Kurt Georg Kiesinger

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Kurt Georg Kiesinger
Illustration.
Kurt Georg Kiesinger en 1969.
Fonctions
Président fédéral de
l'Union chrétienne-démocrate

(4 ans, 4 mois et 12 jours)
Prédécesseur Ludwig Erhard
Successeur Rainer Barzel
Chancelier fédéral allemand

(2 ans, 10 mois et 20 jours)
Président fédéral Heinrich Lübke
Gustav Heinemann
Gouvernement Kiesinger
Législature 5e
Coalition CDU/CSU-SPD
Prédécesseur Ludwig Erhard
Successeur Willy Brandt
Ministre-président du Bade-Wurtemberg

(7 ans, 11 mois et 29 jours)
Gouvernement Kiesinger I, II et III
Législature 2e, 3e et 4e
Coalition CDU-SPD-FDP-GB/BHE (1958-1960)
CDU-FDP-GDP (1960-1964)
CDU-FDP (1964-1966)
Prédécesseur Gebhard Müller
Successeur Hans Filbinger
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ebingen (Royaume de Wurtemberg)
Date de décès (à 83 ans)
Lieu de décès Tübingen (RFA)
Parti politique Parti nazi (1933-1945)
CDU (1947-1988)
Conjoint Marie-Luise Kiesinger
Profession Avocat
Fonctionnaire
Religion Catholique

Kurt Georg Kiesinger Kurt Georg Kiesinger
Chanceliers fédéraux d'Allemagne
Ministres-présidents du Bade-Wurtemberg

Kurt Georg Kiesinger Écouter est un homme d'État allemand, né le à Ebingen (Royaume de Wurtemberg) et mort le à Tübingen (Allemagne de l'Ouest).

Il est membre actif du parti nazi à partir de 1933 et devient directeur adjoint de la propagande radiophonique extérieure du Reich, étant à ce titre l’un des principaux censeurs du régime[1]. Après la Seconde Guerre mondiale, il est membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Il est chancelier fédéral d'Allemagne de l'Ouest de 1966 à 1969, à la tête d’une grande coalition démocrate-chrétiens/sociaux-démocrates.

Biographie[modifier | modifier le code]

Kurt Georg Kiesinger fait des études de droit, obtient son diplôme en 1934, et épouse en 1932 Marie-Luise Kiesinger, née Schneider.

Fonctionnaire du régime et membre du parti nazi[modifier | modifier le code]

Kurt Georg Kiesinger devient en 1933 membre actif du parti nazi. À l’office des Affaires étrangères sous Joachim von Ribbentrop, en tant que directeur adjoint de la propagande radiophonique du Reich vers l'étranger, il est chargé de faire le lien entre Ribbentrop et Goebbels, ce qui lui vaut le surnom de « Goebbels de l’étranger ».

Responsable de la coordination du contenu de onze émetteurs, il est, en pratique, l’un des principaux censeurs du régime. Durant l’occupation de la France, il s'occupe de la restructuration du paysage radiophonique français en y intégrant les collaborateurs les plus « méritants »[1].

À la défaite du Troisième Reich, il est emprisonné dans un camp d'internement de 1945 à 1946 avant d'être libéré en 1948.

La publication tardive (en 1966, par le Spiegel) des archives du NSDAP saisies par les Américains confirme la défense de Kurt Georg Kiesinger selon laquelle il n'avait jamais entretenu de sentiment antisémite. Il y était expressément dénoncé auprès de la SS par ses collaborateurs, en 1944, comme principal responsable faisant obstacle à la mise en œuvre de la politique antisémite au sein de son département[a].

Carrière aux débuts de la RFA[modifier | modifier le code]

Membre de la CDU depuis 1947, il devient membre du Bundestag à sa création en 1949. De 1949 à 1966, il reçoit différents mandats comme député, député européen, ministre-président du Bade-Wurtemberg. Les antagonismes avec le chancelier Adenauer, qui lui refusa toujours un poste de ministre malgré sa popularité au niveau fédéral, lui valent son engagement dans le gouvernement du Land jusqu'à sa victoire au sein de la CDU en 1966.

Chancelier de la grande coalition[modifier | modifier le code]

En 1966, lors de la crise gouvernementale suivant la démission de Ludwig Erhard, il s'impose finalement comme le troisième chancelier de la République fédérale d'Allemagne (après Adenauer et Erhard). Chef d'un gouvernement soutenu par une grande coalition entre les deux grands partis, chrétien-démocrate et social-démocrate (la CDU et le SPD), il doit composer avec de puissants ministres, chefs de leurs partis : Willy Brandt et Franz-Josef Strauß. Malgré ces difficultés, cette coalition dure jusqu'aux élections de 1969 et vote plusieurs réformes importantes dont celle du mode d'élection du Bundestag[2].

Il se distingue par son alignement sur les États-Unis en matière de politique étrangère. Il fait ouvrir les bases militaires allemandes aux B-52 américains venus se ravitailler avant d’aller bombarder le Vietnam. Il fait également voter par le Bundestag le 17 octobre 1967, à la demande de Washington, une motion condamnant la politique européenne de la France et sa décision de quitter le Commandement intégré de l'OTAN. Selon l'historien Éric Branca, Kiesinger et son prédécesseur Ludwig Erhard étaient « étroitement tenus en laisse par Washington car ils avaient, l’un et l’autre, beaucoup à se faire pardonner » en raison de leur passé nazi[1].

Il est giflé par Beate Klarsfeld, montée à la tribune du congrès de la CDU, le , aux cris de : « Kiesinger, nazi ! Démissionne ! »[3]. Aujourd'hui, la photo de cette gifle se trouve au Musée historique allemand[4].

Perte du pouvoir[modifier | modifier le code]

Après les élections de 1969 et en dépit d’une victoire de la CDU qui forme le groupe parlementaire le plus important, Willy Brandt succède à Kiesinger grâce au soutien du FDP, une coalition que Kiesinger considère jusqu'à sa mort comme anti-démocratique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour mémoire, cette observation n'a que peu d’incidence car, en 1944, la plupart des Juifs d’Europe, dans les territoires occupés par le Troisième Reich, avaient déjà été exterminés.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Etienne Campion, « "Grâce au passé nazi de deux chanceliers, les États-Unis ont soumis l'Allemagne et l'ont retournée contre la France" », sur www.marianne.net, .
  2. (de) Reinhard Schmoeckel et Bruno Kaiser, Die vergessene Regierung. Die große Koalition 1966–1969 und ihre langfristigen Wirkungen, Bonn, Bouvier Verlag, (ISBN 3-416-02246-7).
  3. Johanna Luyssen, « Le jour où… Beate Klarsfeld a giflé un chancelier au passé nazi », Libération,‎ (lire en ligne).
  4. Récit par Beate Karsfeld et photographie dans : Beate Klarsfeld, « J'ai giflé le chancelier allemand Kiesinger », Paris Match,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Albrecht Ernst, Kurt Georg Kiesinger 1904–1988. Rechtslehrer, Ministerpräsident, Bundeskanzler, Stuttgart, Begleitbuch zur Wanderausstellung des Hauptstaatsarchivs Stuttgart, (ISBN 3-00-013719-X).
  • (de) Dirk Kroegel, Einen Anfang finden! : Kurt Georg Kiesinger in der Außen- und Deutschlandpolitik der Großen Koalition, Munich, Oldenbourg, coll. « Studien zur Zeitgeschichte, vol. 52) », (ISBN 978-3-486-56163-0, lire en ligne).
  • Beate Klarsfeld et Joseph Billig, Kiesinger ou le fascisme subtil, Hamburg, H. P. Nehlsen, , 128 p.
  • (de) « Kiesinger. Unwiderstehliche Kraft », Der Spiegel,‎ (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :