Le 3 avril sortait dans les salles obscures le dernier film de Julie Navarro, Quelques jours pas plus. Au casting, le long-métrage compte notamment sur la présence de Benjamin Biolay et Camille Cottin, qui donnent vie à l’histoire d’un ancien journaliste qui accepte par amour d’accueillir un migrant afghan chez lui.

Ce pitch a provoqué de nombreux commentaires haineux sur Internet et dans différents espaces de commentaires. De quoi provoquer la colère de la réalisatrice, qui s’est indignée via son compte Instagram le 23 avril 2024.

Une haine en ligne "décomplexée"

Dès la publication de la bande-annonce de Quelques jours pas plus, Julie Navarro explique avoir assisté à un déferlement de haine, "des seaux de vomi, propos haineux, racistes et décomplexés" dans l’espace des commentaires de Bac Films, qui distribue son œuvre, ainsi que sur le site de son film et sur Facebook.

Dans son post Instagram, la réalisatrice cite certains propos. "Les Français d’abord", "que ces deux blindés bobos ‘artistes’ les accueillent chez eux au lieu de faire des films", "on aide d’abord nos français et les migrants on les laissent (sic) sur leur bateau flottant", peut-on lire.

Julie Navarro dénonce également des commentaires écrits par des personnes "n’ayant pas vu le film", et explique que ce déferlement de haine a poussé son distributeur "à supprimer un à un les 971 (!) messages haineux de la page Facebook du film".

AlloCiné a également dû désactiver tous les commentaires sur la page du long-métrage. Mais ses détracteurs n’ont pas hésité à attribuer des mauvaises notes pour dissuader les spectateurs de s’y intéresser.

Vidéo du jour

La réalisatrice dénonce une forme de censure

Dans un communiqué, La société des réalisatrices et des réalisateurs de Films (SRF) a dénoncé une haine en ligne "aveugle, décomplexée et anonyme". Elle demande en outre des actions à AlloCiné, telle que "mettre en place un système pour vérifier que les personnes postant un commentaire sur un film l’aient effectivement vu — ou à minima d’informer les visiteurs si c’est le cas ou non — comme cela se fait sur d’autres sites équivalents".

Julie Navarro pointe quant à elle du doigt des manœuvres qui freinent la liberté de création des cinéastes. "Je pense à tous les cinéastes (sachant que tout cela dépasse bien entendu le cadre du cinéma) qui ont subi cette stratégie très organisée de l’extrême droite qui marche assez bien d’ailleurs", lance-t-elle.

Avant de conclure : "Ça influence même les créations de contenus, on ne veut pas d’ennuis, on renonce à certaines actions ou certains sujets. Plus besoin de censure…".

Elle incite en outre les pouvoirs publics à trouver un cadre garantissant la liberté de diffusion des œuvres, tout en préservant le libre exercice de la critique.

Avant Quelques jours pas plus, d’autres films ont déjà traversé un afflux de haine de ce genre. La réalisatrice cite notamment Amin de Philippe Faucon, diffusé en 2016, ou Les Engagés d’Émile Frêche, sorti en 2022.