« On ne gagne jamais grâce à la violence. On ne gagne qu’en gardant sa dignité. », Green Book 

Le film Green Book, sorti en 2018 et réalisé par Peter Farrelly, s’inspire d’une histoire vraie. Dans les États-Unis des Jim Crow Laws, en 1932, le pianiste virtuose afro-américain Don Shirley part en tournée dans le « Deep South » accompagné de celui qu’il a engagé comme chauffeur et garde du corps, un italo-américain du Bronx, Tony Lip. L’italien, d’abord gêné par l’idée de devoir être le protecteur d’un afro-américain, se retrouve vite confronté aux réalités des discriminations auxquelles Don Shirley fait face. 

Le contexte historique 

Dans les années 1930, les États-Unis étaient gouvernés par les lois Jim Crow qui légalisaient la ségrégation raciale. Ces lois ont existé pendant 100 ans environ, dès la fin de la guerre de Sécession (1861-1865) jusqu’à 1968, et ont ainsi été instaurées juste après la ratification du treizième amendement de la Constitution américaine qui abolissait l’esclavage aux États-Unis. Au plus fort de ces lois, les parcs publics étaient interdits aux afro-Américain.e.s et les autres lieux publics et de rassemblement, les théâtres, les restaurants, les abribus, les cabines téléphoniques, les piscines, les prisons, les hôpitaux, les ascenseurs, étaient séparé.e.s. Elles interdisaient aux afro-Américain.e.s de vivre dans des quartiers réservés aux personnes blanches. Les mariages, et même la cohabitation mixte étaient strictement interdit.e.s. À Atlanta, une Bible différente était donnée aux afro-américain.e.s lorsqu’ils devaient poser la main dessus pour prêter serment. 

C’est dans ce contexte de ségrégation généralisée à travers le pays que Victor Hugo Green, employé des services postaux de New York, décida de publier annuellement, de 1936 à 1966 un guide de voyage à l’intention des afro-Américain.e.s en road trip : le fameux « Negro Motorist Green-Book ». Ce guide avait pour but d’éviter aux afro-Américain.e.s d’être refusé.e.s par des garages, des restaurants, des hôtels, voire d’être expulsé.e.s avec menaces verbales ou physiques des villes « whites-only ». Le guide est vite devenu la bible des voyageur.se.s afro-Américain.e.s et leur permettait de trouver des logements, des stations-service et des restaurants qui les accueilleraient au long de leur voyage. 

La complémentarité des personnages 

Au cœur de ces États-Unis divisés, le film dépeint comment le chauffeur et le pianiste apprennent à se connaître et s’apprivoisent progressivement en déconstruisant peu à peu les préjugés qu’ils ont l’un envers l’autre. Tony Lip vient du Bronx et a une culture populaire, tandis que Shirley apprécie la culture raffinée des cercles qu’il fréquente grâce à son talent de musicien. Tony Lip n’est pas ouvertement raciste, mais n’est pas très à l’aise à l’idée d’être sous les ordres d’un afro-Américain, quant à Don Shirley, il est gêné par les manières frustes de son chauffeur qu’il trouve très peu distingué alors qu’ils sont amenés à fréquenter des sphères très privilégiées de la société américaine. 

Leur amitié finit par se construire sur leurs discussions et confrontations. Tony Lip découvre que lors des soirées organisées par des personnes blanches pour accueillir Don Shirley, celui-ci n’est jamais convié au dîner ensuite, quand bien même, il était le clou du spectacle. Il doit donc s’adapter au quotidien de son employeur en lui dénichant des hôtels et des restaurants qui acceptent certes de l’accueillir, mais qui sont toujours miteux. Don Shirley, en retour, aide Tony Lip à écrire des lettres à sa femme restée à New York.

Un point de vue atypique sur la période ségrégationniste 

Green Book permet de se pencher sur un cas moins représenté par les œuvres traitant de la période des Jim Crow Laws. Il est en effet assez rare de voir le cas de Don Shirley, virtuose qui a accès par son talent aux sphères les plus élitistes, et hypocrites, de la bonne société américaine de l’époque. S’il y est accueilli pour son talent, il est tout de même restreint à graviter autour de ces sphères sans jamais les intégrer complètement ; son statut et son talent ne seront jamais suffisants aux yeux des autres.

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