Stade Rennais. Benjamin Bourigeaud l’indispensable

L’adage est vieux comme le monde : un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Le Stade Rennais ne le sait que trop bien en ce moment, avec sa cascade de blessés. Et s’il avait déjà fallu encaisser la rupture des ligaments croisés de Martin Terrier, qui a acté sa fin de saison, les Rouge et Noir ont aussi dû ronger leur frein, contre le PSG, durant la suspension de Benjamin Bourigeaud, conséquence de la furia arbitrale à Clermont.

Sans ses deux meilleurs joueurs, les Rennais ont réussi l’exploit contre l’armada parisienne. Mais nul ne se plaindra que l’expérience de la vie sans Bourigeaud ait tourné court, lui qui a signé son retour aux affaires en Coupe de France contre Marseille, et qui va pouvoir reprendre le fil de sa saison de Ligue 1 contre Lorient, vendredi. Indétrônable, indispensable aux Rouge et Noir qu’il est devenu : avant sa suspension, le milieu offensif n’avait d’ailleurs plus manqué une rencontre de championnat depuis le 24 janvier 2021 et la réception de Lille. « Ça dit que c’est un joueur très important pour l’équipe, régulier à la fois par la qualité technique et son influence statistique sur l’équipe : les passes clés, décisives, les buts », souligne Bruno Genesio.

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À hauteur de Kevin De Bruyne

Il est vrai que dans le détail, Benjamin Bourigeaud pointe aux sommets d’une quantité de colonnes statistiques. Celle du plus grand nombre de matches disputés en Ligue 1 sur les six dernières saisons (189, devant Jonathan Bamba et Benoît Costil). Celle, depuis le début de l’exercice actuel, du nombre de dernières passes avant tir délivrées, où il émargeait à 49 à l’issue de la réception de Nice, lors de la 17^e journée, devant le Toulousain van den Boomen, le Brestois Honorat et le futur adversaire lorientais, Enzo Le Fée.

L’impact de Benjamin Bourigeaud se mesure d’autant plus lorsqu’on élargit la focale à la scène européenne : sur l’année 2022, le Rennais a tout simplement été, parmi les cinq grands championnats européens, le deuxième joueur à avoir réalisé le plus de dernières passes avant un tir (106). Uniquement devancé par Kevin De Bruyne (110), et bien loin devant Neymar (79), seul autre membre de L1 à figurer dans le Top 10. Cela en dit long sur la dimension prise par le milieu, assurance d’efficacité dans la zone de vérité offensive. Cette saison, malgré un départ poussif, son bilan atteint déjà quatre buts et huit passes décisives, toutes compétitions confondues. « Il avait eu un peu de mal en début de saison, je pense à cause du mercato, rappelle Genesio. Mais il est revenu dans ses standards de l’année dernière. »

Au-delà des simples considérations statistiques, c’est aussi par sa fiabilité et sa capacité à créer du liant au sein du bloc et du groupe rennais que Benjamin Bourigeaud est devenu le point pivot actuel des Rouge et Noir. « Il est aussi important dans l’équilibre tactique qu’il apporte à notre côté droit, avec Hamari (Traoré), et à l’équipe en général. Il a un état d’esprit irréprochable et il met ça au service du collectif. »

Garant d’une certaine âme rennaise, de la mémoire de la victoire en Coupe de France en 2019, son rôle dépasse de loin celui du passeur, du buteur, du vice-capitaine. Et avec l’absence de Martin Terrier, seul Rennais à se montrer aussi influent et décisif que lui cette saison (12 buts, cinq passes décisives, 89 implications dans une séquence de jeu menant à un tir), Benjamin Bourigeaud risque d’autant moins de perdre ce statut de maître à jouer du Stade Rennais.