À Mantes-la-Jolie, les « grands frères » et « grandes sœurs » du collège rassurent les plus petits - Le Parisien

À Mantes-la-Jolie, les « grands frères » et « grandes sœurs » du collège rassurent les plus petits

Le tutorat mis en place au collège de Gassicourt permet à une centaine d’enfants de CM2 d’apprivoiser la vie au collège grâce à des tuteurs qu’ils rencontrent tout au long de l’année.

Mantes-la-Jolie, ce mercredi. Les enfants de 4e chaperonnent les élèves de CM2. Ils fréquenteront le même établissement à la rentrée prochaine. LP/Mehdi Gherdane
Mantes-la-Jolie, ce mercredi. Les enfants de 4e chaperonnent les élèves de CM2. Ils fréquenteront le même établissement à la rentrée prochaine. LP/Mehdi Gherdane

    Dans quelques semaines, des milliers écoliers de CM2 découvriront un nouveau monde, forcément stressant, angoissant pour certains d’entre eux. Pour limiter l’appréhension de la rentrée au collège, un établissement de Mantes-la-Jolie (Yvelines) a mis en place tout au long de l’année une opération de tutorat. Le principe est simple : « recruter », parmi les élèves de 4e, des référents qui accompagnent tout au long de l’année des écoliers de CM2 avant leur « grande rentrée ».

    Régulièrement, le mercredi, les « grands » du collège de Gassicourt rencontrent ainsi les « petits » à l’occasion d’ateliers ou d’animations diverses. Les « petits » découvrent les couloirs du collège, croisent des adolescents qui leur expliquent le fonctionnement de leur futur établissement. Et comme par enchantement, l’appréhension de la rentrée diminue, le trac baisse.

    « On nous rabâche tout le temps que le collège, c’est le pire endroit, que c’est plus dur, c’est donc une bonne idée de venir ici », confie Lina, l’une des 110 écolières de Mantes-la-Jolie qui participent au programme. « On a hâte de venir, et encore plus depuis qu’on a pu rencontrer des collégiens, enchaîne Lina. Ils nous ont appris les règles, le fonctionnement. Et l’année prochaine, on ne sera pas seuls en cas de problème. »

    Au stress de la rentrée s’ajoute celui des rivalités entre quartiers

    Suivi de près par la communauté enseignante, le programme a permis d’enregistrer des effets notables chez les enfants de primaire des trois écoles de Mantes-la-Jolie concernées. « Ces rencontres permettent d’évacuer les fantasmes liés à l’entrée dans le secondaire, témoigne Mickaël, professeur au Val-Fourré. Les enfants sont moins stressés, plus rassurés. C’est peut-être encore plus important dans une ville comme Mantes-la-Jolie. Car au stress naturel et universel de l’entrée au collège s’ajoute celui lié aux tensions qui peuvent parfois exister dans les quartiers. Certains conflits s’y exportent jusque dans les couloirs des établissements. »



    Au-delà de l’accompagnement pédagogique des plus jeunes, le dispositif permet aussi de responsabiliser les plus âgés, tous volontaires pour participer à l’opération. « On partait au début sur trois ou quatre tuteurs mais on s’est vite retrouvés avec une vingtaine d’ados tellement la demande était forte », se félicite Samia Jimouaa, l’une des deux CPE de l’établissement.

    « Ils aiment jouer ce rôle »

    « On a beaucoup appris sur nos jeunes car ce ne sont pas forcément ceux aux meilleures compétences scolaires qui s’inscrivent, embraye Cyril Norbec le principal. Ils et elles aiment jouer ce rôle de grand frère ou de grande sœur. Pour eux, cela développe aussi des compétences extrascolaires qui pourront les aider dans leur vie d’adulte. »

    Outre son incontestable utilité pédagogique, l’opération affiche aussi une vocation sociale dans cette grande ville populaire. Le taux de pauvreté affiche près de 35 % dans le Mantois et de nombreuses familles n’ont aucune activité à proposer à leurs enfants le mercredi après-midi.

    « Pour certains, ces rencontres permettent de lutter contre l’oisiveté du mercredi, analyse Géraldine Roy, principale adjointe. Les jeunes d’ici n’ont pas tous forcément les moyens d’avoir des activités ce jour-là. Là, ils s’occupent et apprennent. »