Que sont devenus les bijoux de la princesse Mathilde ?
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Que sont devenus les bijoux de la princesse Mathilde ?

Retrouverons-nous un jour les bijoux de la princesse Mathilde Bonaparte, dérobés mi-janvier au musée Hébert de la Tronche, près de Grenoble ?
Retrouverons-nous un jour les bijoux de la princesse Mathilde Bonaparte, dérobés mi-janvier au musée Hébert de la Tronche, près de Grenoble ? © DR
Stéphane Bern , Mis à jour le

CÔTÉ COURS. Dans la nuit du 21 au 22 janvier, deux cambrioleurs se sont introduits dans le musée Hébert de la Tronche, près de Grenoble. Ils en sont repartis avec plusieurs précieux bijoux ayant appartenu à la princesse Mathilde Bonaparte.

Il aura suffi de quelques minutes, dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 janvier dernier, pour que des cambrioleurs chevronnés réussissent à subtiliser les bijoux de la princesse Mathilde Bonaparte, nièce de Napoléon 1er, cousine de l’empereur Napoléon III et véritable égérie du Second Empire.

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Reconstituant les faits, les enquêteurs ont établi que deux cambrioleurs ont escaladé avec une échelle la balustrade du musée Hébert de la Tronche, proche de Grenoble (Isère) ; ils ont cassé le carreau et se sont emparés de bijoux de la princesse Mathilde (1820-1904). Selon les premiers éléments de l'enquête, l'alarme du musée a bien fonctionné. Les deux cambrioleurs ont cependant eu le temps de s'enfuir avant l'arrivée des policiers.

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« Lorsque l’alarme s’est déclenchée, des personnels du musée sont arrivés sur place et ont mis en fuite deux individus ». « Les voleurs ont utilisé une échelle et cassé le volet de la pièce où se trouvaient les bijoux », qui sont « propriété de la Fondation de France », a pour sa part précisé le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, dans un communiqué. Est-ce un vol de commande, et visait-il uniquement la parure de la famille impériale ? C'est l'une des énigmes que devront résoudre les enquêteurs. Pour l’heure, le préjudice est estimé à cent-dix mille euros.

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Le musée Hébert de La Tronche, près de Grenoble en Isère.
Le musée Hébert de La Tronche, près de Grenoble en Isère. Google Maps / © Google Maps

« Nous nous tenons à la disposition de la justice et des enquêteurs et nous regrettons cette atteinte au patrimoine culturel », a réagi une porte-parole du musée Hébert. Selon cette dernière, qui n'a pas souhaité donner plus de détails, les bijoux volés faisaient partie d'une exposition permanente du musée isérois. Ouvert en 1979, le musée Hébert est installé dans la maison d'été du peintre Ernest Hébert (1817-1908), dans un parc de plus de deux hectares. Exposant l'œuvre de l'artiste, ses collections sont aussi enrichies de dépôts des musées nationaux, notamment du musée du Louvre, des musées de Marseille et de Grenoble...

La muse du Second Empire

Le musée et les sources proches de l’enquête restent silencieux sur les bijoux qui ont été volés, on suppose seulement qu’il s’agirait d’objets en dépôt depuis 2019 dans l’établissement isérois. S’agit-il des élégantes boucles d’oreilles en perles, diamants, or et argent que la princesse porte sur de nombreux portraits, son impressionnant collier de six rangs de perles qu’elle porte sur le tableau de Dubuffe, ou encore l’incroyable devant de corsage bouquet de roses en diamants, qu’elle avait commandé en 1864 ? Ces précieux bijoux ont non seulement une valeur financière mais également historique, notamment en raison de la personnalité éminente de la princesse Mathilde qui fut, en quelque sorte, la muse du Second Empire et dont le salon faisait ou défaisait les modes.

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Marcel Proust, qui fréquenta son salon, rapporta ce mot de la princesse Mathilde : « Sans Napoléon, je vendrais des oranges dans les rues d’Ajaccio ». N’avait-elle pas été, en quelque sorte, la première « Première Dame », lorsqu’elle recevait au palais de l’Elysée après l’élection de son cousin Louis-Napoléon Bonaparte (auquel elle fut brièvement fiancée) en 1948 ? Fille de Jérôme Bonaparte, frère cadet de Napoléon 1er qui le fit roi de Westphalie, et de sa seconde épouse, la princesse Catherine de Wurtemberg, fille du roi Frédéric 1er, la princesse Mathilde était célèbre pour sa collection de bijoux qu’elle put conserver grâce au tsar Nicolas Ier après l’échec de son mariage avec le violent comte Demidoff. Ces bijoux ont certainement attisé la convoitise des cambrioleurs. Est-ce le butin estimé à 110.000 qui les a motivés ? Pour autant, comme le disent les commissaires-priseurs, ces joyaux sont difficiles à écouler car ils sont connus et répertoriés, donc invendables sur la place publique ; tout acquéreur, même de bonne foi, deviendrait automatiquement receleur !

Des bijoux perdus pour de bon ?

Faut-il y voir alors un geste de commande, comme celui qui avait conduit certainement en 2015 au vol spectaculaire de 22 objets inestimables du musée chinois de l’impératrice Eugénie au château de Fontainebleau ? Des bijoux qui seraient alors enfermés dans une collection privée et dont on perdrait la trace… A moins, comme dans le cas du casse de la célèbre voûte verte du château de la Résidence à Dresde, en Saxe, où furent dérobés vingt-et-un joyaux historiques estimés à 113 millions d’euros, on finisse par arrêter les coupables – le clan Remmo – et retrouver une grande partie du trésor. Sans doute parce que ces bijoux racontent une Histoire, ils exercent sur chacun de nous une irrésistible attraction.

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