Dans une interview, l’actrice et militante américaine est revenue sur cette bataille qu’elle a menée contre la boulimie et l’anorexie pendant une vingtaine d’années.
Par Marc Fourny

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Elle avait une vingtaine d’années, commençait à percer dans le métier, mais menait secrètement une lutte féroce pour tenter de surmonter des crises de boulimie qui empoisonnaient sa vie. Dans une interview accordée à l’Américaine Alex Cooper, pour son podcast « Call her Daddy », Jane Fonda raconte ces années sombres qui ont bien failli l’emporter. « Dans ma vingtaine, je commençais à être actrice de cinéma. Je souffrais de boulimie de façon très, très grave. Je menais une lutte secrète, confie-t-elle J’étais très, très malheureuse. Je pensais que je ne vivrais pas après mes trente ans. »
Une boulimie qui va l’enfermer dans une bulle, le plus grand danger de cette maladie, selon elle. « Je ne sortais pas, je ne fréquentais presque personne parce que j’étais malheureuse », détaille l’actrice. « C’est une maladie très solitaire, on en devient dépendant, poursuit-elle. Je ne savais pas qu’il y avait des groupes que l’on pouvait rejoindre. Personne n’en parlait à l’époque ! Je ne savais même pas qu’il y avait un mot pour qualifier ça. »
Des crises qui ont commencé à l’adolescence, en lien avec un corps avec lequel elle n’est pas à l’aise – son père, l’acteur Henry Fonda, était obsédé par les femmes minces et trouvait sa fille trop enveloppée, un jugement qui a beaucoup compté pour elle. Commence le cycle infernal des crises de boulimie associées à l’anorexie, avec des prises de médicaments – laxatifs, amphétamines et pilules coupe-faim – pendant les années 1960, époque où elle tourne en moyenne deux films par an, dont La Tête à l’envers, Cat Ballou, Barbarella ou encore On achève bien les chevaux, qui fait d’elle une star internationale.
Troubles alimentaires : quels sont les symptômes de la boulimie ? Suis-je boulimique ? Retrouvez la vidéo de la chaîne santé PuMS sur YouTube, avec le Pr Boris Hansel (chroniqueur au Point), endocrinologue et nutritionniste à l’hôpital Bichat à Paris.
« On peut se remettre des troubles alimentaires »
Elle finit par s’en sortir par elle-même, en prenant conscience de la gravité de son état physique et psychique. « Si je continue comme ça, je vais mourir… » juge-t-elle à l’époque. Au début des années 1980, elle trouve une nouvelle voie en se lançant dans l’aérobic avec le succès que l’on connaît – des millions de cassettes vendues dans le monde. Une façon de maîtriser son corps et son esprit en pratiquant un sport intensif.
« Si vous vous empiffrez et vous vous purgez, il vous faut trois ou quatre jours pour vraiment récupérer, expliquait-elle récemment dans une autre interview, relayée par le magazine People. Et je ne pouvais tout simplement pas mener le style de vie que je voulais mener. Je pensais que ma vie valait la peine d’être améliorée, alors j’ai décidé que j’arrêterais. Et c’était vraiment, vraiment, vraiment difficile… La bonne nouvelle, c’est qu’on peut se remettre des troubles alimentaires… »
Il faut dire que Jane Fonda a toujours pu compter sur une force de caractère peu commune : elle a surmonté le suicide de sa mère, un viol, trois divorces, plusieurs opérations et maladies, dont un cancer du sein qui a entraîné une mastectomie… Et à 84 ans, la combattante vient d’annoncer qu’elle était en rémission d’un cancer lymphatique. « Je me sens si bénie, si chanceuse… » a jugé cette éternelle optimiste.
Source: lepoint.fr