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Billet de blog 11 juin 2022

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"Annabelle" de John R. Leonetti

En 1970, Mia et John forme un couple heureux en attente prochaine d'un enfant. Le massacre de leurs voisins entraîne chez Mia, enceinte et grande collectionneuse de poupées en porcelaine, un traumatisme profond.

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Diffusion sur la plate-forme Netflix (France) : Annabelle de John R. Leonetti

Au sein de l'univers cinématographique Conjuring, Annabelle constitue l'épisode qui précède chronologiquement Conjuring : Les Dossiers Warren, le premier opus réalisé. Ici, le célèbre couple Warren est absent mais un couple qui pourrait être leur substitut est au centre de l'intrigue, formé d'un jeune médecin ambitieux et de son épouse future mère au foyer. La trame autour d'assassins issus d'un groupe satanique associé à Charles Manson évoqué par la télévision, s'inspire largement de Rosemary's Baby de Roman Polanski (avec le personnage qui se prénomme Mia comme Farrow l'actrice principale du film de Polanski) avec une pincée d'Exorciste de William Friedkin pour certains procédés de mise en scène, le dénouement du film et la place centrale de la religion chrétienne. Comme pour le film culte de Polanski, le récit est développé autour du regard subjectif de la jeune mère dont les peurs sont rapidement associées par son époux, médecin rationaliste, comme des troubles post-partum. L'emprise religieuse prendra malgré tout le dessus et le mari adhérera très vite à l'interprétation démonologique.

Illustration 1
"Annabelle" de John R. Leonetti © Warner

Si la poupée éponyme devient démoniaque, elle n'est pas douée de vie comme Chucky mais exerce son emprise sur l'ensemble de la maison où la jeune femme est enfermée. Dès lors, la mise en scène horrifique repose sur le principe de la maison hantée où les pires choses deviennent possibles dans cet espace. Il est alors aisé de voir en seconde lecture, l'exacerbation de l'enfermement des femmes au foyer au sein d'une société judéo-chrétienne patriarcale qui ne remet guère en cause son organisation sociale avec ce dogme lancinant qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour d'une mère, n'offrant guère d'alternatives à une femme pour se réaliser et s'intégrer dans la société que d'enfanter.

Quelques séquences sont particulièrement bien choisies pour faire émerger l'horreur avec une préparation lente et inquiétante comme la scène de la machine à coudre et une utilisation judicieuse du son pour rendre omniprésents les phénomènes paranormaux.

Sans révolutionner le genre, ni présenter des jeux d'acteur.trices inoubliables, l'intrigue fonctionne en recyclant modestement et respectueusement les grandes références cinématographiques. Le scénario n'a lui non plus rien d'original mais a su imposer une nouvelle branche à l'arbre des récits de l'univers Conjuring.

Annabelle
de John R. Leonetti
Fiction
98 minutes. USA, 2014.
Couleur
Langue originale : anglais

Avec : Annabelle Wallis (Mia Form), Ward Horton (John Form), Tony Amendola (le père Perez), Alfre Woodard (Evelyn, la libraire), Kerry O'Malley (Sharon Higgins, la voisine de Mia et John), Brian Howe (Pete Higgins, son mari), Eric Ladin (le détective Clarkin), Ivar Brogger (le docteur Burgher), Gabriel Bateman (Robert), Shiloh Nelson (Nancy), Keira Daniels (Annabelle Higgins à 7 ans), Morganna May (Debbie), Joseph Bishara (une figure démoniaque), Paige Diaz (Candy Striper), Tree O'Toole (Annabelle Higgins / Janice), Christopher Shaw (Fuller)
Scénario : Gary Dauberman
Musique : Joseph Bishara
Images : James Kniest
Direction artistique : Douglas Cumming
Montage : Tom Elkins
Production : Peter Safran et James Wan
Sociétés de production : New Line Cinema, Evergreen Media Group, Creepy Puppet Productions, The Safran Company, RatPac-Dune Entertainment

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