En Allemagne, le budget 2025 va mettre les partenaires de la coalition à couteaux tirés | Les Echos
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Décryptage

En Allemagne, le budget 2025 va mettre les partenaires de la coalition à couteaux tirés

Le gouvernement doit faire face à un trou de 25 à 30 milliards d'euros. Les différents ministères ont jusqu'à ce jeudi pour remettre leurs prévisions de dépenses.

De gauche à droite : le ministre des Finances, Christian Lindner, le ministre de l'Economie, Robert Habeck, et le chancelier, Olaf Scholz, lors d'un débat au Parlement allemand.
De gauche à droite : le ministre des Finances, Christian Lindner, le ministre de l'Economie, Robert Habeck, et le chancelier, Olaf Scholz, lors d'un débat au Parlement allemand. (Tobias SCHWARZ/AFP)

Par Emmanuel Grasland

Publié le 2 mai 2024 à 06:30

A Berlin, c'est un nouveau « marathon budgétaire » qui démarre. Les différents ministres de la coalition au pouvoir avaient jusqu'à ce jeudi pour remettre leurs propositions de dépenses pour le budget 2025, au ministre des Finances, Christian Lindner.

L'exercice promet d'être difficile. Le gouvernement doit trouver les moyens de combler un trou de l'ordre de 25 à 30 milliards d'euros.

D'ordinaire, le ministère des Finances engage des discussions avec ses alter ego à partir du mois de mars pour déterminer des montants de référence. Mais devant la complexité de la situation, Christian Lindner a préféré reprendre l'approche hors-norme de l'an dernier.

« Des défis majeurs »

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Dans un courrier envoyé le 7 mars, il a demandé aux ministres de respecter un plafond de dépenses basé sur le plan de financement 2023-2027 de l'été dernier. Charge ensuite à eux de trouver les économies nécessaires.

Ce plan fixe le budget fédéral à 452 milliards d'euros en 2025 contre… 477 milliards cette année. Sachant qu'il comprenait déjà un trou de 5 milliards pour 2025. « L'Allemagne est confrontée à des défis majeurs en matière de politique économique et financière », a-t-il écrit à ses collègues et « un net besoin de consolidation structurelle apparaît ».

Les vieux démons

Audacieuse, la démarche va rapidement confronter la coalition à ses vieux démons. Ni les socio-démocrates, ni les Verts ne veulent entendre parler d'économies. Les premiers refusent de toucher au social, les seconds à la transition écologique parce que ce sont des éléments clés de leur identité.

En face, les libéraux défendent mordicus la pertinence du frein à l'endettement tout en estimant nécessaire de prévoir des baisses d'impôts afin de relancer une croissance faiblarde.

L'an dernier, l'arrêt de la Cour de Karlsruhe avait remis en cause le recours aux fonds extrabudgétaires et imposé une remise à plat des budgets 2023 et 2024.

L'an dernier, l'arrêt de la Cour de Karlsruhe avait remis en cause le recours aux fonds extrabudgétaires et imposé une remise à plat des budgets 2023 et 2024. Des semaines de négociations avaient été nécessaires avant que les trois partis ne parviennent à s'entendre.

Cette année, la démarche sera encore plus compliquée parce qu'il y a des élections européennes en juin et des scrutins régionaux en septembre. Le cabinet fédéral devrait adopter le 3 juillet un projet de budget, qui sera ensuite transmis au Bundestag début septembre. Mais les choses seront loin d'être figées.

« Le débat va se poursuivre au cours de l'été mais il n'y aura pas de progrès substantiel », estime Jan Techau du cabinet Eurasia. Il y a peu de chance pour que les partenaires de la coalition fassent des compromis conséquents, avant d'avoir passé l'obstacle des élections.

« The show must go on »

En attendant, « The show must go on ». Lors d'un congrès la semaine dernière, le parti libéral a adopté douze propositions pour relancer l'économie. Parmi elles, la suppression de la retraite à 63 ans pour les carrières longues, une révision des aides pour les énergies vertes, un durcissement de l'attribution des allocations citoyennes, une baisse d'impôts pour les ménages les plus aisés…

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Certaines idées ont fait sauter au plafond les socio-démocrates. Mercredi, le chancelier Olaf Scholz a estimé que c'était « une question de décence de ne pas contester la retraite méritée de ceux qui ont travaillé longtemps ».

Source de tensions, la démarche des libéraux permet néanmoins de répondre aux attentes de leur clientèle électorale, avant des scrutins importants. C'est aussi une façon d'augmenter ses marges de négociations en prévision du « grand marchandage » à venir. Abandonner les propositions les plus osées leur permettra peut-être d'obtenir quelque chose de substantiel.

Emmanuel Grasland (Correspondant à Berlin)

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