Tim Burton, l’âme gothique de Hollywood | Le Télégramme

Tim Burton, l’âme gothique de Hollywood

Par François Becker/AFP

Trente-cinq ans après le premier volet, « Beetlejuice Beetlejuice » de Tim Burton sort en salle mercredi 11 septembre. Le réalisateur américain s’est imposé dans le cinéma avec son univers sans pareil, gothique, bizarre et toujours tendre.

Tim Burton (à droite), en compagnie des acteurs de « Beetlejuice Beetlejuice ». Présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2024, le film sort en France, le 11 septembre.
Tim Burton (à droite), en compagnie des acteurs de « Beetlejuice Beetlejuice ». Présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2024, le film sort en France, le 11 septembre. (Photo Theo Wargo/Getty Images North America/AFP)

De « Edward aux mains d’argent » (1990) à « Charlie et la chocolaterie » (2005), ses films sont des classiques instantanés, qui se voient et se revoient de génération en génération sans rien perdre de leur magie noire.

Un goût pour le sombre et les monstres que cet anticonformiste rattrapé par le succès cultive depuis son enfance, passée dans l’ombre de l’usine à rêve, à Burbank, banlieue pavillonnaire de Los Angeles qui abrite le siège de grands studios dont Disney.

Créer plus qu’expliquer

« Les films fantastiques et les films d’horreur que j’ai vus dans mes jeunes années ont été mon sanctuaire, mon refuge », confiait, en 2022, le réalisateur américain, cheveux en bataille, à Lyon, en Rhône-Alpes, où lui était remis le prestigieux Prix Lumière. Enfant solitaire, sauvé par le dessin, Tim Burton raconte s’être toujours senti à part. L’un de ces « weirdos », ces gens que les autres considèrent comme « bizarres ». « J’aimais tout ce qui était un peu différent, étrange. Je ne correspondais pas aux catégories classiques », poursuit celui qui a souvent mis en scène les banlieues américaines trop parfaites. Quelques décennies plus tard, l’homme reste assez taiseux, préférant créer qu’expliquer son monde peuplé de squelettes, de fantômes et de cavaliers sans tête. « Je préfère que mon travail parle de lui-même. (…) J’aimerais conserver une part de mystère », confiait-il encore à Lyon.

À mille lieux des contes de fées

Adepte du « stop motion », une technique d’animation image par image, Tim Burton intègre Disney grâce à une bourse et y use ses premiers crayons. Il est l’une des petites mains qui travaillent sur le dessin animé « Rox et Rouky » (1981).

Mais l’excentrique se trouve vite à l’étroit dans les couloirs de la firme aux grandes oreilles, qu’il quitte. Car il n’aime rien tant que le bricolage, le fait main, l’imparfait, dont le charme se ressent dans « Beetlejuice » (1988), conte gothique où mourir semble une vaste blague et qui veut croire à la coexistence pacifique des fantômes et des humains.

Premier tournant un an plus tard avec « Batman », dans lequel il embarque à nouveau Michael Keaton et ouvre une nouvelle ère aux super-héros, en s’appropriant le genre et brisant le mythe du personnage lisse et parfait.

Ses autres acteurs fétiches seront Helena Bonham Carter (son ex-compagne, avec qui il a eu deux enfants) ou Johnny Depp, découvert dans « Edward aux mains d’argent », anti-conte de fées dans lequel Edward, créature aux ciseaux à la place des mains, détruit ce qu’il touche. Le duo Burton-Depp se reformera pour sept autres films, dont « Charlie et la chocolaterie », où le comédien développe la part de noirceur du chocolatier Willy Wonka, personnage créé par Roald Dahl, « Sleepy Hollow » ou « Ed Wood », ode au cinéma de série B.

Un retour aux sources

Le cinéaste s’est aussi échappé du côté de la comédie science-fiction avec « Mars Attacks ! », pastiche délirant et acide du rêve américain. Avec son univers à mille lieux des contes de fées, Tim Burton travaillera pourtant à nouveau pour Disney, avec les adaptations en prise de vues réelles de « Alice au Pays des Merveilles » et « Dumbo » ou pour « L’Étrange Noël de Monsieur Jack », conte gothique de Noël qui porte sa patte même s’il ne l’a pas réalisé lui-même, pris par son deuxième « Batman ».

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Son univers ne semble pas prendre une ride : les plus jeunes se sont rués l’an dernier sur sa série « Mercredi », produite pour Netflix et inspirée de la famille Addams, propulsée par la jeune star, Jenna Ortega. À 21 ans, elle a aussi rejoint ce nouveau « Beetlejuice », une suite que Tim Burton fut longtemps réticent à envisager et qui s’annonce comme un retour aux sources. Le film répond à « un besoin de qualité artisanale », a confié le réalisateur, qui retrouve Keaton, Winona Ryder et Catherine O’Hara, à Entertainment Weekly. Comme la jeune Lydia du long-métrage original, la vie « suit son propre chemin, on passe d’ado cool à adulte ennuyeux. Puis on repart en arrière ».

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