André Dussollier : "La vie de couple n'est pas évidente, c'est un art"

André Dussollier : "La vie de couple n'est pas évidente, c'est un art"

Le comédien André Dussollier, juillet 2021 ©AFP - Valery HACHE
Le comédien André Dussollier, juillet 2021 ©AFP - Valery HACHE
Le comédien André Dussollier, juillet 2021 ©AFP - Valery HACHE
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Dans "N’avoue jamais", la dernière comédie d’Ivan Calbérac en salles ce mercredi, André Dussollier incarne un homme à l’aube du bouleversement de sa vie. Dussollier utilise les mots des autres pour dire sa vérité sur scène, ou à l'écran, parce que l'intime lui donne des ailes.

Avec

André Dussollier est en studio, et avec lui tous les grands auteurs dont il a dit les textes. Le comédien a trois César, un Molière et plus de 150 films à son actif, mais ce littéraire n'aime pas les chiffres. Il a une maîtrise en Lettres Modernes, une licence en Linguistique, et dans son dernier spectacle Sans dessus dessous, il est seul en scène et est aussi aussi truculent qu'émouvant. Ce spirituel athlétique récite une sélection de textes de haute qualité extraits de sa bibliothèque. Depuis hier, il est dans la comédie, N'avoue jamais d'Ivan Calbérac, aux côtés de Sabine Azéma et de Thierry Lhermitte.

Le réalisateur a été inspiré par un fait divers dans lequel un homme découvre, 70 ans plus tard, l'existence de lettres d'amour destinées à sa femme, révélant une ancienne infidélité. Aucune excuse de prescription pour l'homme trompé qui a demandé le divorce à 90 ans.

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Dans le film, c'est évidemment plus léger, André Dussollier campe François Marsault, ancien lieutenant de la Marine, attaché aux traditions, qui chante des chansons d'anniversaire sur l'air de la Marseillaise, et décore ses murs d'un portrait du Général de Gaulle. En tombant sur des lettres d'amour adressées à sa femme dans le grenier, il se rend compte qu'il a été trompé 40 ans plus tôt. Marié depuis 50 ans, il ne peut pardonner l'écart et souhaite le divorce. Quand il se rend compte que l'amant est un ancien ami, il convoite également une vengeance physique.

Son éducation stricte

André Dussollier a grandi dans un village à côté d'Annecy. Il a eu une éducation stricte, un monde silencieux et solitaire qu'il a souvent abordé dans des interviews. Il a fait ses études de Lettres à Grenoble, et la première chose qu'il a faite en arrivant dans sa chambre d'étudiant, ça a été de piétiner son pantalon puisqu'il devait à la maison toujours le poser très bien plié sur une chaise : « J'étais très obéissant et en allant dans la cité universitaire, je pouvais faire enfin ce que je voulais la semaine, et j'en ai profité le premier jour pour piétiner mon pantalon et casser les plis. C'était une éducation stricte, mais on s'en libère assez vite. »

48 min

Sa découverte de l'existentialisme

C'est à Sartre et à la découverte de l'existentialisme en classe de philosophie qu'André Dussollier doit ses premières rebellions : « Je pensais qu'étant né dans une région où le déterminisme avait beaucoup d'importance, on restait le "fils de". J'ai découvert Sartre grâce à un prof de philo qui m'a dit "on peut mener la vie qu'on veut, on est indépendant, libre et rien ne nous attache à rien". Les choses étaient dites, soulignées, écrites dans un livre, c'était pour moi une libération supplémentaire que je vérifie encore au quotidien, et dans mon métier, je m'en sers tous les jours, on passe d'un sujet à l'autre, d'un classique à un moderne ou bien d'un militaire à je ne sais quel autre personnage. C'est vraiment une liberté très grande, certes illusoire parce que c'est juste pour un instant, mais il n'empêche qu'on le vit à fond avec vérité et c'est une très grande joie. »

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Une nouvelle collaboration avec Sabine Azéma

Dans N'avoue jamais, André Dussollier joue aux côtés de Sabine Azéma avec laquelle il partage l'affiche pour la 12ᵉ fois : « On a une grande complicité, une facilité et une grande liberté l'un vis-à-vis de l'autre. L'autre peut faire tout ce qu'il a envie de faire dans l'invention, et même se tromper allègrement. On est toujours client parce qu'une grande confiance s'est établie. Mais c'est vrai qu'il m'est arrivé une fois, c'était dans "Les herbes folles" où je devais jouer un personnage tout à fait différent et je me disais, mais comment elle va réagir ? Mais dès que des comédiens sont ensemble dans la bonne voie pour jouer quelque chose, ça fonctionne tout de suite. »

Sa rencontre avec Coline Serreau

À ses débuts, André Dussollier était confiné dans le cinéma d'auteur entre Resnais et Rohmer. Et puis il y a eu la rencontre avec Coline Serreau, un vrai tournant pour lui vers la comédie. Aujourd'hui, l'acteur est plus heureux de faire davantage de cinéma populaire et d'action : « Coline Serreau était considérée comme une autrice, elle avait fait cinq ou six films qui n'avaient pas beaucoup marché, et tout à coup, elle aborde un sujet dont personne ne voulait, auquel personne ne croyait, y compris les comédiens. Et c'est comme ça que je suis arrivé. Je sortais de "L'amour à mort" et les distributeurs et les producteurs ne voulaient pas de moi. J'étais en bout de course, et Coline, qui est aussi comédienne, savait très bien qu'un comédien peut jouer des comédies et des drames. J'étais très heureux d'enfin pouvoir en refaire, puisque j'en avais toujours joué des comédies au Conservatoire avec Nathalie Baye et Jacques Villeret. »

La Bande originale
1h 15

Son rôle dans "N'avoue jamais"

Le film N'avoue jamais devait d'abord s'appeler Un homme de principe, qui est le personnage qu'André Dussollier interprête : « C'est un militaire qui pense que les choses sont établies une fois pour toutes, et qui est très amoureux, il est considérablement investi dans cet amour. Il a des enfants et est rassuré par cet amour auquel il croit. Et tout à coup son univers s'effondre quand il découvre cette lettre qui date d'il y a plusieurs années. Il y a prescription. Mais pour lui, le passé redevient présent et ça devient extrêmement difficile et violent à vivre pour quelqu'un qui croyait dur comme fer à cet amour qui était une valeur pérenne. »

Pour en savoir plus, écoutez l'émission...

La Madeleine
2 min

Extraits diffusés :
Nous diffusons deux extraits de N'avoue jamais, d'Ivan Calbérac, la chanson "N'avoue Jamais" de Guy Mardel (1965) ainsi que "Je reviens te chercher" de Gilbert Bécaud (1967). Nous pouvons aussi entendre un extrait du film Mélo d'Alain Resnais en 1986 avec Pierre Arditi et André Dussollier, ainsi qu'un peu du texte de Poil de Carotte lu par Berthe Bovy en 1955 sur l'ORTF dans une émission de Michel Polac, un extrait du film Une belle fille comme moi de François Truffaut (1972) et enfin "Il neige sur Liège" de Jacques Brel.

Choix musicaux de l'invité :
- Dick Annegarn - Bruxelles
- Claude Nougaro - A bout de souffle

Découverte de l'invité :
André Dussollier interprète "Sans dessus-dessous" de Raymond Devos ainsi que "La pénitence est douce" d'Alexandre Vialatte.

En fin d'émission, André Dussollier interprète "Le Mot" de Victor Hugo.

Programmation musicale :
Arlo Parks & Lous and The Yakuza - I'm Sorry
Fat White Family - Religion for One

L'équipe

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