Critique : Happiness Therapy, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence brillent dans une comédie dramatique coup de cœur, à voir absolument
Porté par un duo d’acteurs exceptionnels et des seconds rôles parfaits, Happiness Therapy nous fait suivre le parcours drôle et touchant d’un bipolaire tentant de redonner un sens à sa vie après un passage en hôpital psychiatrique. Un film coup de cœur, qui n’ignore pas la violence et la noirceur de son sujet, mais insuffle un souffle positif énergisant. A voir.
David O Russel fait partie de ces faiseurs appréciés aux États-Unis mais dont le nom est relativement inconnu en France. Sa patte se fait souvent discrète , au service d’une histoire plutôt qu’à un style immédiatement reconnaissable. Silver Linings est un film caméléon, assez compliqué à qualifier, à capturer. Il n’est pas seulement le feel good movie romantique marqueté pour les prix de public des festivals. On est bien face à un conte romantique réussi et touchant, qui saura séduire les spectateurs. Mais le cœur du film est plus sombre, plus ambivalent, dérangeant. Bipolaire, comme son personnage central, qui tente de se reconstruire après avoir passé 8 mois en hôpital psychiatrique après un pétage de plomb violent. Une explosion destructrice, un passage à l’acte qui ne fait qu’illustrer un trouble du comportement plus profond.
Bradley Cooper est saisissant. Car sa bouille de bon garçon et son image inexorablement liées au sympathique Very Bad Trip rendent l’identification au personnage plus évidente. Et le trouble plus grand quand ce personnage sympathique perd le contrôle. L’acteur est tour à tour obsessionnel, paranoïaque, à côté de la plaque, touchant, s’accrochant comme il le peut à sa thérapie positive et à un objectif inatteignable. Retrouver sa vie et sa routine d’avant. Sa femme qui l’avait trompé, provoquant son accès de colère impardonnable. Ses pétages de câbles et ses discours fumeux sont souvent drôles, mais ils dérapent. Quand le bouillonnement est trop pressant et impossible à canaliser.
L’émotion est présente grâce à un couple de parents incarnés par De Niro et Jacky Weaver qui inscrivent l’histoire dans le réel. Le cadre d’une famille de classe moyenne, la mère aux fourneaux et le père fan de baseball. Deux parents qui tentent de gérer au mieux une situation qui les dépasse. Pat trouve en Tiffany son alter ego. Un coup de foudre de deux paumés qui commence par une discussion sur les antidépresseurs. Ces deux là ne filtrent pas leurs émotions, n’arrivent pas à gérer les interactions sociales courantes. Partent au quart de tour. Viennent s’épauler et se remonter à force de travail. Symbolisé par un concours de danse qui devient l’objectif à atteindre pour s’en sortir. Dans le dernier tiers, l’optimisme est à son paroxysme, les problèmes s’effacent et le happy end un peu trop rose. Si l’on regrette les facilités de cette dernière partie, on reconnaît à David O Russel la capacité de tenir son sujet, malgré les changements de tons et de sentiments. Avec de la comédie romantique, dramatique, sociale, familiale. Une dose de feel good movie sportif. Silver Linings est d’une très grande richesse. Un film surprenant, généreux, qui trouve sa musique propre et laisse un très beau souvenir.
Gilles Hérail
Silver Linings Playbook, une comédie dramatique de David O Russel avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Robert Deniro et Jacky Weaver, durée 118 min