EN IMAGES - Eurovision : d'André Claveau à Marie Myriam, qui sont les cinq gagnants français ?

C'est une sensation que les moins de 47 ans n'ont encore jamais connue : une victoire de la France à l'Eurovision, le plus grand concours de chant au monde, les Jeux olympiques de la musique populaire.

Pourtant, la France n'a pas démérité dans les années 50, 60 et 70 avec cinq trophées remportés. Mais depuis 1977, l'Hexagone connait une dure période de disette, au grand désarroi de tous les fans. À l'occasion du retour de l'Eurovision en mai en Suède et pour se rappeler le bon temps de la France qui gagne, France Bleu vous propose de re(découvrir) les cinq champions français.

1958 - André Claveau

Pour la troisième édition du concours qui se déroule aux Pays-Bas, la France est représentée par André Claveau (1911-2003). Il interprète "Dors mon amour", chanson écrite par le parolier Pierre Delanoë. L'ambiance est un peu guindée et poussiéreuse : costume tiré à quatre épingles, nœud papillon autour du cou, André Claveau chante son titre planté face à son micro, accompagné d'un orchestre.

Après le passage des dix pays participants (contre une quarantaine en moyenne depuis 2004), la présentatrice hollandaise appelle chaque jury en direct avec un téléphone à cadran (et oui 1958 !). La présentatrice annonce ensuite le gagnant : la France ! C'est la première victoire pour une chanson tricolore.

1960 - Jacqueline Boyer

Deux ans plus tard, Jacqueline Boyer, 18 ans, part représenter la France à Londres avec sa chanson "Tom Pillibi", dans laquelle elle vante son amoureux qui possède "deux châteaux", "deux grands vaisseaux" et "deux secrets". Pourtant, c'est d'abord Marcel Amont (1923-2023) qui avait été choisi pour interpréter le titre, avant de se désister.

La jeune artiste, fille des chanteurs Lucienne Boyer et Jacques Pills, passe en 13e et dernière position. Elle s'impose finalement avec 32 points. La chanson est en succès dans plusieurs pays européens et notamment pour nos voisins d'outre-Rhin, pour qui elle a enregistré une version allemande.

1962 - Isabelle Aubret

En 1962, la France envoie envoie Isabelle Aubret, sélectionnée par l'ORTF, au Luxembourg. Cette jeune chanteuse lilloise va y interpréter "Un premier amour", une chanson romantique bien sûr. "Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais certaine de gagner, parce que tout le monde a un premier amour. C’était un peu impertinent de penser ça…", racontait-elle à La Voix du Nord l'an dernier. Le jour du concours, le trac étreint la chanteuse de 24 ans : "J’avais des pointes d’eczéma partout. L’ORTF m’avait fait faire une robe sur mesure, qu’ils ont d’ailleurs reprise après. Mais j’étais très timide, je n’osais pas me mettre en avant, on ne me voyait pas dans les cocktails".

Sa prestation tout en émotion séduit l'audience et lui permet de remporter le prix avec 26 points. Isabelle Aubret reviendra défendre les couleurs de la France six ans plus tard. Encore une fois, sa chanson ne laisse pas indifférent. Elle terminera troisième avec sa chanson "La Source".

1969 - Frida Boccara

L'édition 1969 de l'Eurovision reste unique dans l'histoire du concours : quatre chansons ont été sacrées gagnantes en raison d'un vide règlementaire concernant les cas d'ex æquo. Ainsi, la France, les Pays-Pas, l'Espagne et le Royaume-Uni sont déclarés vainqueurs. Une décision qui contente tout le monde sauf quatre pays : la Finlande, la Norvège, la Suède et le Portugal se retirent de la compétition pour exprimer leur colère.

Les couleurs tricolores sont alors portées par Frida Boccara (1940-1996) et son titre "Un jour, un enfant". Sa victoire (partagée) est une consécration, car elle entame ensuite une carrière internationale.

1977 - Marie Myriam

Avant l'Eurovision 2024, elle demeure toujours la dernière gagnante française du concours. En 1977, Marie Myriam triomphe à Londres avec 136 points devant le Royaume-Uni et l'Irlande. Dans sa robe orangée, la chanteuse fond en larmes après l'annonce de sa victoire, visiblement très émue.

Il faut dire qu'elle avait travaillé dur pour relever un défi de taille : les huit premières secondes de sa chanson devaient se faire a cappella ! La préparation de sa prestation n'avait pas non plus été de tout repos. La veille de la finale, en pleine répétition, Marie Myriam se rend compte que les robes de ses choristes sont transparentes. Branle-bas de combat dans les coulisses, pour trouver une solution et cacher les culottes. Quarante-sept ans plus tard, sa chanson "L'Oiseau et l'Enfant" (encore un), écrite comme un message de paix, est toujours aussi cultissime.

La (presque) victoire de 1991

Un autre cas d'ex æquo s'est produit dans l'histoire de l'Eurovision, mais cette fois à la défaveur de la France. En 1991, Carola pour la Suède ("Fångad av en stormvind") et Amina pour la France ("C'est le dernier qui a parlé qui a raison*")* arrivent en tête du classement avec 146 points chacune. Les règles, qui ont été revues plusieurs fois après le pataquès de 1969, sont très claires : le pays qui a obtenu le plus de "12 points" l'emporte. Raté, encore une fois, les deux chanteuses sont à égalité. Les arbitres comptent alors les "10 points" : la Suède s'impose et la France se contente de la deuxième place, comme l'année précédente...

Léon Zitrone, aux commentaires pour Antenne 2, sort de ses gonds. "Il était dans un état de nerfs pas possible. Il a piqué une colère noire. C’était très drôle", expliquait à 20 minutes, Amina, qui "ne s’imaginait même pas être dans le top 10". Les règles pour départager deux chansons à égalité ont changé depuis les années 1990. Avec le règlement qui s'applique aujourd'hui, Amina se serait imposée, car elle avait obtenu des points de davantage de pays.

Et France Gall dans tout ça alors ?

Oui, France Gall (1947-2018) a bien remporté le concours Eurovision de la chanson en 1965 ! Mais pas pour le compte de la France : elle s'est imposée avec les couleurs du Luxembourg. Sa chanson "Poupée de cire, poupée de son", écrite par Serge Gainsbourg et arrangée par Alain Goraguer, détonne avec le style très policé et classique des titres de l'époque. Elle est aujourd'hui toujours considérée comme un tube.