Hôtel de Coislin où a été définitivement scellée l'amitié franco-américaine

L'Hôtel de Coislin est situé à l'angle de la Place de la Concorde (à l'origine Place Louis XV) et de la Rue Royale, et porte le numéro 4 de la Place. C'est l'un des 4 hôtels particuliers qui se cachent derrière une seule façade. Il s'étend au nord-ouest de la rue Royale et comprend l'hôtel du Plessis-Bellière au n°6, l'hôtel Cartier au n°8 et l'hôtel du duc d'Aumont au n°10, devenu propriété des comtes puis des ducs de Crillon en 1788 et aujourd'hui occupé par l'hôtel de Crillon.

L'Hôtel de Coislin, aujourd'hui loué à de grandes entreprises, est aussi un haut lieu de l'amitié franco-américaine.

Ce groupe de quatre hôtels particuliers est symétrique à l'hôtel de la Marine (également un musée) sur son côté est, entre la rue Royale et le jardin des Tuileries.

Hôtel de Coislin qui a failli être l'Hôtel des Monnaies

Il a été construit "par défaut", à l'emplacement où aurait dû être construit l'hôtel des Monnaies.

La façade commune nord-ouest devait être celle du premier hôtel de la Monnaie, tout comme la façade orientale est devenue celle du Garde-Meuble de la Couronne jusqu'à la Révolution (puis utilisé comme ministère de la Marine jusqu'en 2005). L'hôtel de la Monnaie a été finalement construit sur le quai Conti (où il se trouve aujourd'hui), et les terrains libérés ont alors été vendus aux quatre familles qui y construisirent leurs hôtels particuliers.

Construction de l'hôtel de Coislin

L'architecte Ange-Jacques Gabriel construit l'hôtel de Coislin en 1770, à la demande de Marie-Anne de Mailly-Rubempré, marquise de Coislin, puis duchesse de Mailly et aussi maîtresse royale de Louis XV (1755). Elle est née le 17 septembre 1732 et morte à Paris le 13 février 1817. Elle épouse le marquis Charles Georges René du Cambout de Coislin le 8 octobre 1750.

Elle devint l'amie et la confidente de l'écrivain Chateaubriand, qui fut son pensionnaire entre 1805 et 1807 à l'hôtel de Coislin. Elle vécut discrètement sous l'Empire et reçut la visite du comte d'Artois sous la Restauration (après 1815).

L'Histoire franco-américaine et l'Hôtel de Coislin

L'hôtel de Coislin fut la résidence de Silas Deane (1737-1789), nommé envoyé secret en France par le Congrès continental américain de mars 1776 (avant l'arrivée de Benjamin Franklin) à mars 1778.

Il est chargé de négocier une aide financière. Pendant ces deux années, Silas Deane travaille en secret avec le ministre français des Affaires étrangères, le comte de Vergennes, ainsi qu'avec l'écrivain Beaumarchais, chargé d'approvisionner les insurgés américains en matériel de guerre.

C'est dans ce même hôtel, le 6 février 1778, que furent signés les traités d'amitié, de commerce et d'alliance entre la France et les États-Unis.

Par ces traités, conclus en pleine guerre d'indépendance américaine - où la France s'était rangée du côté des insurgés - la France, représentée par le diplomate Conrad Alexandre Gérard, au nom du roi Louis XVI, reconnaissait l'indépendance de la jeune République américaine, représentée par Benjamin Franklin, Silas Deane et Arthur Lee.

Les traités prévoient un soutien militaire et une paix éternelle entre les deux pays. Ils sont le couronnement du travail diplomatique de Benjamin Franklin, qui a commencé dès son arrivée en France en tant que représentant des États-Unis en décembre 1776.

Comme le souligne la plaque apposée sur le mur du bâtiment, avec cette signature historique, la France a été la toute première nation à reconnaître l'indépendance des États-Unis.

La plaque du souvenir sur l'Hôtel de Coislin

En hommage à l'action diplomatique de Benjamin Franklin, une plaque est apposée sur l'immeuble situé à l'angle de la place de la Concorde et de la rue Royale :
"En cet hôtel, le 6 février 1778, Conrad A. Gérard, au nom de Louis XVI, roi de France, Benjamin Franklin, Silas Deane, Arthur Lee au nom des États-Unis, signèrent les traités de paix, de commerce et d'alliance par lesquels la France, avant toute autre nation, reconnaissait l'indépendance des États-Unis.

L'amitié franco-américaine en action: une copie (partielle) de la place de la Concorde construite au Etats Unis ?

Une copie de chacun des deux corps bâtiments de la Place de la Concorde (mais sans le Square) situés de part et d'autre de la rue Royale, se trouvent à Philadelphie. Ils ont été construits par Horace Trumbauer et Julian Abele.

L'un des bâtiments, qui abrite la Free Library of Philadelphia, est une réplique de l'Hôtel de Coislin.

L'autre bâtiment, une copie de l'Hôtel de la Marine, se trouve à l'emplacement de l'ancien Tribunal de la famille de Philadelphie.