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Napoléon Ier demeure un véritable objet de fascination, qui rencontre souvent son public. Les ouvrages présentés reviennent sur certains aspects qui ont fait sa gloire, sans pour autant cacher les faces sombres de l'Empire.
Le dessous des cartes
Les auteurs de l'Infographie de l'Empire napoléonien montrent que la naissance de l'Empire et la famille impériale ont constitué une rupture avec la Révolution, restaurant le pouvoir héréditaire et favorisant la constitution d'une nouvelle aristocratie. Mais, excepté la famille impériale, celle-ci s'est fabriquée dans la plupart des cas au mérite.
De la même manière, ils montrent comment le système napoléonien a prolongé aussi quelques-uns des éléments de la Révolution, par le rôle des préfets ou des codes juridiques qui portent son nom. Le livre ne néglige pas non plus pour autant les aspects intérieurs comme les évolutions démographiques, les conditions de vie de la société civile.
L'Infographie est aussi une vaste mise en perspective, par des cartes et des graphiques à la fois ludiques et sérieux, des conquêtes et de l'importance centrale qu'ont eu les batailles et les guerres napoléoniennes.
Les bons soldats de Napoléon
L'ouvrage Maréchaux d'Empire, dirigé par François Houdecek, s'attarde sur plusieurs des personnages évoqués dans l'Infographie: les maréchaux. Ce livre pourrait ressembler à un guide de l'ancienne ceinture de Paris: comme sur les extérieurs, ils sont tous présents.
Au-delà de l'anecdote, ces vingt-six militaires sont pour la majeure partie issus du rang de l'armée révolutionnaire. Ils deviennent les proches compagnons d'armes de Napoléon Bonaparte, puis servent l'empereur. Avec une certaine admiration pour ces hommes, Houdecek propose de suivre des carrières plus ou moins longues. Certains sont morts au combat lors des campagnes impériales, alors que d'autres ont prolongé leur carrière sous la Restauration, voire même sous la monarchie de Juillet.
L'ouvrage se consacre principalement à la carrière impériale et ne cache pas les inimitiés ni les concurrences. Il distingue plusieurs types de commandements: ceux particulièrement efficaces en termes de stratégie, ceux qui participent à la gestion des affaires de l'Empire et dirigent des provinces après les avoir conquises, ceux qui ont par leur connaissance des combats participé à certaines grandes victoires, et enfin les derniers, moins connus pour cette fonction, qui se sont occupés aussi de la gestion des éléments matériels de la Grande Armée.
L'esprit déroutant de la Grande Armée
Le maître de l'ouvrage sur les maréchaux propose aussi une étude sur l'armée, Vivre la Grande Armée. Celle-ci est aussi une conséquence de la Révolution. L'armée des volontaires nationaux, puis la levée en masse de 1793 font des citoyens soldats: le consulat puis l'Empire n'en font plus que des soldats. Avec l'Empire, elle prend un caractère massif et inattendu avec plus de 2.300.000 hommes envoyés sous les drapeaux, dont près d'un million perdent la vie en quinze ans. À son sommet, le nombre de conscrits était de 680.000.
François Houdecek y étudie leur quotidien, des espoirs soulevés par les guerres encore marquées par l'esprit révolutionnaire et patriotique jusqu'au désastre des deux dernières années. Napoléon Ier semble y avoir un esprit qui peut aujourd'hui paraître déroutant, l'immense majorité des combattants vouant une fidélité absolue à l'Empereur, acceptant des conditions de vie hors normes, mais aux limites du supportable. Il décrit avec finesse le caractère pénible des campagnes, la grande loterie des combats et le retour à la vie.
L'Infographie que nous présentions au début de l'article souligne elle aussi quelles ont été les forces de la Grande Armée. Parmi elles, l'ambition démesurée de l'expansionnisme napoléonien, les modalités de mise en œuvre de régimes alliés, les impôts prélevés et les conquêtes, qui ont été à la fois l'origine de son succès puis la cause de son échec.