Génocide au Rwanda : l’institut Mitterrand demande à Emmanuel Macron de « lever l’ambiguïté » sur sa position - Le Parisien

Génocide au Rwanda : l’institut Mitterrand demande à Emmanuel Macron de « lever l’ambiguïté » sur sa position

L’Élysée avait indiqué que le président estimait que la France « aurait pu arrêter le génocide », mais « n’en a pas eu la volonté », mais le chef de l’État n’a pas repris ces mots dimanche, à l’occasion du 30e anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsi.

Emmanuel Macron avait rencontré le président rwandais Paul Kagame à Kigali en mai 2021. AFP/Ludovic Marin
Emmanuel Macron avait rencontré le président rwandais Paul Kagame à Kigali en mai 2021. AFP/Ludovic Marin

    L’Institut François Mitterrand réclame des précisions. La fondation, nommée en hommage au président qui était en poste pendant le génocide au Rwanda en 1994, a dénoncé lundi une « communication hasardeuse » de l’Élysée sur la question du rôle de la France dans les massacres. Elle a demandé à Emmanuel Macron de « lever l’ambiguïté » sur sa position. Dans une vidéo diffusée dimanche à l’occasion du 30e anniversaire du génocide des Tutsi, qui avait fait au moins 800 000 morts, le président français « assume tout et exactement » le discours prononcé le 27 mai en 2021 à Kigali, dans lequel il reconnaissait la « responsabilité » de la France dans les massacres.

    Pourtant, l’Élysée avait semblé aller au-delà quelques jours plus tôt, le chef de l’État estimant que la France « aurait pu arrêter le génocide (…) avec ses alliés occidentaux et africains », mais « n’en a pas eu la volonté », avait rapporté jeudi la présidence française. Des mots interprétés comme un pas supplémentaire dans la reconnaissance des responsabilités de la France dans le génocide, mais qu’Emmanuel Macron n’a pas employés dimanche.



    « Cette communication hasardeuse, ainsi que l’absence de démenti clair, sont de nature à créer de la confusion sur la position du Président », a estimé dans un communiqué Jean Glavany, qui dirige l’Institut François Mitterrand.

    Les questions de l’Institut

    La communauté internationale « nous a tous laissé tomber » durant le génocide des Tutsi, a déclaré dimanche le président rwandais Paul Kagame lors du 30e anniversaire du génocide.

    « Si, comme ses conseillers le rapportent, le président de la République juge que la France, avec ses alliés, aurait pu arrêter le génocide mais qu’elle n’en a pas eu la volonté, nous l’engageons à répondre aux questions suivantes », a exposé l’Institut. « Que la France aurait-elle pu faire de plus ou de mieux ? Ignore-t-il délibérément la volonté qu’eurent François Mitterrand et Édouard Balladur de l’engager, même seule, dans une opération humanitaire visant à sauver des vies, ainsi que les efforts qu’Alain Juppé déploya aux mois de mai et de juin 1994 pour obtenir le vote du Conseil de sécurité ? », interroge notamment Jean Glavany.

    Contacté lundi, l’Élysée précise que « le président de la République a très clairement rappelé sa position qui n’a pas varié depuis le discours qu’il a prononcé à ce sujet à Kigali, le 27 mai 2021 ». Ce voyage et les mots qu’il avait prononcés sur place avaient scellé un rapprochement avec Paul Kagame, qui n’avait eu de cesse de mettre en cause la France. Cette question du rôle français avant, pendant et après le génocide a été un sujet brûlant pendant des années, conduisant même à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009.