MHSC - Reims : le jeune Khalil Fayad, milieu et nouveau trésor de Montpellier

Il commence ses phrases par «certes» et vouvoie. Avec sa petite moustache, Khalil Fayad a la classe. Comme le titre de la chanson de Jul, chantée pour son bizutage. C’était l’été dernier, lors d’un stage en Espagne et d’une première vraie apparition chez les pros qui avait étonné jusqu’à Téji Savanier. « Malgré son âge, il portait ses couilles sur le terrain. Ce qu’il devait faire, il le faisait très bien », confiait alors le capitaine du MHSC. Depuis, le temps a filé pour le minot, régulièrement appelé et titulaire lors de trois des quatre derniers matches d’une Paillade embourbée dans une saison de doutes avant la venue de Reims, dimanche.

Profitons de ce dernier week-end de championnat avant une longue trêve d'environ un mois ?

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— Ligue 1 Uber Eats (@Ligue1UberEats) November 10, 2022

« C’est une bonne école d’apprendre dans la difficulté, ça m’endurcit mentalement, ça permet de se remettre en cause. Mais c’est un bon baptême du feu », glisse le milieu, petit sourire en coin du gamin arrivé à ses fins malgré tout. Jouer, chez lui, dans sa ville natale, sur ce terrain de La Mosson dont il rêvait petit depuis sa chambre du quartier Sabines. À 18 ans, il y vit toujours, en famille, mais a troqué sa licence de poussin du MHSC pour un premier contrat professionnel dont la signature, actée en mars dernier après des mois de négociations pied à pied, a fait couler beaucoup d’encre.

« Je l’ai mal vécu parce que ce n’était pas forcément vrai tout ce qu’il se disait dans les médias, souffle celui qui a été un temps écarté de la réserve. J’avais certes une pression des dirigeants mais grâce à M. Nicollin et M. Mézy, ça s’est très bien fini. »
« Je voulais vraiment rester à Montpellier depuis le premier jour », insiste Fayad avec une assurance contagieuse, marque de fabrique partagée avec Maxime Estève, Joris Chotard, Nicolas Cozza ou Elye Wahi. Une marque 100% Grammont, dont il connaît « chaque recoin, chaque terrain » depuis son arrivée à 7 ans après des débuts à Saint-Martin Gazelec.

« Je n’ai rien prouvé »

Dans les pas du papa, Mustafa, ancien joueur semi-professionnel au Maroc, Fayad n’a plus jamais décroché. Ni de la TV, des « cassettes de Zidane » aux soirées Ligue des champions, ni des terrains où ses facilités et les surclassements l’ont vite hissé au rang de trésor annoncé.

« Mais je n’ai rien prouvé. On dit que je suis une pépite, que je suscite des attentes. Mais ça passe par le terrain… », pose-t-il, tête bien vissée sur les épaules. Conscient que la carrière passe vite, il poursuit des études de marketing et commerce en parallèle, expliquait le récent bachelier à Onze Mondial. Quant aux sollicitations d’une Fédération marocaine à l’affût de ce binational appelé jeudi en équipe de France U19, il les a « refusées, tout simplement ».

Ses débuts en pro sont là pour lui rappeler cette humilité qu’il revendique. D’un début de rêve au bien nommé Parc des Princes, ponctué d’une entrée et d’une passe décisive le 13 août (5-2), à une expulsion huit jours plus tard pour une première titularisation devenue cauchemardesque face à Auxerre (1-2), Khalil Fayad a vécu en accéléré les émotions du footballeur.

Un ascenseur autant qu’un résumé d’un joueur surdoué techniquement mais étonnant d’impact, de dureté au duel. « Certes, je suis petit (1,76m) mais dans le foot moderne, il faut associer cela, technique, physique et intensité », plaide ce fan de Zizou, Verratti mais aussi de Vieira. Dur comme un agneau, doux comme un hérisson, conseillé par son entraîneur Romain Pitau qui lui accorde sa confiance, ce milieu plus relayeur que défensif connaît ses forces et sa zone d’ombre. « Exigeant », au point de s’imposer du rabe de physique à l’extérieur, et impatient, quitte à parfois tomber dans l’agacement. « Quand je rate quelque chose, ça me prend la tête tout l’entraînement »

À Fifa, jeu vidéo sur lequel ce « casanier » épris de sport en général adore se mesurer, son caractère ferait aussi des étincelles. Surtout quand il se voit, depuis peu, incarné à l’écran par son avatar « avec la moustache mais aussi la coupe de Valderrama », se marre-t-il. Preuve que le temps file vite avec Fayad.