Paris : une prof de philo du meilleur lycée de France sanctionnée pour les "imperfections" de ses cours

Critiquée par ses élèves, une professeure du lycée Louis-le-Grand dans le 5e arrondissement a été désavouée par sa hiérarchie et a perdu son combat en justice.

Critiquée par ses élèves, une professeure du lycée Louis-le-Grand a été désavouée par sa hiérarchie et a perdu son combat en justice
Critiquée par ses élèves, une professeure du lycée Louis-le-Grand a été désavouée par sa hiérarchie et a perdu son combat en justice (©Tupungato/AdobeStock)
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Enseigner dans un établissement réputé n’est parfois pas une sinécure. Une professeure de philosophie du lycée Louis-le-Grand en a fait les frais.  La cour administrative d’appel de Paris a en grande partie donné raison au proviseur de l’établissement qui avait retiré à la professeure l’enseignement aux prépas littéraires en raison des « alarmantes imperfections » de son cours.

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Une professeure expérimentée remise en cause par les élèves

Cette professeure de chaires supérieures de philosophie depuis dix-neuf ans avait été affectée dans le prestigieux établissement du 5e arrondissement à compter de septembre 2016. Elle y dispensait des cours de philosophie aux étudiants de classe préparatoire littéraire de 2e année (khâgne Ulm) à raison de huit heures par semaine au total.

Mais ses élèves avaient « fortement remis en cause » son enseignement, en pointant « une insuffisante problématisation des concepts philosophiques » et « un défaut de structuration de son enseignement » rappelle la cour administrative d’appel de Paris dans un arrêt en date du 12 janvier 2024 qui vient d’être rendu public.

Deux rapports d’inspection avaient poussé le chef de cet établissement parisien à « modifier le service » de l’enseignante  à compter de la rentrée scolaire 2019-2020, en lui confiant plutôt des prépas scientifiques : les inspecteurs s’étaient montrés « très réservés » sur « l’adéquation entre les prestations de Mme X. et le niveau d’exigence requis des élèves préparant le concours d’entrée à l’ENS Ulm ». 

Un « absentéisme massif » dans ses classes

Ils avaient même pointé « d’alarmantes imperfections » dans les cours de l’enseignante, en dépit de ses « efforts », « certes réels » mais « qui demeurent fort peu ajustés à la classe dont elle a la responsabilité ». Les deux inspecteurs s’étaient aussi inquiétés d’un « absentéisme massif » dans ses classes, d’un défaut de « problématisation d’ensemble » et de « l’absence d’une pensée personnelle à la fois forte et originale, qui parvienne à sortir les élèves de la simple énonciation des « lieux communs » ».

L’enseignante agrégée de philosophie avait donc saisi en urgence le juge des référés du tribunal administratif de Paris qui avait suspendu cette décision le 19 août 2019 et enjoint le proviseur de réexaminer sa situation sous quinze jours.

Le 2 septembre 2019, le proviseur avait donc pris une nouvelle décision, mais toutes deux avaient été annulées le 12 janvier 2022 : les juges avaient en revanche refusé de prononcer une « injonction » pour qu’elle puisse récupérer l’enseignement des prépas littéraires.

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Le ministre de l’Education nationale et l’enseignante ont ensuite tous deux saisi la cour administrative d’appel de Paris, chacun de leur côté, pour faire réexaminer sa situation : la professeure de philosophie déplorait notamment le fait d’avoir été placée en situation de « sous-service ». Elle souhaitait récupérer sa place en prépa littéraire. Le ministère de l’Education nationale voulait de son côté que les deux décisions du proviseur du lycée Louis-le-Grand soient rétablies.

Les magistrats ne suivent pas la professeure

Contrairement à ce que l’enseignante soutenait, la cour administrative d’appel de Paris juge que cette situation de « sous-service » n’est finalement pas « irrégulière » et que le proviseur n’a pas méconnu les « droits et prérogatives » que la requérante tient de son statut. 

En revanche, « le proviseur ne pouvait attribuer à Mme X. quatre heures d’interrogations orales au titre de ses obligations de service » puisque cette mission ne « s’exerce pas devant un groupe d’élèves » : cette décision était donc bien illégale, estiment les juges parisiens.

Reste que l’enseignante n’est pas parvenue à démontrer que les « bons résultats » obtenus par ses élèves lui serait « attribuable », ni qu’elle aurait subi un quelconque « harcèlement » moral : elle ne récupérera donc pas l’enseignement en prépa littéraire. Le proviseur de Louis-Le-Grand a été sommé de « réexaminer » la situation et de prendre une nouvelle décision, pour la forme, afin d’exclure ses « heures d’interrogations orales » de ses obligations de service.

CB-PressPepper

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