Françoise Hardy en 10 chansons essentielles

Mis à jour le 17 janvier 2024 à 10h10

Françoise Hardy en 2008. - © BENAROCH/SIPA

Elle avait tout juste 18 ans lorsqu’elle est devenue célèbre. Depuis « Tous les garçons et les filles », en 1962, Françoise Hardy n’a jamais perdu sa popularité. À 80 ans ce 17 janvier, l’icône continue de nous accompagner avec ses morceaux intemporels et indispensables. Zoom sur dix d’entre eux.

28 albums. Des dizaines de tubes. Des looks cultes, maintes fois copiés. Une relation iconique avec Jacques Dutronc… Dans les années 60, Françoise Hardy devient l’icône d’une génération. À 80 ans ans, elle n’a pas perdu ce titre et demeure l’une des chanteuses françaises les plus emblématiques, désormais érigée au rang d’icône. En soixante ans de carrière, elle a fait des sentiments amoureux, de la mélancolie, des doutes et de la perte de l'être aimé les principales sources d’inspiration de ses textes si évocateurs et personnels. Elle a enregistré des disques à l’étranger, été photographiée et adoubée par les stars de l’époque (Mick Jagger, Bob Dylan…), collaboré avec les plus grands artistes (Michel Berger, Serge Gainsbourg, Blur…) et inspiré toute une génération, à commencer par Clara Luciani qui ne manque pas de la citer le plus souvent possible.

Seule Française du classement des « meilleurs chanteurs de tous les temps »

Ces dix dernières années, Françoise Hardy, qui a toujours cultivé une grande discrétion, s’est mise en retrait de la vie publique en raison de ses problèmes de santé successifs. Son fils, Thomas Dutronc, donne régulièrement des nouvelles de sa mère. Il annonçait en fin d’année dernière que son cancer « est en rémission » malgré une « santé fragile ». Si son dernier album, « Personne d’autre », remonte à 2018, Françoise Hardy n’est pas oubliée, comme en témoigne le nouveau classement des « 200 meilleurs chanteuses et meilleures chanteuses de tous les temps » du magazine « Rolling Stone » qui la mentionne à la 162^e place (elle est l’unique Française du classement). À l’occasion de ses 80 ans, célébrés le 17 janvier, retour sur dix morceaux indispensables de l’autrice-compositrice-interprète.

À découvrir dans cette galerie :

« Tous les garçons et les filles » (1962)

« Depuis longtemps maintenant, je pense qu’il importe davantage d’aimer que d’être aimé, et tant mieux s’il existe une vraie réciprocité. » C’est avec ces mots que Françoise Hardy explique son morceau dans « Françoise Hardy. Chansons sur toi et nous » (Éditions des Équateurs), paru en 2021, dans lequel elle revient sur ses textes et les souvenirs qui ont accompagné leur écriture. Elle a 18 ans quand sort « Tous les garçons et les filles ». En octobre 1962, les Français ont les yeux rivés sur leur écran de télévision : ils attendent les résultats du référendum sur l’élection au suffrage universel du président de la République. Plusieurs interludes musicaux sont prévus. L’un d’eux est assurée par la chanteuse que beaucoup découvrent alors et qui séduit des milliers des téléspectateurs. À la fin de l’année, son single est un véritable succès, vendu à plus de 500 000 exemplaires.
« Le temps de l’amour » (1962)

« C’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure / Quand le temps va et vient, on ne pense à rien, malgré ses blessures ». Quelles meilleures paroles que celles-ci pour décrire l’insouciance des premiers amours ? Si la thématique suit Françoise Hardy pendant toute sa carrière, ce n’est pas elle qui écrit le texte, mais Lucien Morisse. La mélodie entrainante est composée par Jacques Dutronc, qui ne partageait pas encore la vie de la jeune femme. Face au succès, « Le temps de l’amour connaît » est adaptée en italien (« L’eta dell’amore ») et devient là-bas aussi un véritable tube. Alors que le morceau fête ses cinquante ans, en 2012, il est brillamment utilisé dans « Moonrise Kingdom » de Wes Anderson.
« Voilà » (1967)

Après trois ans de carrière, Françoise Hardy est connue en France, mais au-delà des frontières également. Notamment en Italie. C’est à la demande de son attachée de presse italien qu’elle l’écrit. Le morceau est inspiré de sa séparation avec le photographe Jean-Marie Périer (les paroles évoquent directement la rupture : « c’est comme ça / voilà… on n’a rien, rien de plus à se dire »). Malgré la postérité de « Voilà », Françoise Hardy peine à l'apprécier à sa sortie, peinée par la réaction de son ex-compagnon qui la trouve « vieillotte et ringarde », rapporte-t-elle dans son livre.
« Comment te dire adieu » (1968)

Figurant sur l’album éponyme sorti en décembre 1968, le titre devient un tube l’année suivante. Et pourtant, il a vu le jour aux États -Unis, quelques mois plus tôt, sous le nom de « It Hurts To Say Goodbye », la plume d’Arnold Godland et de Jack Gold et la voix de Margaret Whiting. C’est au tour de l’Anglaise Vera Lynn de le reprendre. De quoi séduire Françoise Hardy et ses équipes qui font appel à Serge Gainsbourg pour l’adaptation du texte en français. La chanson remporte un tel succès qu’elle l’enregistre aussi en italien et en allemand.
« La question » (1971)

En 1971, Françoise Hardy publie son onzième album. Elle forme alors l’un des plus beaux couples du moment avec Jacques Dutronc. « Je ne sais pas qui tu peux être / Je ne sais pas qui tu espères / Je cherche toujours à te connaître / Et ton silence trouble mon silence » chante-t-elle au début du morceau. Des paroles sans autre interprétation possible. Le sujet principal est évidemment sa relation amoureuse et la difficulté de comprendre celui qu’elle aime. Pour composer ce morceau, elle est aidée de Tuca, une compositrice brésilienne fraîchement arrivée à Paris. Longtemps resté sous le radar, le morceau a connu une popularité bien après la sortie du disque.
« Et si je m’en vais avant toi » (1972) et reprise avec Étienne Daho (1985)

« Et si je m’en vais avant toi / Dis-toi bien que je serai là / J’épouserai la pluie, le vent, le soleil et les éléments / Pour te caresser tout le temps ». À 28 ans, elle évoque pour la première fois « la possibilité de mourir avant l’être aimé », écrit-elle dans « Chansons pour toi et nous » : [des textes] révélateurs de ce par quoi [elle] passai[t] à cette époque-là. Une peur qui ne la quittera jamais. En 1985, Françoise Hardy revisite son morceau avec Étienne Daho qui en fait le duo de son mini-album « Tombé pour la France ». Exit les années yéyé, ici les sonorités sont plus pop et électro.
« Message personnel » (1973)

Composée par Michel Berger, cette chanson signe la première collaboration des deux artistes. Après dix ans de carrière et quatorze albums, Françoise Hardy est enceinte de son premier enfant, Thomas, fruit de son amour avec Jacques Dutronc. Elle s’adresse ici directement à celui qu’elle épousera en 1981 : « J’ai peur que tu sois sourd / J’ai peur que tu sois lâche / J’ai peur d’être indiscrète / Je ne peux pas vous dire que je t’aime… peut-être… (…) Si tu crois un jour que tu m’aimes ». Une information qu’elle a confirmé dans un entretien à « Télérama », en 2018 : « Beaucoup de textes m’ont été inspirés par Jacques. Je le voyais peu et j’en souffrais. Dans les années 70, il était capable d’annuler, et même de faire annuler nos rendez-vous, même si on ne s’était pas vus depuis deux ou trois semaines. C’était terrible (…) J’ai nourri beaucoup d’illusions. Et je n’ai su que longtemps après que certaines trahisons qui m’auraient sans doute dévastée si je les avais apprises plus tôt. »
« Partir quand même » (1988)

Sur une musique de Jacques Dutronc, le texte est (encore une fois) directement inspiré de sa relation, plus précisément du « problème avec l’engagement » de son époux, explique-t-elle dans son livre. « Partir quand même / avant qu’il veuille / couper mes ailes / et dompter mon orgueil », chante-t-elle. Si la chanson est née, dans un premier temps de la mélodie imaginée par Jacques Dutronc, puis de son texte à elle, il était prévu qu’ils la chantent ensemble. « En raison d’un arrangement musical aberrant, il ne parvient pas à chanter la chanson », explique-t-elle. En dépit des superbes paroles, Françoise Hardy estime encore qu’elle n’a jamais trouvé son « orchestrateur idéal ». Plusieurs versions ont ensuite été enregistrées par Erick Benzi et Julio Iglesias, puis par Thomas Dutronc en duo avec Etienne Daho.
« Puisque vous partez en voyage » avec Jacques Dutronc (2000)

Cette chanson n’a pas été écrite par Françoise Hardy, mais reste parmi les indispensables de la chanteuse. C’est Jean Nohain qui compose « Puisque vous partez en voyage », en 1935, sur une musique de Mireille. Les années 90 sont marquées par sa séparation avec Jacques Dutronc. En 2000, ils se retrouvent pour reprendre le titre, qui apparaît comme un témoignage touchant de la relation qui les lie encore. « L’idée de la reprendre en duo avec Jacques s’imposait », écrit-elle vingt ans plus tard. Il figure sur « Clair-obscur », son 23e album, accompagné d’un clip réalisé par Jean-Marie Périer.
« Tant de belles choses » (2004)

Difficile de classer les chansons de Françoise Hardy tant ses textes sont sensibles et subtils. Mais celle-ci a le mérite de transpercer à chaque écoute. « Même s’il me faut lâcher ta main / Sans pouvoir te dire à dire “à demain” / Rien ne défera jamais nos liens (…) L’amour est plus fort que la mort ». Ces paroles déchirantes sont comme toujours très personnelles. À la différence des autres, elles sont marquées par le début de ses problèmes de santé. Dans « Tant de belles choses », la chanteuse s’adresse à son fils, Thomas Dutronc. Ce texte est « la conscience qu’[elle] ne serai[t] peut-être plus là à la fin de l’année », écrit-elle dans « Chansons sur toi et nous ».