Ligue 1. Michel Der Zakarian : « Dire que je suis un entraîneur défensif, c’est n’importe quoi »

Le jour et la nuit. Appelé à la rescousse pour soigner un Montpellier blessé, début février, Michel Der Zakarian a ramené le vent finistérien dans l’Hérault pour balayer le climat orageux qui régnait à la Paillade jusque-là. Depuis son retour en terre connue, l’ancien entraîneur du Stade Brestois a transfiguré le MHSC (quatre victoires, un nul) pour en faire la meilleure équipe de Ligue 1 sur le plan comptable (treize points sur quinze) lors des cinq derniers matches.

Un retour gagnant. « Oui, on peut dire ça. Tout se passe bien pour l’instant, avoue Michel Der Zakarian. Après, dans le football, cela demande confirmation tous les week-ends. Je pense que le travail paie car on a une très belle qualité d’effectif. On gagne car le contenu est bon et parce que nous sommes efficaces. C’est une belle série, mais il faut toujours rester les pieds sur terre dans le foot », poursuit l’entraîneur franco-arménien, qui connaît trop bien la Ligue 1 pour ne pas s’enflammer.

Entraîneur défensif ? « On m’a collé cette étiquette »

Pour remettre les Héraultais d’aplomb, « Der Zak » a apporté d’entrée de jeu sa rigueur légendaire et son culte du travail et des efforts physiques. « Avec le staff, on a tout de suite mis des choses en place avec, dans le cœur de la semaine, des séances très intenses. Les joueurs ont été réceptifs et ont travaillé très fort, reconnaît l’ancien coach nantais. Après, ce sont les joueurs qui décident ou pas de mettre de la vérité dans ce qu’ils font, dans l’écoute, dans la discipline. Il y a aussi le travail invisible que l’on ne peut pas contrôler. »

Avec un but encaissé en cinq matches, l’ex-défenseur a su stabiliser l’arrière-garde montpelliéraine qui a trop souvent pris l’eau (deux buts encaissés par match en moyenne entre août et février). Mais au-delà d’une assise défensive solidifiée, Montpellier a retrouvé de l’allant avec Der Zakarian et surtout une efficacité offensive indéniable (11 buts marqués en cinq matches).

Un constat qui vient égratigner sa réputation de n’être qu’un entraîneur défensif. « Dire que je suis un entraîneur défensif, c’est n’importe quoi. Ce sont les journalistes qui aiment raconter ça, lance l’entraîneur montpelliérain. Ce n’est pas du tout le discours que j’ai avec mes joueurs. La réalité, dans le football, c’est que quand tu n’as pas le ballon, il faut défendre. Quand on regarde les grandes équipes, elles ne prennent pas beaucoup de buts. On m’a collé cette étiquette car je faisais jouer mes équipes à cinq derrière, mais quand certains coachs jouent à cinq derrière, on dit d’eux qu’ils jouent à trois. Et quand c’est moi, on dit que je ne joue qu’à cinq. On peut balancer ce qu’on veut », soutient-il, un brin agacé.

Un management plus apaisé

Sur le plan humain, la méthode Der Zakarian a aussi évolué depuis son départ de Montpellier en 2021 avec davantage de dialogue avec les joueurs. Un entraîneur plus ouvert et plus prolixe aussi. « Je faisais la même chose à Brest, estime « MDZ ». Après, c’est vraiment la volonté des joueurs d’être à l’écoute ou non. J’essaie d’évoluer. Ce qui n’a pas fonctionné avant, j’essaie de le gommer et d’apporter d’autres choses dans mon discours, en essayant d’être plus tranquille, même si je suis sanguin de temps en temps. Encore aujourd’hui, ça peut partir à tout moment (rires). Il y a certains joueurs qui n’aiment pas quand on aboie derrière eux, alors que pour d’autres, il faut le faire et les prendre en aparté. »

Un nouveau management qui vient remettre en question l’image d’entraîneur rude et autoritaire qu’il peut laisser paraître. « Ce sont les étiquettes que l’on nous colle et derrière, chaque personne répète la même chose. J’ai toujours aimé mes joueurs, il faut savoir les cajoler par moments », explique Michel Der Zakarian. Pour l’instant, cela fonctionne. Avec dix points d’avance sur le premier relégable Auxerre (17^e, 23 points), l’opération maintien semble en bonne voie, même s’il manque « encore trois ou quatre victoires » selon le technicien pailladin.

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Ce qui est certain, c’est que « Der Zak » se sent comme un poisson dans l’eau à la Mosson au sein d’un club qu’il connaît par cœur. En un peu plus d’un mois, il est parvenu à réchauffer le cœur des supporters et de la direction. « C’est plus facile pour moi de m’acclimater ici, je connais tout le monde. Les gens ont le même langage que moi. C’est plus simple que d’avoir, de temps et temps, des peaux de bananes sur la route (lors d’une ou plusieurs de ses anciennes expériences). C’est ce que j’ai ressenti », ajoute Michel Der Zakarian qui, en Occitanie, ne semble, pour le coup, pas être sur un terrain glissant.