Il y a pire qu’être « un fils ou une fille de »…

Il y a pire qu’être « un fils ou une fille de »…

L'amiral Philippe de Gaulle se recueillant sur la tombe de son père, le Général Charles de Gaulle à Colombey-Les-Deux-Eglises en novembre 1970. ©AFP
L'amiral Philippe de Gaulle se recueillant sur la tombe de son père, le Général Charles de Gaulle à Colombey-Les-Deux-Eglises en novembre 1970. ©AFP
L'amiral Philippe de Gaulle se recueillant sur la tombe de son père, le Général Charles de Gaulle à Colombey-Les-Deux-Eglises en novembre 1970. ©AFP
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Être "le fils de", "la fille de", peut se révéler être un handicap. L'enfant d'une personnalité passe sa vie à prouver sa valeur et ses qualités afin d'être reconnu. Alors, qu'est-ce qu'être le fils du général de Gaulle ?

Aux États-Unis on appelle cela un « nepo baby ». Ce n’est pas facile d’être la fille de Kim Kardashian, toute votre vie on questionnera votre légitimité, d’où une multitude de destins tragiques, par exemple celui de Lisa-Marie Presley, parce qu’au fond ce n’était pas possible d’être la fille de Presley. Mais en France, on n’a pas Hollywood, on n’a pas Graceland, on a Colombey, Colombey-Les-Deux-Eglises. Et il y a pire qu’être la fille de Kardashian : être le fils du Général de Gaulle, Philippe de Gaulle qui nous a quitté hier à l’âge de 102 ans.

Imaginez ce que cela veut dire être le fils de mon Général, gardien de Colombey-Les-Deux-Eglises et du souvenir, on a beau être grand, on n’est jamais assez grand, même lorsque l’on est le fils de Gaulle, on est le « petit fils » ─ papa de Gaulle l’appelait mon « cher vieux garçon », nous dit le Figaro. Le fils de Churchill, Randolph Churchill, résumait la chose par ces mots : « à l'ombre d'un grand chêne les jeunes plants ne reçoivent peut-être pas assez de soleil ». Chacun de ses propos ploient sous le poids du Général, « il fallait toujours aller vers le meilleur, faire mieux que les autres », explique-t-il dans le Figaro ; « à 12 ans, je connaissais l’essentiel des batailles napoléoniennes » lâche-t-il, et je suis sûr que son père l’interrogeait…

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Philippe de Gaulle, l’amiral de Gaulle, s’est battu comme un lion, alors que tant d’autres « fils et filles de » étaient des planqués et n’ont jamais brillé, lui s’est interdit et on lui a interdit de briller. Philippe de Gaulle a fait une belle guerre comme on dit, engagé parmi les clochards célestes de Leclerc, premier dans la 2eme DB, recevant en personne la reddition des officiers nazis à Paris. « Personne parmi les officiers allemands ne m’a demandé mon nom », expliquait-il.

Oui mais voilà, son père aurait préféré avaler un bol de scorpions plutôt que de décorer son fils, lui qui le méritait mille fois, et c’est pourquoi seul entre tous il ne devint jamais Compagnon de la Libération. « Mon père, expliquait De Gaulle, aurait aussi bien sacrifié son fils que lui-même à son destin historique ». C’était ça être un De Gaulle, ne pas avoir de vie, avoir un destin ou rien, passer sa vie à porter son nom comme une croix, une croix de Loraine évidemment.

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