Tiken Jah Fakoly, en concert à La Cigalière, le 4 avril : "Je voulais mettre en valeur la musique de mon enfance"

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  • Tiken Jah Fakoly revient avec son album "Acoustic" qui revisite certaines de ses chansons avec des instruments traditionnels mandingues.
    Tiken Jah Fakoly revient avec son album "Acoustic" qui revisite certaines de ses chansons avec des instruments traditionnels mandingues. Youri Lenquette
Publié le
Diane Petitmangin

Le reggae man africain Tiken Jah Fakoly sera sur la scène de La Cigalière le jeudi 4 avril pour présenter son tout dernier album, "Acoustic", où il revisite certaines de ses chansons au son des instruments traditionnels mandingues. Un hommage à la musique de son enfance et à la culture africaine.

Engagé toujours, enragé parfois, le rastafari ivoirien Tiken Jah Fakoly écume avec succès depuis trente ans les festivals et les grandes scènes avec son reggae sans concession. Altermondialiste, il dénonce aussi bien les injustices que subit le peuple africain que le colonialisme ou la corruption qui gangrène les gouvernements. Convaincu que la musique est parfaite pour "éveiller les consciences", il revient avec un nouvel album, "Acoustic" où il reprend, dans une forme plus intimiste, certains de ses plus grands succès.

Impossible de débuter cette interview sans vous demander un commentaire sur l'élection du nouveau président sénégalais ?

C'est une vraie révolution ! C'est une prise de pouvoir par le peuple. Celui-ci vient de mettre à la retraite la vieille classe politique sénégalaise. Et je pense que Bassirou Diomaye Faye, (le candidat d'opposition du Pastef, le Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, élu dès le 1er tour ce dimanche 24 mars, NDLR) et Ousmane Sonko sont des hommes engagés, des hommes de convictions, panafricanistes.

J'ai une chanson qui dit que "c'est le peuple qui a le pouvoir mais il ne le sait pas". Là, le peuple sénégalais a prouvé qu'il sait qu'il a le pouvoir et l'a démontré d'une manière incroyable. C'est vraiment une bonne nouvelle pour la jeunesse africaine. Et forcément, ça va donner des idées à d'autres pays, ça va inspirer d'autres peuples. Après, l'exercice du pouvoir n'est jamais facile ; il faut voir sur la durée.

Vous êtes un habitué des grands festivals, avec votre album "Acoustic", vous vouliez revenir à plus d'intimité avec le public ?

Cet album "Acoustic", c'est un rêve que j'avais depuis longtemps car c'est la musique que mon père écoutait quand j'étais enfant. J'ai fait du reggae pendant trente ans mais, quelquefois, l'envie me prenait de réaliser un album acoustique. Lors d'une discussion avec mon staff, j'en ai une nouvelle fois parlé en me demandant si je n'allais pas fâcher mes fans reggae... mais on a pris la décision de le faire.

Sur l'album, vous sublimez des instruments traditionnels de musique mandingue, c'était une vraie envie ?

Oui, le balafon, la kora et bien d'autres instruments qu'écoutaient mon père ont bercé mon enfance. J'avais envie de les mettre en valeur. En fait, j'avais envie de mettre l'Afrique en valeur, de montrer toute l'étendue et la richesse de sa culture. D'ailleurs, ceux qui viendront me voir en concert verront que j'esquisse aussi quelques pas de danses traditionnelles, au lieu des sauts dont je suis coutumier.

Du coup, on redécouvre l'acuité de vos textes. Est-ce que les mots vous viennent facilement quand vous écrivez vos chansons ?

En fait, je n'écris pas les paroles en premier lieu. Je commence toujours par le refrain, que je me chante ou fredonne pendant deux jours ou deux semaines et puis j'ajoute un couplet, puis deux couplets... Et c'est à la veille de mon entrée en studio, que j'écris vraiment. Ça me permet aussi de demander aux gens qui m'entourent leur avis sur les phrases ou les textes.

Certains des titres d'Acoustic ont jalonné votre carrière depuis trente ans. Finalement, rien n'a changé ?

Honnêtement, je pensais que ce serait des chansons consommées, dépassées mais malheureusement, elles sont encore d'actualité. Il y en a que j'ai chanté lorsque j'avais 25 ans (il en a 55 aujourd'hui, NDLR), d'autres il y a quinze ou vingt ans. Je suis content de les chanter sur cette tournée en acoustique car ça laisse beaucoup de place à la voix. Je pense que beaucoup de personnes vont redécouvrir mes textes et comprendre le sens des paroles au lieu de danser (rires...).

Dire l'histoire africaine, c'est important pour vous ?

Oui, c'est important pour moi. C'est avec l'histoire qu'un peuple sait d'où il vient. D'ailleurs quand j'étais jeune, je savais déjà que je voulais chanter plus tard et mon but, c'était d'apprendre l'histoire, le français et l'anglais. Même en Afrique, beaucoup de personnes pensent que l'histoire de notre continent commence avec l'esclavage et la colonisation, or si on fait savoir aux Africains qu'avant ça, il y avait des civilisations, des royaumes, des grands hommes, des guerriers, ça peut nous donner une certaine fierté.

Quel regard vous portez sur la France et l'Europe, avec la montée des populismes et de l'extrême-droite ?

De façon générale, partout, c'est un moment difficile où les gens ont tendance à se replier sur eux-même. C'est dommage, parce que le monde doit rester ouvert. Je pense que la montée des extrêmes-droites dans beaucoup de pays européens n'est pas un bon signe pour la santé du monde. En tant qu'humaniste, pour moi, l'homme doit se sentir partout chez lui sur cette planète.

Vous portez une attention particulière à l'environnement ?

L'Afrique se retrouve dans un processus où elle est prise en otage. Sans se victimiser et en appeler encore à l'esclavage ou la colonisation, reste que le continent est surexploité par d'autres. On nous a donné l'indépendance dans les années 1960. On a ri et on a dansé durant la journée mais au cours de la nuit, on nous a tout repris, on nous a divisés. L'Afrique est très riche, notamment en matières premières dont les Occidentaux raffolent, mais les Africains sont pauvres...

Vous bénéficiez de très belles collaborations sur l'album. Comment ça s'est passé ?

Je les ai appelés (Bernard Lavilliers, Matthieu Chédid, Naäman, Djely Tapa, Chico Cesar...) et ils ont tous accepté avec plaisir et sans toucher un centime ! Il faut savoir que beaucoup de featuring aujourd'hui sont facturés très chers. Eux, ils partagent les mêmes valeurs que moi. Ils sont attachés au message, à la lutte et ont des choses à dire ou à proposer, musicalement. Ils ont eu cette élégance et je les en remercie. 

Vous arrivez à rester optimiste, malgré les années ?

Je suis un optimiste car je suis sûr que le combat pour l'unité de l'Afrique sera couronné de succès. On est de toutes jeunes démocraties, on est même des gamins au regard des nations européennes, donc je pense que dans 100 ou 150 ans, l'Afrique se sera accomplie. Je ne le verrai pas mais je suis certain qu'on y arrivera un jour.

Tiken Jah Fakoly, Acoustic tour, jeudi 4 avril à 20 h 30, à La Cigalière (avenue de Béziers). Tarifs : 26 € (debout), 32 € (assis), 30 € (Privilège), 28 € (réduit) et 15 € (moins de 11 ans). Renseignements et réservations : 04 67 32 63 26 ; lacigaliere.fr.
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