelques actions entreprises déjà par Bukele, comme " la main dure " envers les cartels de la drogue. Il envisage aussi la construction de grosses prisons de haute sécurité. Je dirais que, pour lui, c'est quand même un exemple. Il est en train de prendre de gros risques au nom de la lutte contre l'insécurité et contre la corruption. Il entreprend n'importe quel type d’action au nom de la justice et de la sécurité, et ça, c'est quand même grave : ça peut entraîner, à mon avis, un excès d'autorité et aussi une centralisation du pouvoir. Ce sont de vrais risques dans un pays qui a une fragilité institutionnelle et un manque de confiance de la population, des Équatoriens, envers la démocratie. »

Un soldat de l'armée équatorienne lors d'une démonstration d'intervention antiterroriste à Guayaquil, le 16 avril 2024. (illustration)
Un soldat de l'armée équatorienne lors d'une démonstration d'intervention antiterroriste à Guayaquil, le 16 avril 2024. (illustration) AFP - GERARDO MENOSCAL

Flexibiliser le travail 

Certaines questions liées à la flexibilisation du marché du travail et au recours à l’arbitrage international sont rejetées par les indigènes, les syndicats (Conaie) et les partisans de l’ancien président Rafael Correa dans un vote que le président Noboa compte transformer en marchepied pour sa réélection. « Du point de vue économique – on sait bien que Daniel Noboa est le fils d'un magnat de la banane, est le fils d'un des hommes les plus riches du pays – mais il avait un discours qui cherchait à protéger les droits des travailleurs, notamment. Or là, il y a une question dans le référendum qui cherche au contraire à flexibiliser complètement le droit du travail et permettre des contrats précaires – pour aller vite, du type du contrat ‘‘zéro heure’’ qui existe, par exemple, au Royaume-Uni », reprend Alexis Medina.

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