ENTRETIEN. Pauline Peyraud-Magnin : « Les Italiens ont le sang chaud, j’adore ça ! »
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ENTRETIEN. Pauline Peyraud-Magnin : « Les Italiens ont le sang chaud, j’adore ça ! »

Gardienne titulaire de l’équipe de France depuis fin 2020, avec qui elle affronter l’Italie à l’Euro le 10 juillet (21 h), Pauline Peyraud-Magnin joue à la Juventus Turin depuis l’été dernier. Une troisième expérience à l’étranger de rang pour la « club trotteuse » tricolore – après Arsenal et l’Atlético de Madrid -, qui nous a accueillis à Turin pour nous parler d’Italie, du quotidien de sportive et, forcément, de ballon rond.

Pauline Peyraud-Magnin habite à Turin depuis l’été 2021.
Pauline Peyraud-Magnin habite à Turin depuis l’été 2021. | PHOTO : OUEST-FRANCE
  • Pauline Peyraud-Magnin habite à Turin depuis l’été 2021.
    Pauline Peyraud-Magnin habite à Turin depuis l’été 2021. | PHOTO : OUEST-FRANCE

Ce vendredi de mai, il règne une torpeur sur Turin (Italie). Le thermomètre affiche 32 °C et les passants cherchent l’ombre. Pauline Peyraud-Magnin (30 ans) aussi. Lors de notre rencontre dans un parc du centre-ville, il a rapidement été décidé de s’attabler à l’abri des rayons du soleil.

Pourtant, la gardienne de l’équipe de France a pris la lumière ces dernières années. Propulsée numéro une dans la cage tricolore en septembre 2020, après la retraite internationale de Sarah Bouhaddi, elle est devenue l’an passé la gardienne la plus chère de l’histoire du foot féminin, lors de son transfert de l’Atlético de Madrid à la Juventus Turin (environ 50 000 €). Un nouveau statut qui n’a pas effrayé la native de Lyon, qui estime avoir « franchi un cap cette année ». Autour de deux limonades, elle s’est confiée sur sa nouvelle vie en Italie, son quotidien et la gestion des réseaux sociaux. Mais aussi sur sa pizza préférée, ses superstitions et son surnom de « Hulk ».

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Vous avez signé à la Juventus Turin l’été dernier. Connaissiez-vous déjà l’Italie ?

Non, pas vraiment. J’y étais allée, je crois, en CM2. On avait eu un voyage linguistique avec l’école. On était partis à Florence, « Firenze » comme ils disent ici. J’avais trouvé que c’était un beau pays. Ensuite, avec l’équipe de France U17, on était partis à Vérone, la ville de l’amour de Roméo et Juliette.

Il y a l’air d’y avoir beaucoup de « villes de l’amour » en Italie…

Il y en a beaucoup. En Italie, on dit que la France est le pays de l’amour, ils aiment beaucoup la façon dont on parle. Alors que nous, on dit la même chose d’eux.

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« Turin, c’est un peu comme Lyon »

La France et l’Italie se ressemblent-elles ?

Ça se ressemble. Ici, Turin, c’est un peu comme Lyon, avec le Pô, l’architecture. Ça me fait penser aux quais de Lyon. J’ai l’impression d’être chez moi.

Vous êtes-vous rapidement sentie intégrée en Italie ?

Oui, très vite. Déjà, les filles ont été extraordinaires avec moi. Les gens ici sont très conviviaux. Cristiana Girelli (attaquante italienne de la Juve) m’avait envoyé un message sur Twitter, quand elle a su que je venais. C’était sympa.

Parliez-vous italien en arrivant ?

Pas du tout.

Et aujourd’hui ?

Je le comprends quand on me parle doucement, parce qu’ils parlent très vite. Comme nous, on parle vite pour eux. Sinon, il y a beaucoup de filles qui parlent français, parce qu’elles l’ont appris à l’école. Ou comme Sara Gama (la capitaine), qui a joué au PSG (2013-2015) et a continué à parler un peu français.

Vous leur parliez donc en anglais à vos débuts ?

Oui, en anglais, un peu en français. Un peu avec Google Traduction aussi. Mais ça va vite, très vite. Quand les gens sont patients, elles ont été d’une patience… Même moi je n’aurais pas été aussi patiente. Elles ont juste été géniales.

Vous aviez déjà connu cela à Arsenal et à l’Atlético de Madrid ?

À l’Atlético c’était différent, parce que j’étais arrivée pendant le Covid. Il fallait rester chez nous. Mais à Arsenal, direct on m’a dit « viens on va faire un barbecue ». C’était la première chose que j’ai faite. Et je ne parlais pas un mot d’anglais. J’y suis allée en parlant avec les mains. J’essayais de communiquer.

« En Italie, il y a un truc qui fait que tu as envie de te déchirer tout le temps »

Avez-vous pu voyager et découvrir l’Italie cette saison ?

Avec le foot, oui. Après, ça a été intense cette année. Quand on termine avec l’équipe, on va en équipe nationale. Ensuite, on revient. Je ne crois pas avoir eu un week-end de libre.

Avez-vous pu découvrir Turin ?

Oui, un peu, je me promène. Je ne suis pas quelqu’un qui va à un endroit précis. Je suis plus quelqu’un qui se perd et qui découvre.

Avec vos chiens ?

Oui, on les promène. Il y a beaucoup de verdure aux alentours, c’est plutôt à l’extérieur que je les emmène, dans les parcs. C’est mieux que le béton.

Pauline Peyraud-Magnin aime « se perdre et découvrir » Turin. | PHOTO : OUEST-FRANCE
Pauline Peyraud-Magnin aime « se perdre et découvrir » Turin. | PHOTO : OUEST-FRANCE

En février, vous nous confiiez : « L’Italie, ça prend aux tripes » . Qu’est-ce que ça signifie ?

Ça veut dire que c’est une ferveur. Un peu comme en Espagne ou en Angleterre. Il y a un truc qui fait que tu as envie de te déchirer tout le temps. Je n’ai jamais été aussi expressive que depuis que je suis là, avec mes sentiments, mes émotions. Un exemple : quand on gagne le 2-1 contre Lyon (23 mars, quart de finale aller de C1). On n’avait rien gagné, on est d’accord ? Il restait encore un match. Mais si tu ne fêtes pas ça, tu ne fêtes rien. En plus on était chez nous. C’était incroyable.

« Nous, les Français, on est vachement sur la réserve »

C’est quelque chose de nouveau pour vous, ce côté extraverti ?

J’étais plus timide. On est un peu comme ça les Français, on est vachement sur la réserve. On y va à tâtons. Là, contre l’OL, c’était important de fêter car on ne sait pas ce qui arrive après. Et finalement on n’est pas passés (défaite 1-3 au retour). Ce n’était pas pour humilier, c’était juste entre nous, en se disant : « On a fait quelque chose de fou. »

Quand vous dites que les Italiens vivent tout plus intensément, pensez-vous seulement au football ou bien à la vie en général ?

Dans tout. Ils ont le sang chaud, j’adore ça. Ils me font rire, ils parlent fort, avec les mains. Ils expriment tout.

Pour vous, ce n’est donc pas seulement un cliché qui colle parfois aux Italiens.

Non, ce n’est pas un cliché. Mais ce n’est pas péjoratif. Parfois, quand on parle de cliché, on pense qu’il y a un sous-entendu négatif. Là, pas du tout.

Comment sont les fans de football en Italie ?

Ils sont géniaux, ils t’envoient des messages. J’échange beaucoup avec eux.

Avez-vous déjà connu cela ailleurs ?

À Arsenal, il y avait Maria. C’est la doyenne, elle supporte Arsenal depuis sa tendre enfance. Quand j’arrive là-bas, je joue mon premier match contre Liverpool. Elle avait appris un peu de français, pour me dire « bienvenue à toi ». On a vraiment un rapport très différent de ceux des garçons. C’est quelque chose que j’aime.

« Notre génération, avec Instagram, a besoin de se vendre »

Comment est l’ambiance en tribunes ?

Elle est top. Récemment, on est allés présenter le Scudetto au Juventus Stadium, pendant un match des garçons. On avait été invités pour Juventus – Lazio Rome, ils nous ont fait entrer avant que les joueurs n’entrent. C’était un moment de folie.

Avez-vous senti que l’élimination de l’équipe masculine d’Italie pour la Coupe du monde 2022 (éliminée en barrage par la Macédoine du Nord) a marqué le pays ?

Oui, évidemment. On est dans un pays de foot, même moi j’étais déçue pour eux. J’en ai parlé avec des filles, elles m’ont dit qu’elles étaient dégoûtées. Ils ont vraiment la ferveur… C’est le drapeau, la patrie. Mais maintenant, ce sont les filles qui vont représenter l’Italie à l’Euro !

Quelle place occupe le football féminin en Italie ?

On est pas mal représentés, sur les réseaux, dans les journaux. Il y a au moins un article sur nous toutes les semaines. Au club, on a une fille qui nous envoie plusieurs fois par semaine une revue de presse sur le football féminin.

Aimez-vous bien faire des interviews ?

Oui, ça va. Au début, j’étais timide. Mais on en a besoin en fait, pour promouvoir le foot féminin. Ça en passe par là. Certains ont peur qu’on retranscrive mal leurs idées. Il y a une histoire de confiance à avoir.

Il faut aussi être à l’aise dans cet exercice.

On est sur une génération, la génération Z, avec les téléphones, Instagram, où l’on a besoin de se vendre. Aujourd’hui, c’est une nécessité. On ne peut plus être comme avant, où l’on connaît quelqu’un par la télé. Les gens ont besoin de nous suivre, savoir ce que l’on fait au quotidien. Et pourtant je ne publie pas beaucoup !

« La Juventus, tout le monde a envie de la battre en Italie »

Aimez-vous les réseaux sociaux ?

Pas hyper. J’ai quelqu’un qui s’en occupe. Mais j’essaye de répondre à tout le monde, j’envoie des petits « merci ».

Avez-vous pu côtoyer les joueurs de la section masculine de la Juventus ?

On est un peu séparés. Eux sont vers le stade, nous, on est de l’autre côté. On a notre centre d’entraînement à nous, avec les U23 et les U19. On est vraiment bien, les installations sont tops.

C’est mieux que ce que vous avez connu ailleurs ?

C’est l’un des meilleurs. Si ce n’est le meilleur.

Avez-vous des équipes rivales en Italie ?

De la Juventus ? Tout le monde (rires) ! On est le club à battre. J’ai vécu ça à Lyon. Quand tu gagnes beaucoup, les gens ont envie d’être l’équipe à faire tomber le grand Lyon, le grand Chelsea en Angleterre, le grand Barcelone en Espagne.

Cette opposition vis-à-vis de la Juventus ne vous dérange-t-elle pas ?

J’aime trop ! Quand j’étais à Lyon, on m’a dit : « Le plus important n’est pas d’arriver premier, mais de le rester. » C’est là où tu vois les grandes équipes. Quand on me dit, « c’est facile pour vous », non, ce n’est pas facile pour nous ! Pas du tout. C’est juste qu’on se donne les moyens de rester à ce niveau, on monte le niveau d’exigence. Il ne faut pas oublier qu’il y a du travail derrière.

« J’aime beaucoup l’hymne italien, il est prenant »

Vous allez affronter l’Italie à l’Euro, pour votre premier match de poules, avec beaucoup de vos coéquipières de la Juventus dans le camp adverse. Cela ne vous fait-il pas drôle de bientôt jouer contre elles ?

Oui, beaucoup (rires). On se chambre. À la fin des entraînements, on se fait des frappes, et Cristiana Girelli me lance des « regarde ce que je vais te marquer comme coup franc, le 10 juillet prochain ». Ça va me faire bizarre, comme le fait d’entendre leur hymne national. Car je sais ô combien c’est important pour elles. J’aime beaucoup cet hymne, il est prenant. Et la façon dont ils le chantent. Ce n’est pas tant les paroles, c’est vraiment la ferveur qu’ils mettent à le chanter. (Elle chante) Fratelli d’Italia… Ils sont très patriotes.

Pauline Peyraud-Magnin affrontera l’Italie le 10 juillet à l’Euro 2022, avec l’équipe de France. | PHOTO : PHILIPPE RENAULT / OUEST-FRANCE
Pauline Peyraud-Magnin affrontera l’Italie le 10 juillet à l’Euro 2022, avec l’équipe de France. | PHOTO : PHILIPPE RENAULT / OUEST-FRANCE

Quel est votre quotidien en Italie ?

Je me lève en fonction de mon heure d’entraînement, car j’aime bien dormir. Si je peux dormir un peu plus ça me va (rires). Je prends mon petit-déjeuner. Je pars au foot. On a l’échauffement, l’entraînement, entre 10 h 30 – 11 h et jusqu’à 12 h – 13 h. Ensuite on va manger ensemble au restaurant du club. Après, si on a des soins à faire, on reste. Sinon, je rentre chez moi, je me pose un peu pour récupérer du sport.

Vous occupez-vous facilement à côté du football ?

Oui. J’admets que cette année, j’ai été vraiment concentrée sur le foot. Après, j’ai 30 ans, aller courir et à droite à gauche… Je suis aussi là pour le foot. Si je vais faire une randonnée de deux heures et qu’après je n’assume pas… Mais je me suis promenée.

« Hulk, c’est une métaphore de moi »

Appréciez-vous la nourriture italienne ?

C’est trop bon. J’ai fait quatre pays différents. L’Angleterre, j’ai un peu de mal. L’Espagne, c’est bon, mais c’est souvent frit, très gras. Ici, c’est un combo de bonne bouffe. Ils ont de la mozzarelle, de la bufala. Je peux en manger comme ça, avec de l’huile d’olive, poivre et sel. L’huile d’olive a un truc ici, alors qu’en Angleterre elle n’avait pas de goût. Rien que d’y penser me donne envie d’en manger.

Les pâtes et les pizzas sont-elles aussi meilleures qu’ailleurs ?

Ça n’a rien à voir. Ma pizza préférée, c’est base tomate, viande hachée, bufala et du basilic. Très classique. J’en ai mangé une pour fêter ma prolongation. En plus, les pizzas ici ne sont pas chères, alors qu’il y a des bons produits. Ma pizza ne coûte que 8 €, alors qu’en France elle coûterait 14 €. Ma compagne a trouvé récemment une épicerie française, on va pouvoir manger de la raclette et de la fondue l’hiver prochain.

Vous avez un surnom : Hulk. D’où vient-il ?

Ça date de Saint-Étienne (2015-2016). J’avais une coéquipière qui m’a dit : « Je sais que tu aimes bien les Marvel. J’ai un site où ils vendent des sous-maillots de super-héros. Tu veux lequel ? » Celui qui me correspond le mieux, physiquement parlant, c’était Spiderman. Elle revient le lendemain et me dit qu’il n’est pas disponible en S. Il n’y a que Hulk. Je lui dis : « Tu sais quoi, prends-le. » Et c’est devenu une métaphore sur moi. Je suis quelqu’un de très calme au quotidien, mais sur un terrain, j’ai une autre facette.

Portez-vous souvent ce sous-maillot ?

Tout le temps, toujours le même. Je le lave entre chaque match. Je l’aurai à l’Euro cet été.

Vous n’avez jamais trop chaud avec ?

Non, et même si j’ai chaud, ce n’est pas grave. On a tout vécu ensemble.

N’est-il pas trop usé ?

Si, la manche commence à se barrer (rires). Il commence à être vieux. J’y fait super attention.

« Je suis toquée, je suis superstitieuse »

Vous êtes la seule à avoir un sous-maillot comme cela.

Je crois. Ça fait rire les autres. Surtout que dessus, ce n’est pas le personnage qui est dessiné, mais ses abdos, ses pecs. Comme si j’avais des abdos de fou. J’en ai, mais pas ceux-là. Et pas en vert (rires) ! C’est mon meilleur pote.

Cela vous rassure-t-il de l’avoir ?

Si je ne l’ai pas, je suis stressée.

Cela fait un peu superstitieux, non ?

Un peu, je le suis. Je suis toquée, je suis superstitieuse. J’ai besoin que les choses soient faites dans l’ordre. Je suis une catastrophe (rires). Plus je vieillis, plus je m’en rends compte. Et avec les années je rajoute des trucs, en plus des tares de base. Ce sont des petites choses, mais j’ai besoin de les avoir.

Avez-vous d’autres éléments comme cela qui vous rassurent ?

Oui, j’ai un porte-clés, une pierre, une pièce. Ils sont dans mon sac de match. J’ai une photo de mon grand-père, qui compte énormément pour moi. Je lui parle tout le temps. Quand j’entre sur le terrain et que je lève les yeux au ciel, c’est pour lui et ma grand-mère. Voilà, mes petits trucs. Ça m’aide à me concentrer et à me calmer. Je suis quelqu’un d’anxieux de base. Ces rituels m’aident à me mettre dans mon match. J’ai besoin de ça. Et je ne suis pas la seule.

« J’ai franchi un cap cette année à la Juventus, je suis moins timide », explique Pauline Peyraud-Magnin. | PHOTO : OUEST-FRANCE
« J’ai franchi un cap cette année à la Juventus, je suis moins timide », explique Pauline Peyraud-Magnin. | PHOTO : OUEST-FRANCE

Certaines de vos coéquipières sont-elles comme vous à ce sujet-là ?

J’ai rencontré plein de superstitieuses ! Mais pas autant que moi. Je suis dans l’excès. À ma place, j’ai un autel, il ne manque plus que la bougie et c’est bon (rires).

Comment êtes-vous dans le vestiaire de la Juventus ?

J’ai un rôle de leader. Je prends souvent la parole, j’essaye de donner des petits messages. Ensuite, sur le terrain, je suis très exigeante, autant avec moi qu’avec elles. Je leur crie des choses en anglais, en français, en italien, tout est bon à prendre. Mais c’est vrai que je parle beaucoup, pour mettre de la présence. Et ça me maintient dans le match. C’était un problème chez moi la concentration, j’étais un peu hyperactive. En tant que gardienne de but, tu peux attendre longtemps avant de toucher le ballon.

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Avez-vous le même rôle chez les Bleues ?

Oui, j’essaye d’être la même partout. J’ai franchi un cap cette année à la Juventus, je suis moins timide, je dis ce que je pense. Même dans la vie de tous les jours.

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