Les choix culture : flâner en Inde ou enquêter avec Elisabeth Moss ?

Les choix culture : flâner en Inde ou enquêter avec Elisabeth Moss ?

Films, séries, expos, chaque semaine, chez vous ou n’importe où ailleurs, à voir, à lire ou à écouter : « Le Point » aime et on vous le dit.

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Denis Ménochet et Marina Foïs dans « As bestas » de Rodrigo Sorogoyen.
Denis Ménochet et Marina Foïs dans « As bestas » de Rodrigo Sorogoyen. © Le Pacte

Temps de lecture : 4 min

Antoine, ancien prof, et sa femme Olga ont tout plaqué en France pour venir s'installer dans un petit bourg reculé de Galice. Ils pratiquent une culture maraîchère bio, vendent leurs produits sur les marchés et retapent à leurs heures perdues les bergeries abandonnées du village pour favoriser le repeuplement du canton. Leur vie pourrait être idyllique s'ils ne s'étaient pas farouchement opposés à un projet d'éoliennes. Cela leur vaut les foudres des voisins, deux frères mal dégrossis qui ne digèrent pas bien de se faire dicter leur conduite par des bobos fraîchement débarqués. Présenté cette année dans la section Un certain regard à Cannes, As bestas signe le grand retour du réalisateur Rodrigo Sorogoyen. Encore une fois, le roi du polar espagnol (Que Dios nos perdone, El Reino, Madre) s'impose par sa grande maîtrise du suspense.

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À partir d'un drame intimiste et social, il tisse un thriller psychologique angoissant qui n'est pas sans rappeler la violence des Chiens de paille de Sam Peckinpah (1971), où Dustin Hoffman fait face aux paysans des Cornouailles. Dans les montagnes rarement filmées de la Galice, où la brume peine à se dissiper et où la forêt est reine, Antoine et Olga (Denis Ménochet et Marina Foïs, éblouissants) sont harcelés, traqués comme des bêtes sauvages. Sorogoyen dissèque ici avec génie deux mondes qui s'opposent : des urbains en quête de nature et de sens et une société paysanne miséreuse qui aspire à une meilleure existence en ville. La tension monte, les dialogues cognent, les silences pèsent et l'étau se resserre jusqu'à l'irréparable… Du grand Sorogoyen !

As bestas, en salle

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Découvrir l'Inde des années 1980

 Rekha, Bombay, 1984 , exposé à Arles.<br />
 
 ©  copyright Mitch Epstein
 Rekha, Bombay, 1984 , exposé à Arles.
 
© copyright Mitch Epstein
I

« En Inde, 1978-1989 » : le titre de l'exposition de Mitch Epstein est d'une sobriété extrême, à l'opposé de ses photos exubérantes, chamarrées, d'une telle sensualité qu'elles donnent l'impression – 30 ou 40 ans après avoir été prises – que l'on pourrait en un clin d'œil passer de l'autre côté du miroir et se retrouver dans ses rues populeuses, sur les marches d'un temple ou dans un club de strip-tease. Le photographe contemple le visage nocturne de la ville que l'on appelle encore Bombay, attrape des instants criants de vérité, des visages au regard hanté, une détresse sous les lumières chatoyantes et la chair qui s'offre au plus offrant. « Je viens de Nouvelle-Angleterre, nous racontait-il récemment. J'ai grandi dans la banlieue américaine typique des années 1950-1960, où tout était lisse, le sens des convenances écrasait tout. En Inde, j'ai découvert un monde où tout se passait dans la rue. Ça a été un éveil culturel incroyable, une sorte de révolution intérieure. » C'est par amour que le jeune Mitch Epstein se retrouve en Inde : petit ami puis époux (pendant une dizaine d'années) de la réalisatrice Mira Nair (Salaam Bombay, 1988), il est à la fois d'ailleurs et de la famille, ce qui explique sans doute qu'il se faufile partout. « En Inde, à l'époque, les gens étaient charmés par la photographie. Évidemment, aujourd'hui où tout le monde a un portable, ça n'a plus rien à voir, confie-t-il. C'est une Inde qui n'existe plus. » Une Inde qu'il ressuscite magnifiquement à Montmajour.

« En Inde, 1978-1989 » – Abbaye de Montmajour – Rencontres d'Arles, jusqu'au 25 septembre.

Enquêter avec Elisabeth Moss

Kirby est archiviste dans un grand journal de Chicago. Chaque soir, elle note consciencieusement dans un petit carnet les éléments de son quotidien : où elle vit, avec qui, dans quel bureau elle travaille, qui sont ses amis, ses collègues… Pourquoi cet étrange rituel ? Car il lui permet de ne pas perdre pied quand, d'une minute à l'autre, sa vie change, dans les grandes lignes (métier, adresse, mari) ou les petits détails (style vestimentaire, coupe de cheveux…). Ce phénomène étrange mine son existence depuis qu'elle a miraculeusement survécu à une agression sanguinaire : un homme lui a ouvert le ventre au couteau, avant d'y glisser une boîte d'allumettes estampillée d'un bar qui n'existe pas… encore. Quand une autre femme succombe au même genre d'agression, portant dans son ventre un objet venu du futur, Kirby se lance dans une enquête avec un journaliste fin limier, mais alcoolique jusqu'au trognon. Qui croira ce duo claudicant, une femme traumatisée et un reporter porté sur la bouteille, quand il découvrira qu'un tueur en série frappe en voyageant dans le temps ? Portée par une Elisabeth Moss aussi évanescente que déterminée, cette série pleine de mystères nous embarque et nous touche. Un remue-méninges à l'esthétique léchée et au casting parfait.

Shining Girls, sur Apple TV

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Retourner en 1900

L'atelier de poterie du parc du Bournat.
 ©  DR
L'atelier de poterie du parc du Bournat. © DR
Et si, lassés de l'hyperconnectivité et de l'addiction aux téléphones mobiles, nous retournions dans le passé ? Plus exactement en l'an 1900. C'est le pari qu'a fait l'industriel Paul-Jean Souriau, aujourd'hui décédé, et son fils Pascal, au Bugue, en Dordogne. Au cœur d'un écrin de verdure de huit hectares, le parc du Bournat, créé en 1992, reconstitue un village périgourdin resté figé en 1900. On y trouve un lavoir, un vieux de bureau de poste, une chapelle, une ferme, et surtout des ateliers d'artisans que l'on peut voir à l'ouvrage afin d'apprendre les vieux métiers : la coutellerie, la forge, la dentellerie, le tissage, la brasserie, le fournil, la verrerie, la poterie, etc. On regarde en famille les artisans travailler. On en prend plein les oreilles quand le forgeron frappe le métal sur son enclume, on regarde le verre qui file sous la flamme, on goûte la bière artisanale du brasseur… Une vieille fête foraine permet de s'y divertir en famille et le parc dispose d'un camping afin de dormir sur place. Cette année, des nocturnes, des bals et des soirées cinéma, avec Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton, sont organisés afin de fêter dignement les 30 ans du parc du Bournat. Très dépaysant !

Le parc du Bournat, au Bugue (à 40 km de Périgueux et à 50 km de Bergerac). Tarifs et réservations sur le site Internet. Ouvert jusqu'à début octobre.

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