Guerre des stupéfiants: les Hells Angels en ont assez
Les motards criminalisés sont à bout de se faire défier par les jeunes trafiquants depuis un an
Les Hells Angels en ont plein leur casque de se faire attaquer et défier ouvertement par une bande de blancs-becs imprévisibles et violents, qui leur font la vie dure à Québec depuis un an.
C’est du moins ce que notre Bureau d’enquête a pu apprendre de diverses sources bien branchées sur le monde interlope.
Plusieurs membres québécois parmi les plus influents du plus important gang de motards hors-la-loi au monde auraient fait savoir aux policiers qui les ont rencontrés, au cours des dernières heures, qu’ils sont excédés de voir ce violent conflit perdurer avec le gang du jeune caïd Dave «Pic» Turmel, dans la région de Québec.
Mario Auger, membre du gang de motards à Québec dont la vie est menacée en raison du conflit avec le gang de « Pic », se serait montré très réceptifs lors de ses discussions avec les enquêteurs, tout comme des leaders des Hells des chapitres montréalais et sherbrookois également visités par les policiers, selon nos sources.
D'autres motards auraient aussi exprimé leur amère déception face à l’incapacité apparente des Hells du chapitre de Québec, dont plusieurs membres sont vieillissants ou proches de l’âge de la retraite, de mettre fin à cet affrontement.
Prêts à s'en mêler
Pressés d’en finir au plus vite, des Hells des quatre autres chapitres québécois du gang seraient même prêts à aller s’en mêler pour «régler le problème une fois pour toutes» mais les policiers ont tenté de les dissuader.
- Écoutez l'entrevue avec Éric Thibault, journaliste au bureau d’enquête de Québecor, via QUB :
On devine que si les Hells de la province décident de s’impliquer dans le conflit à Québec, ils ne mettront pas de gants blancs pour venir à bout des récalcitrants.
Les Hells sont bien conscients que ce conflit mine la réputation et l’image toute-puissante de leur gang, que les autorités policières considèrent comme l’organisation criminelle la plus dominante au Canada.
Tentative de kidnapping
L'un des Hells Angels du chapitre de Québec que les enquêteurs ont rencontrés, durant leur opération qui a débuté vendredi, a d'ailleurs été la cible d'une tentative de kidnapping, cette semaine. Mario «Banane» Auger, un vétéran motard qui recevrait des redevances des trafiquants dans les régions de Québec et de Bellechasse, a toutefois réussi à éviter de tomber entre les griffes des hommes de main du clan rival, d'après nos informations.
Son nom a été prononcé dans une vidéo sanglante obtenue par notre Bureau d’enquête, où un homme lié aux motards s’est fait trancher une oreille et a été forcé par ses assaillants de dire à la caméra que tout était «de la faute à Banane Auger».
De même, le Hells Angels Mathieu Pelletier pourrait lui aussi recevoir une visite de courtoisie des enquêteurs ce week-end.
Pelletier est identifié dans des documents policiers comme l’ancien fournisseur en stupéfiants de Dave Turmel. Sa résidence a été la cible de coups de feu, le 7 mars 2023, après que le leader du Blood Family Mafia eut cessé de s’approvisionner en drogue auprès des Hells.
La voie diplomatique que les Hells avaient choisi d’emprunter pour tenter d’en arriver à un accord avec le gang de Turmel s’est soldée par un échec retentissant. Notre Bureau d’enquête a appris que Mario Auger s’est fait envoyer promener quand il s’est lui-même rendu en Europe pour tenter d’aller négocier une trêve avec le jeune caïd en exil, au cours des derniers mois.
La tête de Pic mise à prix
Rappelons que la marmite est en train de déborder dangereusement dans ce violent affrontement qui opposent des trafiquants liés à l’imprévisible gang Blood Family Mafia (BFM) aux Hells Angels.
Au cours de la dernière semaine, le niveau de violence des attaques armées que les soldats du BFM ont perpétrées aux dépens de trafiquants des motards criminalisés a atteint une limite intenable pour la sécurité publique. Au moins 25 personnes, dont des Hells, ont été mis en garde par la police que leur vie était en danger en raison de ce conflit.
La tête du leader du BFM, Dave «Pic» Turmel, originaire de Lévis, serait également mise à prix, confirment nos sources.
«C’est terminé pour lui», illustre un informateur.
«C'est une course contre la montre pour savoir qui, entre les policiers et les Hells, finiront par le trouver en premier», ajoute une autre source.
Même s’il est en cavale depuis plusieurs mois et qu’il est visé par des mandats d’arrestation, Turmel ne fait toujours pas l’objet d’un avis de recherche mondial de l’agence Interpol, révélait vendredi notre Bureau d’enquête.
Selon nos informations, Dave Turmel se cacherait actuellement au Portugal. Notre Bureau d’enquête a tenté à différentes reprises d’entrer en communication avec lui, sans succès. Toutes nos approches sont demeurées lettre morte.
