Christian Dior : ce que vous ne savez pas sur le couturier du rêve et la maison de luxe  

mis à jour le 12 janvier 2023 à 11:15
Christian Dior : ce que vous ne savez pas sur le couturier et la maison de luxe
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Parce que faire l’éloge de l’élégance et du raffinement qui émanent des collections de Dior ne serait pas suffisant, pourquoi ne pas revenir sur les faits marquants, relatifs à l’histoire de la maison de luxe française. Mais aussi, sur son héritage, passé de génération en génération depuis monsieur Christian Dior.  

Abonnée à la Fashion Week de Paris, aux coups d’éclats sur les tapis rouges et aux mises en lumière dans les plus grands magazines, Dior symbolise bien plus qu’une maison de couture, elle est historique. 

Avec un goût prononcé pour la démesure, et l’opulence du luxe qu’elle retranscrit pourtant avec simplicité, cette maison qui prend ses quartiers au 30 avenue Montaigne, fait preuve depuis toujours, d’une grande générosité. Celle d’incarner le rêve, et d’inviter ses afficionados à pousser les portes de la mythique adresse qui a autrefois abrité le prodige par qui tout a commencé : monsieur Christian Dior.

Un lieu légendaire dont la cabine est restée quasiment intacte depuis 1946 et dont le bureau a été reconstitué spécialement pour La Galerie. Un écrin pouvant encore être visités aujourd’hui par les amateurs et les amatrices du couturier du rêve qui se demanderaient où l’histoire de Dior s’est écrit pour la première fois. 

La Galerie Dior, au 30 avenue Montaigne : un arrêt hors du temps 

Cette année, c’est à travers une série de podcasts de cinq épisodes « Les vies multiples de Christian Dior« , que la maison retranscrit le génie créatif de ce jeune homme à la timidité absolue, devenu par la suite l’un des plus grands couturiers de sa génération. 

Multipliant les projets, et après plus de deux ans de rénovation, la maison de luxe introduit notamment La Galerie Dior du 30 Montaigne. Un lieu mythique, autrefois tenu pour l’hôtel particulier du couturier du rêve. Cet édifice retranscrit l’empire constitué, et ouvre le champ des possibles en une scénographie qui fusionne les divers univers de la maison de luxe et ses savoir-faire. De la haute couture à la haute joaillerie, en passant par la beauté, l’art de vivre et la gastronomie… Tous les secteurs se mêlent pour ne faire plus qu’un.

La promesse ? Une visite déployée en premier par un escalier en colimaçon de marbre blanc, qui s’étend sur 2 000 m² où se mêlent les collections de Christian Dior, celles d’Yves Saint Laurent, de Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, puis Raf Simons et Maria Grazia Chiuri. 

Un véritable temple de la mode unique au monde, pour lequel il est possible de réserver un créneau de visite sur le site Galeriedior.com afin de s’imprégner de l’univers de cette maison surréaliste, et de celui de son fondateur. Mais connait-on vraiment le couturier du rêve, ainsi que ses successeurs et sa successeuse ?

Monsieur Christian Dior fut galeriste   

Vouant un culte à l’art sous la quasi-totalité de ses facettes, Christian Dior ouvrit une galerie de peinture au cours des années 1930. Il contribua ainsi à mettre dans la lumière les toiles de Christian Bérard et les gouaches de Max Jacob dont il était proche, mais aussi d’autres artistes tels qu’André Breton, René Magritte, Salvador Dali, Braque, Dufy, Marcel Duchamp, Pablo Picasso, Alberto Giacometti, Joan Miro ou encore Man Ray… Somme toute, ses parents n’étant pas totalement favorables à l’élévation de cette entreprise, insistèrent pour que le nom de leur fils ne figure pas dans la raison sociale de la galerie de Jacques Bonjean qui ouvrit en 1928. C’est en 1931 que cette galerie ferma ses portes au même moment que survenue la ruine de Maurice Dior suite à la crise de 1929. En 1932, Christian Dior travailla avec Pierre Colle dans la galerie de ce dernier, qui ferma deux ans plus tard.

Une famille ruinée 

À mille lieues du faste luxueux dans lequel Christian Dior finit sa vie, il connut avant cela la richesse puis la pauvreté au décès prématuré de sa mère Madeleine, et de la ruine brutale de son père Maurice, peu de temps après avoir fondé une société immobilière n’ayant pas survécu au krach boursier américain, comme le confia le couturier lui-même.

La révélation de monsieur Christian Dior 

Malade pendant plusieurs mois dans les années 1930, monsieur Dior se mit à dessiner des robes, bien qu’il ne sût pas encore que la mode l’inspirerait dès lors toute sa vie. À ses prémices, ses croquis alimentent les pages mode du Figaro jusqu’à ce que cet artiste émérite devienne modéliste pour le couturier Robert Piguet. En 1941, Christian Dior poussa les portes des ateliers de Lucien Lelong, jusqu’à faire la rencontre de Marcel Boussac. Une rencontre qui écrit les premières pages de l’histoire de la maison de luxe française.

La maison Christian Dior aurait pu ne pas exister

C’est Marcel Boussac (1889-1980) qui a financé la création de la maison de couture. Surnommé le « roi du coton », cet industriel du textile fut l’un des hommes les plus riches de France à sa grande époque. En 1954, le magazine américain Fortune estime le patrimoine de cet homme d’affaires à plus de 50 milliards de francs. 

Fils d’un confectionneur-drapier, ayant trouvé richesse dans la négoce de tissu en 1910, Marcel Boussac est avant tout un investisseur et un avant-gardiste. Après la Seconde guerre mondiale, ce dernier est l’un des rares dirigeants à avoir réussi à faire tenir ses entreprises. 

Lui vient alors l’opportunité d’être présenté à un couturier de plus de 40 ans encore inconnu : Christian Dior. La condition de ce dernier ? Ne pas reprendre la maison Philippe & Gaston, mais avoir carte blanche pour lancer sa maison de haute couture éponyme. Convaincu par l’imaginaire et le génie créatif de monsieur Dior, Marcel Boussac accepte de financer le projet et lui accorde sa confiance. Dans ses mémoires, Dior raconte « Tout serait nouveau depuis l’état d’esprit et le personnel jusqu’au mobilier et au local ».

Sa bonne étoile… 

Avant d’accepter l’étroite collaboration avec Marcel Boussac, Christian Dior hésita longtemps jusqu’à tomber sur sa bonne étoile, au sens littéral du terme. Et pour cause, c’est en marchant rue du Faubourg Saint-Honoré que le couturier trébucha sur une étoile. Un signe du destin qui poussa monsieur Dior à accepter la proposition faite par l’homme d’affaires, et qui l’accompagna toute sa vie allant jusqu’à devenir le symbole même de la maison. Ainsi, c’est en octobre 1946, que la maison Dior vit le jour.

Miss Dior  

Alors que Natalie Portman incarne la Miss Dior des temps modernes, la véritable personnalité à l’origine du mythe n’est autre que Catherine Dior (1917-2008), la sœur du célèbre couturier. Une grande résistante revenue des camps de la Seconde guerre mondiale, que rien ne prédestinait à devenir le visage de la femme Dior. C’est alors que la cadette du légendaire créateur changea la donne lorsqu’elle fit irruption dans la pièce où se trouvait son frère, soucieux de ne pas trouver de nom à son nouvelle eau-de-parfum. Accompagné de son amie, muse et conseillère Mizza Bricard qui s’occupait notamment des chapeaux pour Dior, Christian Dior s’exclama alors « Tiens, voilà Miss Dior ! « .  « Miss Dior ! Miss Dior ! Voilà mon parfum ! » en apercevant sa soeur.

Catherine Dior, son alliée de toujours 

Vouant une passion inconditionnelle aux fleurs et aux jardins tout comme leur mère, Catherine et Christian Dior resteront proches toute leur vie durant. À tel point qu’aux 18 ans de sa sœur, le créateur de mode éponyme proposa à cette dernière de le rejoindre vivre sur Paris.

Sa sœur, sa plus grande préoccupation  

Arrêtée, puis déportée le 15 août 1944 en camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne, Catherine Dior connu l’horreur, les menaces et la torture avant d’être transportée de camp en camp. 

Rempli d’angoisses et rongé par les multiples inquiétudes de ne pas savoir où se trouve sa sœur cadette, Christian Dior mène alors diverses recherches afin de la retrouver, et consulte une voyante qui lui prédit le retour de sa sœur. C’est après neuf mois de déportation que Catherine Dior aurait quitté les camps en mai 1945, et aurait attendu son frère à la gare, méconnaissable et considérablement amincie. Ce dernier l’aurait conduit chez lui et l’aurait reçu avec un somptueux dîner.

Les fleurs, toute une histoire pour la famille Dior 

Dès son retour et son rétablissement d’après-guerre l’ayant fortement affaiblie, Catherine Dior se lance dans la commercialisation de fleurs vendues aux Halles, plantées et récoltées dans le jardin de la maison des Naÿssès, avec l’aide de son amant Hervé. À la disparition de son frère, Catherine retourne à son premier amour, la culture des roses et du jasmin, et abandonne le commerce de fleurs.

Le début du succès de Christian Dior

C’est le 12 février 1947 que monsieur Christian Dior présente sa toute première collection à la désormais mythique adresse du 30 avenue Montaigne. Il s’agit notamment de la date à laquelle la veste Bar fit son apparition. Et c’est à travers une myriade de 95 silhouettes, que le couturier du rêve connu un succès triomphant, en dévoilant ses deux lignes Corolle et En 8.

Sa collection New Look 

« Dear Christian, your dresses have such a new look! ». Ce n’est autre que Carmel Snow, rédactrice en chef du Harper’s Bazaar de 1934 à 1957, qui inspira le surnom de la collection iconique de monsieur Christian Dior présentée le 12 février 1947 à 10h30 dans les salons du 30 avenue Montaigne. Connue pour conduire les magazines de mode vers la réussite, cette journaliste de renom assista alors au triomphe absolu du couturier du rêve. La formule « New Look » restera jusqu’à désigner encore aujourd’hui l’illustre silhouette taille de guêpe esquissée par monsieur Dior.

La consécration  

« Inconnu le 12 février 1947 et célèbre le 13. ». C’est ainsi que la journaliste, écrivaine et femme politique française Françoise Giroud (de son vrai nom Léa France Gourdji) définit monsieur Dior le lendemain de son tout premier défilé, New Look. La prouesse ? Une collection féminine, symbiose même de l’élégance qui inspira la légèreté en donnant un second souffle à la mode d’après-guerre. « Je voulais que mes robes fussent « construites », moulées sur les courbes du corps féminin dont elles styliseraient le galbe » , confiait Christian Dior quant à cette réussite. Des créations presque architecturales, pensées pour sublimer les courbes des « femmes-fleurs », comme le couturier aimait les nommer.

Christian Dior, la disparition tragique d’une légende vivante 

C’est dans la nuit du 24 octobre 1957, à 23 heures, que le plus célèbre couturier parisien de son époque décède brutalement à l’âge de 52 ans. Retrouvé dans sa salle de bain, ce dernier aurait été victime d’une crise cardiaque lors d’un séjour à Montecatini Terme, une station thermale de Toscane en Italie où il faisait une cure pour le foie.

Yves Saint Laurent, le premier successeur de Christian Dior   

Ayant perpétué sa correspondance avec Michel de Brunhoff (ancien rédacteur en chef de Vogue France), le jeune couturier fut introduit par ce dernier à son successeur Edmonde Charles-Roux, alors désigné pour chapeauter l’honorable magazine. De fil en aiguille, le jeune homme fit la connaissance de Christian Dior le 20 juin 1955 ayant entendu parler de lui. Dès lors frappé par le talent d’Yves Saint Laurent, monsieur Dior l’embauche pour officier dans ses ateliers. « Il n’y avait pas de discussion entre nous. J’avais une idée. Je la dessinais. Je lui montrais l’esquisse. La grande démonstration entre nous, c’était la preuve. Comme je ne suis pas bavard, je préfère cela. C’est un tour de force… » peut-on lire d’Yves Saint Laurent dans l’ouvrage éponyme, écrit par Laurence Benaïm. 

Avant sa disparition soudaine, Christian Dior fit part de son souhait de voir Yves Saint Laurent lui succéder. Et c’est tout juste âge de 21 ans, qu’il prit la relève après seulement deux ans passés au 30 avenue Montaigne. Yves Saint Laurent restera directeur artistique de la maison Dior jusqu’en 1960 avant de connaître la reconnaissance ultime de la presse, et d’accueillir le surnom de « Petit Prince de la mode ».

Marc Bohan, grand couturier pour Dior de 1961 à 1989 

Resté un peu moins de trente ans aux commandes de la maison Dior, le couturier Marc Bohan est un nom moins connu que celui de ces prédécesseurs, mais dont le talent était pourtant sans limites. Dessinateur chez Jean Patou, puis assistant modéliste de Robert Piguet, Marc Bohan est ensuite nommé directeur artistique de la filiale Dior à Londres, en 1958, avant de devenir le directeur artistique de la maison de couture parisienne en 1960. Il prit ainsi le relai d’Yves Saint Laurent à tout juste 31 ans.

Gianfranco Ferré, l’architecture avant la mode  

Directeur artistique de la maison Dior de 1989 à 1996, le styliste italien né le 15 août 1944 à Legnano, n’avait pourtant pas choisit la mode comme première corde à son arc. Et pour cause, c’est en tant qu’architecte que Gianfranco Ferré s’est révélé avant de rejoindre la mode, la vraie, celle qui invite au rêve éveillé. 

Connu et reconnu pour l’abondance des matières, la structure parfaite des coupes de ses créations finalement architecturales, Gianfranco Ferré avait pour point commun avec monsieur Dior la passion des fleurs, du rouge, et celle de fusionner la féminité et la masculinité pour ne parfois faire plus qu’un. 

C’est en 1989, l’année de son triomphe, que l’ancien directeur artistique reçoit le Dé d’or, la plus honorable distinction de la haute couture en reflet à sa première collection Ascot-Cecil Beaton Dior.

John Galliano, sa robe nuisette pour Lady Di qui fit scandale 

Né le 28 novembre 1960 à Gibraltar, ce styliste britannique a rencontré bon nombre de succès avant d’être renvoyé pour avoir tenu des propos en totale contradiction avec les valeurs essentielles de la maison, selon le communiqué de presse de Dior de l’époque. Somme toute, bien avant ses frasques et scandales, John Galliano aura véritablement marqué le monde de la mode. Celui qui multiplié le chiffre d’affaires de Dior par quatre selon Le Parisien avait avant cela, su captiver l’intérêt du grand public, et forcé l’admiration des férus de style.

Surnommé le « surdoué de la mode » et arrivé à la tête de la direction artistique de Dior en 1996, John Galliano a notamment confectionné la robe nuisette portée par Lady Di au gala du Metropolitan Museum de New York, le 9 décembre 1996. Tout juste divorcée, et ayant alors perdu son titre d’altesse royale (lors de l’officialisation de son divorce le 28 août 1996), Diana Spencer conservait tout de même son statut de princesse de Galles et n’en oubliait pas d’être présente aux vernissages, ainsi qu’aux autres évènements mondains et médiatiques. Pour le Met, Lady Di a alors fait appel au couturier John Galliano pour lui confectionner une robe à la hauteur de sa révolution stylistique : une slip dress. Le scandale était né. Captivante, cette dernière apparaît dans une robe de luxe faussement déshabillée, en soie bleu nuit ornementée de dentelle noire.

Raf Simons, sa robe Dior pour Jennifer Lawrence aux Oscars 

Directeur artistique de Dior à compter d’avril 2012, c’est en octobre 2015, après avoir présenté sa collection printemps-été que Raf Simons fait ses adieux à la maison de luxe. Une annonce ayant fait l’objet d’une bombe sur la fashion sphère qui ne préméditait pas le départ de ce couturier reconnu pour son art presque contemporain, sa sagesse exemplaire et son extrême discrétion.

 Somme toute, il est une création qui restera gravée dans les annales. Celle confectionnée par Raf Simons, portée par l’actrice américaine, et égérie Dior Jennifer Lawrence, lorsqu’elle reçut son tout premier Oscar, celui de la meilleure actrice pour son rôle dans Happiness Therapy en 2013.

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Maria Grazia Chiuri, la première femme aux commandes de la direction artistique de Dior 

Ancienne co-directrice artistique de Valentino, Maria Grazia Chuiri succède à Raf Simons pour reprendre les commandes de la maison et présente sa collection Dior, en septembre 2016. 

La créatrice de mode italienne est notamment la première femme à se hisser à la tête de sa direction artistique. De son imaginaire né alors le désormais iconique logo J’ADIOR, contraction du légendaire « J’adore Dior » de John Galliano. En marge, si Maria Grazia Chiuri ne se dit pas activiste, elle contribue pourtant à l’émancipation de la femme à travers ses créations. 

S’inspirant de la féminité absolue, la styliste italienne se rallie à l’héritage de la maison auquel elle apporte une modernité exemplaire, comme en témoigne sa collection prêt-à-porter Dior automne-hiver 2022 axée sur les coupes sportswear et les matières techniques, ou bien celles du printemps-été 2022 reflétant la mode des années 1960 mêlée à des panoplies vestimentaires de boxeuses des temps modernes.

À propos de l’auteur
Candice Mellot
Candice Mellot
Journaliste arrivée chez Marie France en 2019, passionnée par la mode depuis toujours et ancienne pâtissière de métier, des domaines pour lesquels elle voue un culte particulier, Candice est spécialisée dans l'analyse des tendances et les conseils morphologiques.
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