Proces Balladur : le vieillard sublime, le retraité grincheux et le témoin gênant

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Proces Balladur : le vieillard sublime, le retraité grincheux et le témoin gênant
Edouard Balladur et François Léotard.
Benoit PEYRUCQ / AFP

Proces Balladur : le vieillard sublime, le retraité grincheux et le témoin gênant

Récit

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Au deuxième jour du procès Karachi, ce 20 janvier, Edouard Balladur, à bout de souffle, a lu une déclaration d’innocence. Quant à son ancien ministre de la Défense, François Léotard, il renvoie la balle sur son bras droit. Lui non plus ne s’occupait pas de "ces questions d’argent"…

Il lutte. Contre sa voix qui flanche, s’éraille, chevrote et qu’il peine à stabiliser. Il lutte contre son corps, debout trop longtemps et qui réclame un siège. Il lutte contre son émotion qui effleure et par moment l’arrête. Il lutte aussi contre cette colère qui pointe et qu’il maintient à distance. Il lutte enfin contre ces larmes qui embuent sa vue et qui finiront par couler le long de ses joues quand il regagnera sa place, devant ses trois avocats admiratifs. Vingt-cinq minutes.

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Debout à la barre de la Cour de justice, Edouard Balladur, 91 ans, sanglé dans un costume anthracite impeccable, est allé au bout de ce texte qu’il prépare depuis des mois et qu’il a amendé jusqu’à la dernière seconde. Il se rassoit à bout de souffle. Il réajuste son masque et s’essuie discrètement la joue. Bien sûr, il a plaidé son innocence, dans ce dossier de financement de sa campagne présidentielle perdue de 1995. Mais au delà des mots, au-delà de l’affaire, il y avait aussi dans le spectacle de cet homme au crépuscule de sa vie, pourquoi ne pas le dire, de la grandeur. De la grandeur dans le combat d’un ancien Premier ministre de la France sacrifiant en public ses dernières forces au nom de son honneur perdu.

La voix qui tremble

Edouard Balladur a quitté Matignon le 18 mai 1995. Il y a 25 ans. Plus de 9 000 jours… « Entré au service de l’Etat à 21 ans, je l’ai quitté 57 ans plus tard », commence-t-il. « Je me trouve dans une situation inattendue, paradoxale, poursuit-il. J’ai voulu assainir notre vie politique, et l’on me reproche de l’avoir corrompue en recourant, pour le financement de ma campagne présidentielle de 1995, à des moyens illégaux ». C’est lui, rappelle-t-il aussi, en 1995, qui a fait voter des lois encadrant les campagnes électorales, abaissant les montants autorisés, interdisant les recours aux financements des entreprises. C’est aussi lui, en 1993 qui a mis sur les rails cette Cour de Justice de la République devant laquelle il se trouve aujourd’hui, mélange de parlementaires et de magistrats professionnels, en charge de juger les ministres et premiers ministres pour des actes commis dans l’exercice de leurs fonctions. « Je serais un personnage d’une singulière perversité si j’avais dans le même temps prétendu assainir notre vie publique et tenté de la polluer en mettant en place un système de financement électoral immoral destiné à me favoriser », ironise l’ancien Premier ministre.

Sa voix tremble. Il marque des pauses qu’aucun bruit dans la salle n’ose interrompre. « L’affaire qui me conduit devant vous est simple, mais on l’a compliquée comme à plaisir : ai-je ou non assuré le financement de ma campagne électorale par des retro commissions indûment prélevées grâce à la signature de contrats d’armements avec des pays étrangers ? » A cette question, sa réponse est non, mais Edouard Balladur ajoute aussi que ses comptes de campagnes de 1995, « dont 13 millions en espèces, provenant essentiellement de collectes réalisées lors des meetings » ont été avalisés par le Conseil constitutionnel. Selon lui, et ses avocats le plaideront, personne n’ayant à l’époque saisi le parquet de quelques soupçons, toute infraction éventuelle liée à sa campagne serait de toute façon prescrite en 1998.

Une "affaire hors du commun"

Balayée d’un revers de manche, l’affaire qui l’emmène ici, n’en reste pas moins « une affaire hors du commun ». « Hors du commun par sa durée » d’abord. « Voilà 20 ans qu’un attentat à Karachi a couté la vie à onze de nos compatriotes, la cause de leur assassinat étant due, a-t-on prétendu, à cette affaire de retro commissions prélevées à l’occasion de la vente de sous-marins au Pakistan ». « Hors du commun, poursuit-il, par sa violence ». « Rien ne m’a été épargné dans les affirmations mensongères sans cesse répétées ». « Hors du commun par le sectarisme », ensuite. Edouard Balladur assène que « l’instruction a été menée totalement à charge contre moi et moi seul ». Sa voix tremble à nouveau. Il se reprend. Il dément avoir été le « grand architecte » d’un système de financement occulte qui aurait été orchestré à son profit. « Hors du commun par sa réussite dans l’opinion publique de la thèse qui m’accuse », ajoute-t-il, évoquant « un système frauduleux dont il ignorait jusqu’à l’existence même ».

Il se bat Edouard Balladur. Depuis le premier rang, ses trois avocats lui lancent des regards parfois inquiets. « Parviendra-t-il à aller au bout de ce texte ? » semblent-ils se demander. Ses doigts fins tournent la 5e page. Il y a en huit. L’ancien Premier ministre assure que dans toute l’instruction « aucune preuve » n’est venue établir qu’il était au courant de quoique ce soit. Il évoque « les soupçons », « un dossier fondé sur des rumeurs », « des approximations », des « rapprochements » des « coincidences », des « suppositions que rien n’atteste ». Ses mots roulent, s’enchainent sans anicroche. Sa colère semble le pousser. « On me demande d’apporter la preuve de ce que je n’ai pas fait ce qui est par définition impossible et contraire aux principes fondamentaux du droit pénal ». Il en vient à sa conception de ses fonctions ministérielles, évoque les « hiérarchies des compétences », la « décentralisation des décisions ». « C’est une affaire commerciale, pas une affaire de politique étrangère et le Premier ministre, dans ma conception des choses, devait s’interdire de s’en occuper, faute de quoi il eut été victime de tous les soupçons et de toutes les médisances », poursuit-il.

Les larmes de Balladur

Edouard Balladur entame bientôt la 7e page de son texte. Il est temps de marteler l’essentiel : « Je n’ai commis ni abus de biens sociaux, ni recel d’abus de biens sociaux… je n’ai jamais donné la moindre instruction en lien avec ces commissions ». Pour revenir aux détails du dossier avant de conclure, il raille « les affabulations malveillantes » et répète encore qu’aucune preuve ne vient attester d’un financement illégal. Il est presque à la fin. « J’ai confiance dans la vérité », dit-il en attaquant son dernier paragraphe. Ses yeux s’inondent. « Le respect du droit exclut l’imagination, il exclut les approximations, il fait fi des constructions factices, des coïncidences et des témoignages douteux et contradictoires. » Il ne lui reste à lire que les trois lignes de la 8e page. Il les connait par coeur. Son regard fait face à celui du président de la Cour. « J’espère qu’au bout de près de trente ans, l’on me rendra justice, oui, j’ai confiance dans la vérité ».

Edouard Balladur en a terminé. D’un minuscule mouvement de tête, il semble saluer ses juges, rassemble ses huit feuillets, et retourne en quelques pas comptés vers son fauteuil. Ses avocats se regardent. Eux mesurent avec précision l’effort colossal que ces 25 minutes lui ont demandé. Il parait épuisé. Mais il l’a fait…

Léotard bavarde

« Monsieur Léotard veuillez approcher de la barre », commande le président Dominique Pauthe. L’ancien ministre de la Défense, col roulé noir et pantalon de toile sombre, referme le livre posé devant lui et s’avance. A 78 ans, son corps ne parait pas le mettre au supplice comme celui qui le précède. Il déplie sur le pupitre de la barre une feuille sur laquelle il a griffonné quelques notes. Il se présente. « Je suis né en 1942, j’ai vécu toute ma jeunesse dans une situation où la France était en guerre ». L’ancien ministre campe le décor de ses années politiques dans les années 90. L’URSS venait de tomber. « Parlant allemand je m’entendais bien avec Helmut Kohl ». « On était en cohabitation »…

François Léotard passe du coq à l’âne : « Le président Mitterrand était hanté par l’idée de la mort. Il était malade. Nous avions affaire à un homme qui n’avait pas perdu la raison, mais qui se soignait et cela pouvait donner lieu à des errements difficiles à gérer ». Il bavarde, rappelle qu’il avait fait rédiger un « livre blanc de la défense », espère que les membres de la Cour pourront le lire. Il s’était rendu compte que notre dissuasion nucléaire française n’était plus très performante et il était allé voir le patron de la CIA pour convaincre ensuite l’Elysée de la reprise des essais dans le Pacifique. Il se souvient aussi que mis en examen en 1992 « par un promoteur véreux », il a démissionné immédiatement de tous ses mandats : « Chirac et Mitterrand me l’avaient reproché, disant que je donnais trop de pouvoir aux juges ». Léotard sourit en indiquant qu’il a gagné 16 élections « sauf une » sur toutes celles à laquelle il s‘est présenté. Enfin, il a quitté la vie politique parce qu’il estime que « ce n’est pas une carrière ». Il voulait écrire, lire, voir sa famille. « Pendant deux ans où j’ai été ministre de la Défense je n’ai pas vu mon fils », dit-il.

D’évidence, l’homme à la barre est content de lui. « Je suis fier de ce que j’ai fait et quelque que soit ce que sera votre jugement je ne renoncerai jamais à cette fierté ». « L’idée de servir mon pays a toujours été très forte chez moi. J’aurais aimé être militaire ». Il parait intarissable sur sa personne… Mais reste jusque-là le plus loin possible de l’affaire. Il saute comme un mouton d’exploit en exploit. Il s’occupait du Rwanda. De la Bosnie. Se souvient des Pataugas de soldats morts… Et ses autres fonctions, ministre de la Culture il les résume ainsi : « François Mitterrand et Jack Lang ont reconnu que sans moi, cela aurait été beaucoup plus difficile ».

Le "général" Léotard

Les minutes défilent. Après ce long monologue de louanges auto-proclamées, il va bien falloir affronter les billets du dossier. Le président Pauthe affute une première question sur les « financements ». François Léotard semble se boucher le nez : « Dans toute cette affaire, je n’ai pas touché un centime, j’ai entendu le déferlement de dollars, d’euros, mais moi je n’ai pas touché un centime, c’est important de le dire. » Lui s’est battu « pour ramener le corps des soldats français tombés en Indochine », mais ignore tout de ces financements en marge de contrats d’armement. Le « général » Léotard n’avait manifestement aucun gout pour l’intendance. Au sein de son cabinet, un homme, Renaud Donnedieu de Vabres, chargé de mission, était en charge de ces questions matérielles qui n’ont jamais intéressé son ministre. « Renaud Donnedieu de Vabres est quelqu’un de compétent, de fin, d’intelligent je conserve son amitié… » dit-il.

A l’entendre, c’est Donnedieu seul qui était en charge de ces opérations, « et il l’a fait très bien ». « De toute façon raille Léotard pour couper court à toute question trop précise, je considère que c’est au parlement, pas à la justice de contrôler le gouvernement. » Dominique Pauthe, le président de la CJR ne relève pas la pique, et en vient au rôle de Takieddine. « C’est vous qui l’emmenez non ? » Léotard s’emberlificote. A l’entendre, c’est en réalité sa femme, dont l’ex-mari connaissait le Libanais, qui l’invite un jour à l’inauguration d’une piste de ski à la station d’Isola 2000 dont Takieddine est alors directeur. Puis quand il devient ministre de la Défense, en 1993, il « ne peut pas refuser », sans que l’on comprenne bien pourquoi, une demande de rendez-vous du Libanais. Ce jour-là, Ziad Takieddine, grâce à lui, a mis un pied dans la porte…

L'arrivée de Takieddine

Et tout s’emballe. Descendu des Alpes, l’intermédiaire se propose, via un ami libanais El Assir, en liaison avec un ministre saoudien, Ben Moussalam, de faire avancer deux dossiers de vente d’armes : celui des frégates en Arabie saoudite et celui des sous-marins au Pakistan. « Je n’ai fait que mon devoir prétend Léotard, je voulais que ces contrats aboutissent, oui je voulais que cela marche, il y avait une crise sociale sur les chantiers navals de Cherbourg ». A l’entendre, tout serait simple, Takieddine arrive, il le met en contact avec Donnedieu et les contrats sont débloqués…

Pourtant, l’accusation affirme que le « réseau K » de Takieddine n’aurait en réalité été d’aucune utilité réelle. « Peut-être par naiveté, mais moi j’ai toujours pensé que le réseau K était utile », réplique Léotard, main droite dans la poche de son jeans.

Pour sa part, il n’a « jamais parlé argent », ni avec le prince Sultan d’Arabie saoudite (« il n’aurait mis dehors »), ni avec Takieddine. « C’est de l’épicerie réplique-t-il à une question précise du président. Et moi, je ne suis pas épicier ». Lui, son boulot de ministre de la Défense, c’était la France, le Rwanda, la Bosnie, la prise d’otage d’Air Algérie… « Je ne me suis jamais occupé de tout ce que vous me dites. C’est peut-être un péché, une faute, mais je l’assume… » Le juge Pauthe insiste, égrène les commissions colossales accordées au réseau Takieddine, sur instruction du ministère de la Défense. Léotard raille à nouveau le principe même de la Cour de Justice. « Ce que vous faites, c’est mettre en cause la totalité de l’exécutif. Demain cela sera Edouard Philippe, Jean Castex, et vous verrez ce que sera l’état de l’opinion publique. Cela sera la fin de la Cour de Justice », prophétise-t-il. Aucun des douze parlementaires qui composent la juridiction ne relève.

L’ancien ministre, sur sa lancée, demande au juge Pauthe s’il sait combien de morts il y a eu au Rwanda. « Un million ! » lance-t-il. « On ne parle pas du Rwanda », réagit Dominique Pauthe. « C’était de ma responsabilité ! » lance Léotard, engagé dans un dialogue de sourd. « Ne fallait-il pas être vigilant sur toutes ces structures ? », réplique le juge, revenant aux fonds évaporés en marge des contrats d’armement. L’ancien ministre cite « l’illustre acharnement » dans un vers de Victor Hugo, répète qu’il « déteste être vaincu », qu’il a donc « tout mis en oeuvre pour décrocher ces marchés ». « Le reste je vous le laisse, vous pouvez me condamner, cela me laissera complètement indifférent », balaie-t-il.

Difficile d'être plus antipathique

Difficile, à la barre d’un tribunal, a fortiori de la Cour de Justice de la République, d’être plus antipathique. « Je ne suis pas un commerçant », grince Léotard à l’évocation de sommes en dollars. « Je n’ai pas le gout du lucre. De l’argent. La question de l’argent est au coeur de la vie politique. Quand je lis dans votre dossier que des hommes politiques sont allés se baigner dans la piscine de Takieddine, mais c’est ceux-là qu’il faut juger, moi je n’y suis jamais allé. Vous avez des gens qui me pensent qu’à ça, la richesse. Moi je ne suis pas un homme d’argent, cela ne m’intéresse pas ». Il regarde le procureur, l’œil sombre, prêt à mordre. « Dans aucun de vos documents, dans tout votre réquisitoire, il n’y a pas une seule fois, l’expression 'intérêt de la France' »soupire François Léotard. Lui, à l’entendre, n’avait que cela en tête, et pas ces détails subalternes, dont son bras droit, Donnedieu de Vabres, « dont le père était à juge Nuremberg », précise-t-il au passage (en réalité le grand-père) avait seul la charge… « Est-ce que les gens sont tous honnêtes ? C’est une question religieuse », se demande-t-il à haute voix, pour dire qu’il n’avait rien su de ce que tramait son bras droit en coulisse. Déjà jugé dans ce même dossier par le tribunal correctionnel, Donnedieu a été condamné à 5 ans de prison dont trois ans ferme. Il a fait appel. « Saviez-vous qu’il avait touché de l’argent de Takieddine ? » interroge le président. « Non, si tant est qu’il en ait touché », grince Léotard avant de rejoindre son fauteuil et son livre…

L’audience est suspendue. Edouard Balladur (un certificat médical lui recommande de ne rester que deux heures) a quitté la salle depuis longtemps. Enfermé tout ce temps dans une pièce attenante à la salle d’audience, un homme attend d’être invité à parler. A la reprise, Emmanuel Aris s’approche du pupitre et prête serment de dire toute la vérité. En quelques minutes, il va camper un tout autre décor.

Un témoin (très) gênant

Emmanuel Aris était le directeur commercial « monde » de la DCNI, la direction des constructions navales, et à ce titre en charge des « commissions » lors des ventes à l’étranger. En 1993, il a négocié des commissions d’un montant de 6,5% pour décrocher le marché des sous-marins pakistanais. « L’affaire était en très bonne voie, et un jour, mon chef me demande d’aller voir Renaud Donnedieu de Vabres au ministère de la Défense », commence-t-il. « Il m’a présenté Ziad Takieddine, en me disant que sa présence était indispensable pour gagner le marché des sous-marins ». Emmanuel Aris avoue avoir été « assez septique », et « soupçonneux ». D’autant que Takieddine, contrairement à tous les usages, exige d’être payé de montants exorbitants en amont du contrat lui-même, et même avant les versements du Pakistan. « Une première fois, j’ai refusé de signer avec lui », raconte le commercial, qui se fait taper sur les doigts. Il lui sera finalement imposé, avec 4% de commission supplémentaires et ses clauses avantageuses.Emmanuel Aris estime que le Libanais imposé par le ministère de François Léotard a « volé au secours de la victoire » d’un dossier qui était en réalité déjà gagné… « J’ai fait ce métier pendant trente ans, et je n’avais jamais vu un agent imposé par le pouvoir politique français. Cela ne m’était jamais arrivé », souffle-t-il à la barre. Mauvais point pour l’ancien ministre de la Défense. Rappelé au pupitre, il n’a pas vraiment d’explication. « C’est vous qui avez envoyé Ziad Takieddine à Renaud Donnedieu de Vabres », lui fait remarquer le président. « Vous lui poserez la question, soupire Léotard. Moi, ces questions d’argent ne m’intéressent pas. » Elles risquent de le rattraper pourtant. Et probablement plus vite que l’ancien ministre, venu à ce procès sans avocat, ne le pense…

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne